MEt 30/1/2011
Malgré la main tendue par l’Arabie saoudite, les Etats-Unis et la France, le pouvoir syrien n’a cessé de montrer les dents aux Libanais et aux… Syriens. Aurait-il peur de l’exemple tunisien?
Mais que se passe-t-il en Syrie? Pourquoi le régime a-t-il choisi l’escalade au Liban? Deux faits peuvent expliquer ce durcissement: la publication imminente des noms des coupables figurant dans l’acte d’accusation relatif à l’assassinat de Hariri et… le soulèvement tunisien?
Selon une source syrienne sûre, les autorités syriennes ont déployé, au lendemain de la fuite de Ben Ali de Tunisie, des blindés et des gardes républicains devant les bureaux et le domicile de Rami Makhlouf, surnommé la « boite noire » du régime.
Rami Makhlouf n’est rien d’autre que le cousin du président Assad. Il gère les investissements de Bashar Assad et de son frère Maher. A lui seul, il symbolise le pillage de la société par le clan a. Il n’y peu encore, le nouveau premier ministre libanais, Najib Mikati, était son associé dans l’exploitation de réseaux syriens de téléphonie mobile, avant de se retirer de l’affaire. Le gendre de Ben Ali, Sakhr El Matéri entretenait aussi des contacts ave Rami Makhlouf à qui il fournissait des « experts Internet » de la « guerre électronique »!
Une caserne!
Notre source ajoute que la Syrie s’est transformée en caserne au lendemain de la chute de Ben Ali. Une directive, adressée aux gouverneurs des provinces, les tient responsables, en cas de manifestations, de toute information qui filtrerait à la presse.
Selon d’autres sources, une campagne a été lancée par le pouvoir pour démonter les antennes satellites des particuliers. D’autre part, le président Assad a rencontré les imams sunnites de Damas et s’est engagé devant eux à fermer le Casino de Damas et de réintégrer dans les écoles les enseignants voilées qui avaient été expulsées.
On apprend aussi qu’au même moment, la statue de Bashar Assad était détruite à Qudsiyya dans la banlieue de Damas.
Retrait des portraits de Assad
Au cours de la seconde quinzaine de décembre dernier, le premier ministre Naji Al-Atri a émis un décret interdisant l’accrochage libre des photographies des dirigeants. Pour quelle raison? Eviter de voir les portraits de Bashar Assad mis en pièces.
Mais une source parisienne avance une autre raison: contrer les ambitions du frère du président Maher Assad. D’après le site Intelligenceonline.com, le 2 décembre dernier au matin, les habitants du quartier Sumariyya à Damas, ont eu la surprise de voir affichés partout les portraits de Maher Assad en habit militaire.
Le même jour son président de frère prenait l’avion pour une visite officielle en Ukraine en compagnie du chef des renseignements généraux. A noter que Maher Assad jouit du soutien du chef des renseignements militaires, le général Abdelfattah Qudsiyya, très mal vu des autres services.
En quelques heures, les portraits de Maher Assad étaient arrachés et cinq jours plus tard, la directive interdisant l’accrochage décrétée.
Attaques sur albaathmedia.sy
Selon le site syrien de Kulluna Chraka’ fi al-Watan (www.All4Syria.info), le site albaathmedia.sy a subi une attaque dont il n’a pu déterminer l’origine. Après l’interruption de son serveur, le directeur de la publication Taleb Ali a reconnu que le serveur s’est arrêté trois fois au cours du mois. Kulluna Shuraka’ attribue l’attaque à DOSATTACK, ou l’attaque du DOS, le système d’exploitation.
Les Syriens ont-ils commencé à utiliser les tactiques tunisiennes sur Internet ?
Al-Atri: la Syrie n’est pas la Tunisie!
Dans une déclaration du mercredi 26 janvier, le premier ministre syrien a affirmé que les dernières mesures adoptées par le gouvernement pour améliorer le niveau de vie étaient sans rapport avec la crise tunisienne. Selon lui, l’économie syrienne se porte bien, contrairement à ce que prétendent certains.
Rappelons que le gouvernement a décrété récemment plusieurs mesures, dont le relèvement de l’aide au chauffage destinée aux fonctionnaires et aux retraités de la fonction publique.
Le retour des anciens
Selon des informations en provenance de Paris, le président syrien a appelé le mois dernier deux anciens chefs de renseignements qui exerçaient sous son père et les a nommés « conseillers pour les affaires de sécurité ». Le premier est bien entendu le général Ali Douba, 75 ans, qui a occupé le poste de directeur des renseignements militaires pendant vingt ans avant d’être écarté en l’an 2000. Ali Douba vivait chez son fils à Londres depuis 2009.
D’après nos sources, le président Assad a reçu le 5 décembre dernier le général Muhammad Kholi, l’ex-chef des renseignements de l’armée de l’air, qui était chargé des basses besognes et des contacts avec les groupes terroristes internationaux. L’Angleterre le soupçonnait d’être impliqué dans la tentative de détourner l’avion d’El Al par le Palestinien Nizar Handawi qui portait un passeport diplomatique syrien. On lui a affecté le bureau n°8 du troisième étage à côté de celui de Ali Aslan, qui joue le rôle de conseiller militaire du président Assad.
Son successeur Ibrahim al-Huwayji soupçonné d’être l’assassin de Kamal Jumblat occupe un bureau au Palais du peuple, où il exerce comme consultant à la sécurité d’Assad.
Le retour de Muhammad Kholi laisse présager le recours à des actions terroristes au cas où l’acte d’accusation du tribunal spécial pour le Liban mettrait en cause le régime.