Les fêtes de fin d’année n’ont pas entamé la détermination du nouveau cabinet à plancher sur la loi électorale, l’ensemble des forces en présence rejetant en effet la loi de 1960 pour régir les prochaines législatives. Toutefois, le système proportionnel est loin d’être accepté par toutes les parties concernées, même entre forces politiques alliées.
Si le parti des Forces libanaises a fait savoir par l’intermédiaire du député Georges Adwan qu’il reste attaché au scrutin mixte, à l’instar du courant du Futur et du mouvement Amal présidé par le président du Parlement Nabih Berry, il n’en est pas de même pour le député Walid Joumblatt qui estime de son côté que ce mode de scrutin est en fait dirigé contre lui. Pour M. Joumblatt, en effet, celui-ci vise précisément son parti, surtout à l’aune des récentes alliances politiques.
Le parti Kataëb continue pour sa part de rejeter toutes les formules proposées et de s’attacher à la circonscription uninominale, qui, selon le parti, garantit une juste et saine représentation. Pendant ce temps, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a affirmé qu’il ne pourra accepter une nouvelle prorogation du Parlement ni un scrutin sur la base de la loi de 1960. Mais il a aussi estimé que le projet dit « mixte » ne passerait pas, car même si les Forces libanaises, le Futur, le président Berry et le PSP disent valider cette formule, il n’en reste pas moins qu’il existe des divergences de taille dans le texte proposé par chacun de ces partis. Pour M. Bassil, le texte ne respecte pas le principe d’égalité entre les citoyens. Même le Conseil constitutionnel, dans sa dernière lecture du projet, rappelle-t-il, n’a pas apporté son aval à ce texte, car il n’est pas conforme au principe de l’unicité des critères.
Certaines parties craignent que l’adoption du scrutin mixte ne pousse ses détracteurs à saisir le Conseil constitutionnel en vue de l’invalider. D’autres rappellent à souhait que cette loi n’est qu’un texte transitoire et charnière, quel que soit le système adopté, en attendant que les acteurs politiques soient prêts à adopter un mode de scrutin pleinement proportionnel. Un ancien responsable estime à ce propos que la proportionnelle est la plus adaptée à un pays pluriel, fondé sur une composition confessionnelle et communautaire comme le Liban. Ceux qui se considèrent perdants dans ces élections pourront en effet tirer profit, lors du prochain scrutin, de l’effet de la proportionnelle qui « minimise » les gains électoraux des grands partis, notamment au sein de la communauté chiite. Celle-ci pourrait en effet sortir de son traditionnel bipartisme pour refléter les véritables aspirations de ses membres.
À l’heure où les principaux acteurs politiques sont en train de plancher sur un projet de loi électorale susceptible d’être accepté par tous, Gebran Bassil a lâché une « bombe » en appelant à s’attacher au texte de Taëf qui avait fixé le nombre de députés à 108 avant d’être modifié sous les pressions syriennes et porté à 128. Pour lui, revenir au nombre de 108 constituerait une réforme constitutionnelle importante. Si cela n’est pas fait, il faudra alors, selon le ministre des AE, procéder à une redistribution des sièges parlementaires.