Ainsi les Françaises auraient plus de mal à jouir que les habitantes de sept autres pays d’Europe et d’Amérique du Nord. C’est en tout cas ce que prétend un sondage Ifop (1), réalisé auprès de 8 000 femmes de huit pays : France, Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, Etats-Unis et Canada.
cette étude, très relayée lundi, lors de la Journée mondiale de l’orgasme, 49 % des Françaises admettent avoir«assez régulièrement» des difficultés à atteindre l’orgasme, contre seulement 28 % des Néerlandaises, par exemple. Ce qui amène les sondeurs à conclure que «les Françaises sont bonnes dernières dans la course à l’orgasme».
Les femmes de l’Hexagone auraient-elles un «vrai» souci pour grimper aux rideaux ? Pas plus que les autres, répond sans ambages le Dr Jacques Waynberg, sexologue, pour qui comparer les Françaises à leurs voisines n’a ni queue ni tête. Car la jouissance féminine a ses spécificités : «Chez les femmes, jouir n’est en quelque sorte pas prévu par la nature. Contrairement aux hommes, il ne s’agit pas d’un processus biologique – très souvent associé à la reproduction -, mais d’une option, d’un potentiel à développer soi-même», rappelle ce praticien.
Andromaque.En revanche, que la moitié des Françaises ait souvent du mal à atteindre le nirvana ne le surprend pas : 8 % d’entre elles n’auraient même jamais joui, selon l’Ifop. Pour Jacques Waynberg, que l’on soit espagnole ou française, le chemin vers l’orgasme est un parcours en trois étapes : «La découverte de soi pendant l’enfance, puis la capacité à retrouver ce rituel et, enfin, la faculté à faire entrer un étranger dans l’équation.» C’est souvent là que ça coince : l’arrivée d’un étranger est trop souvent (surtout au début de la vie sexuelle) réduite à une affaire de pénétration. Or, «il est en réalité difficile d’accéder à la jouissance par la seule pénétration, car le vagin est une zone peu innervée». Ce que corrobore le document de l’Ifop : alors que la pénétration est fréquemment pratiquée par 82 % des Françaises, seules 26 % des sondées jouissent facilement de cette manière. Qui plus est, selon l’institut, les pratiques qui conduisent le plus souvent les Françaises à l’orgasme (masturbation ou encore double stimulation clitoridienne et vaginale) ne seraient pas les plus courantes. Autre exemple : la position de la levrette. Bien que fréquente (71 %), elle ne mène les femmes à un orgasme que dans 56 % des cas.
Pour Sylvain Mimoun, également sexologue, «la position peut jouer un rôle» dans le degré de plaisir, mais elle n’est qu’une résultante de la faculté à se connaître, essentielle. Savoir que c’est la pénétration couplée à une stimulation clitoridienne qui nous mène à l’extase, par exemple, peut conduire à choisir la position de l’andromaque (femme assise ou accroupie) plutôt qu’un missionnaire. «Il ne faut pas attendre que l’orgasme vienne de l’autre, mais plutôt parier sur un égoïsme partagé et se souvenir que les femmes ne sont pas égales entre elles sur ces questions», prône le Dr Mimoun.
«Franchise».Autre chiffre choc mis en avant dans ce sondage : les Françaises simuleraient plus que les autres : 31 % d’entre elles feraient semblant de prendre leur pied, contre 18 % des Néerlandaises. «La franchise dans le couple» serait même un «point faible des Françaises», peut-on lire. Un comble ! Car, pour Sylvain Mimoun, on simule parce que «se développe de plus en plus dans la société une forte injonction à l’orgasme, y compris chez les femmes qui, traditionnellement, s’en fichaient plus».Un culte de la performance également instillé par Internet et les films pornos, selon le Dr Waynberg, pour qui, dans les couples hétéros, «dire qu’on ne jouit pas pourrait constituer une atteinte à la virilité du partenaire, et donc un risque de le perdre».
(1) Etude Ifop pour CAM4 menée du 3 au 12 novembre par questionnaire auto-administré en ligne auprès d’un échantillon de femmes âgées de 18 à 69 ans.