En plus d’Abu Daoud, de nouveaux documents déclassifiés détaillent la période vécue en Tchécoslovaquie par le grand terroriste de triste mémoire « Carlos le chacal »
Des rapports de surveillance déclassifiés par l’ex-Tchécoslovaquie révèlent les détails de la vie – faite de consommation lourde d’alcool et d’instabilité – du Palestinien qui avait planifié le massacre commis pendant les Jeux Olympiques de Munich en 1972 à Prague sous l’ancien régime communiste, et reflètent la suspicion qu’il inspirait à ses hôtes dans ce pays de l’ex-Allemagne de l’est.
En plus de donner des détails sur les escapades alcoolisées d’Abu Daoud à Prague, ce rapport des renseignements – dont certains extraits ont été publiés par le Guardian – se penche sur la période qu’a passé en Tchécoslovaquie le grand terroriste « Carlos le chacal ».
Il révèle comment les outrances commises par les deux hommes, dans les années 1970 et 1980, ont finalement mené les autorités tchèques à les expulser du pays.
Daoud (dont le vrai nom était Daoud Oudeh), cerveau de l’attentat terroriste perpétré en 1972 aux Jeux olympiques de Munich au cours duquel 11 athlètes israéliens ont été tués, se distingue particulièrement dans ces documents rendus publics par son comportement incontrôlé, ses visites effectuées chez les prostituées et son goût prononcé pour l’ivresse.
Par exemple, Daoud, qui est né à Jérusalem-Est et qui est évoqué dans les documents sous le nom de « RAK », est contrôlé alors qu’il quitte l’hôtel continental de Prague dans un « état d’ébriété avancé » après avoir rencontré un agent des renseignements irakien.
« A 2 heures 50 du matin, RAK sort de l’Intercontinental. Il a la tête nue, il est vêtu d’un costume marron clair et de chaussures marrons, il ne transporte aucun objet avec lui », note l’un des rapports de surveillance, selon le Guardian. « RAK, d’un pas hésitant et les mains dans ses poches, se dirige vers un véhicule stationné devant l’entrée principale et s’appuie contre le véhicule, respirant lourdement ».
« La manière dont il bouge suggère un état d’ébriété très avancé », ajoute le rapport.
Au vu de l’implications dans des activités terroristes de Daoud et de Carlos, les autorités tchécoslovaques s’inquiètent rapidement inquiétés et cherchent un moyen de les expulser.
L’un des rapports affirme que Daoud, après avoir reçu l’ordre de la police secrète de partir du pays, a fulminé contre les mauvais traitements présumés dont il aurait été l’objet de la part des autorités tchécoslovaques.
« Je ne reviendrai jamais en Tchécoslovaquie », aurait-t-il déclaré à un employé d’hôtel. « Et je vais dire également à tous mes amis et à toutes mes relations de chercher un autre état où aller. Je suis une personne ayant le sens de la morale et jamais je n’ai subi un tel traitement ailleurs dans le monde ».
Les Tchécoslovaques ont pu ensuite se débarrasser de Carlos le Chacal, un natif du Venezuela dont le vrai nom était Ilich Ramirez Sanchez. Ce dernier a en effet quitté le pays après que la police secrète lui a laissé entendre, de façon mensongère, que les services de renseignements français avaient envoyé une équipe pour le tuer, selon le Guardian.
Dans l’un des documents, la police secrète tchécoslovaque décrit la manière dont Ramirez a couru, devenu comme fou, dans les couloirs d’un hôtel, un revolver à la main, après s’être trouvé enfermé à l’extérieur de sa chambre.
« Entre 18 heures et 19 heures, probablement par accident, BAK s’est trouvé enfermé à l’extérieur de sa chambre. Alors qu’il était incapable d’y re-rentrer, il est allé voir le directeur de l’hôtel », dit le rapport, qui fait référence à Ramirez sous le nom de « BAK ».
« Il courait dans tous les sens, un revolver à la main – d’abord le long des couloirs et il s’est réfugié ensuite près de sa chambre », continue le rapport. « C’était une arme de grande taille. BAK était furieux. Sa chambre a été ouverte grâce à une clé spéciale ».
Daoud s’est installé plus tard en Syrie, où il est mort en 2010. Ramirez, qui est emprisonné en France pour les meurtres de deux policiers à Paris en 1975 et celui d’un ancien camarade qui l’avait trahi, a été condamné à une troisième peine de prison à vie au mois de mars pour une explosion à la bombe survenue en 1974 au sein de la capitale française qui avait fait deux morts et 34 blessés.
Le reportage du Guardian survient quelques jours après l’inauguration d’un nouveau mémorial à Munich en souvenir des victimes de l’attentat commis pendant les Olympiades, il y a 45 ans.
Lors de l’attaque de 1972, onze Israéliens avaient été pris en otage par le groupe terroriste palestinien Septembre noir. Deux d’entre eux avaient été assassinés dans le village olympique et neuf autres avaient été exécutés à l’aéroport. Un policier allemand avait été tué lors d’une fusillade contre les terroristes au cours d’une tentative de secours ratée.
S’exprimant lors de la cérémonie d’inauguration du site de commémoration, le président Reuven Rivlin a accusé le parti du Fatah à la tête de l’Autorité palestinienne de continuer à glorifier l’attentat.
« Il y a toujours ceux qui voient dans le meurtre de sportifs un acte héroïque », a dit Rivlin avant de désigner spécifiquement la formation politique du président Mahmoud Abbas. « L’année dernière seulement, le Fatah a commémoré le massacre de sportifs comme un ‘acte d’héroïsme ».
Rivlin a ajouté qu’alors qu’Israël a attendu depuis près d’un demi-siècle la construction d’un mémorial, l’Etat juif attend qu’une autre injustice historique soit réparée et que les JO organisent une minute de silence en l’honneur des Israéliens assassinés.
Les agences ont contribué à cet article.