Deux jeunes femmes marocaines sont sorties en jupes dans la rue, le 28 juin, pour protester
contre l’arrestation de deux Marocaines douze jours plus tôt, car leurs tenues étaient jugées
« contraires aux bonnes mœurs ».
Deux Marocaines arrêtées pour « outrage à la pudeur » il y a un mois parce qu’elles portaient
des robes jugées provocantes ont été innocentées, lundi 13 juillet, par un tribunal à Agadir,
selon des sources judiciaires concordantes. Leur affaire avait suscité une vague d’indignation
alors qu’elles encouraient une peine d’un mois à deux ans de prison, comme le prévoit l’article
483 du code pénal.
« Cet acquittement est positif et signifie que porter ce type de vêtement n’est pas un crime », a
déclaré la présidente de la Fédération de la ligue des droits des femmes (LDDF), Fouzia Assouli.
Les deux jeunes femmes, âgées de 23 et 19 ans, coiffeuses de profession, avaient été
interpellées le 16 juin sur un marché d’Inezgane, dans le sud du pays, alors qu’elles se rendaient
à leur travail.
D’après des médias locaux, la police est intervenue après un rassemblement de personnes qui
protestaient contre leurs tenues « jugées contraires aux bonnes mœurs ». Après leur
arrestation, des manifestations avaient notamment eu lieu en réaction à Rabat, Casablanca et
Marrakech sous le slogan « Mettre une robe n’est pas un crime ».
« Une victoire pour l’ensemble de la société civile »
Près de 500 avocats s’étaient enregistrés pour les défendre et plusieurs associations de défense
des droits de l’homme avaient suivi le déroulement du procès. « C’est une victoire non
seulement pour ces deux femmes, mais également pour l’ensemble de la société civile qui s’est
mobilisée », a estimé Me Houcine Bekkar Sbaï, un avocat de la défense :
« La pensée extrémiste est inacceptable et personne ne peut s’ériger en gardien de la religion
et de la morale.»
Après cette affaire, la police avait arrêté au début du mois de juillet deux hommes accusés
d’avoir agressé les deux jeunes femmes. Ils risquent un mois à deux ans de prison.