La Mecque, ville la plus sainte de l’islam, reste soumise à un strict confinement.
Dans la très pieuse Arabie, la vie reprend peu à peu un cours normal, sauf à La Mecque, ville la plus sainte de l’islam, qui fut un foyer du virus. Alors que les vols intérieurs ont repris, dans toutes les mosquées du royaume – à l’exception de La Mecque – les prières collectives sont de nouveau autorisées. Mais les fidèles ont dû venir masqués, après avoir réalisé leurs ablutions chez eux, et non dans les mosquées.
Après plus de deux mois de restrictions sévères, assorties de lourdes amendes en cas d’infraction, les autorités saoudiennes ont dévoilé un plan de déconfinement en trois phases, qui s’achèvera le 21 juin avec la levée du couvre-feu en vigueur dans le pays, à l’exception une fois encore de La Mecque, où le petit pèlerinage qui peut se dérouler toute l’année reste suspendu, ainsi, vraisemblablement, que le hadjdj (grand pèlerinage) qui devait commencer fin juillet.
Pays le plus touché de la péninsule arabique, avec 85.000 cas et plus de 500 décès, l’Arabie saoudite avait imposé un couvre-feu total de cinq jours dans tout le pays pendant l’Aïd el-Fitr, la fête musulmane qui marque la fin du mois de jeûne du Ramadan, la dernière semaine de mai.
Dimanche, la prière de l’Aïd a toutefois été autorisée autour de la Kaaba à La Mecque, où un imam a prononcé un sermon en se tenant sur un podium, devant seulement une poignée de fidèles, respectueux des règles de distanciation physique imposées jusque dans le saint des saints de l’islam.
Ailleurs dans le Golfe, le Koweït et l’émirat de Dubaï ont annoncé des mesures d’assouplissement des restrictions pour tenter de relancer leurs économies que la pandémie et l’effondrement du prix du pétrole ont plongées dans leur pire crise depuis des décennies. Les commerces de détail, les gymnases, les cinémas et les parcs d’attractions de Dubaï seront autorisés à rouvrir à condition de respecter les règles de distanciation et de procéder à des désinfections.
En revanche, l’émirat voisin d’Abu Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, a décidé dimanche de s’isoler pendant une semaine. À partir de mardi, personne ne sera admis à Abu Dhabi, sans un permis spécial. Les Émirats arabes unis ont recensé 30.000 cas et 248 décès.
Le Koweït, qui a enregistré quelque 22.000 cas et 165 décès, a également mis fin à son couvre-feu total, mais la vigilance reste de mise. À la pointe nord de la péninsule arabique, l’émirat est voisin de l’Iran, où le risque d’une deuxième vague augmente. C’est l’avertissement lancé lundi à Téhéran par le ministre de la Santé.
«L’épidémie n’est pas encore terminée et pourrait revenir à tout moment plus forte qu’avant», a prévenu Saeed Namaki lors d’une conférence de presse télévisée. «Si notre population échoue à respecter les protocoles sanitaires, nous devrons nous préparer au pire», a ajouté le ministre.
Statistiques iraniennes sous-évaluées
Pays le plus touché par la pandémie dans cette région du globe (150.000 cas et 7880 morts), la République islamique a entamé en avril un processus de déconfinement. Mais le rythme des nouvelles infections est reparti à la hausse au mois de mai, une évolution que le gouvernement a attribuée à l’augmentation du nombre de tests de dépistage.
Le dernier bilan officiel fait état de 2979 cas de contamination supplémentaires et 81 décès en plus, au cours des dernières 24 heures. Mais de nombreuses sources estiment que les statistiques iraniennes sont sous-évaluées.
Au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique ravagé depuis cinq ans par la guerre, la situation reste préoccupante. «Nous sommes de plus en plus inquiets» alors que «nous avons les capacités» de stabiliser la grave crise humanitaire qui touche le Yémen, ont souligné récemment plusieurs responsables de l’ONU et de ses agences sur place.
Selon l’ONU, «le Covid-19 se propage rapidement à travers le Yémen». Officiellement, 50 morts dues à la pandémie ont été recensées et la contamination touche 10 des 22 gouvernorats. «Mais les tests restent limités, il est probable que la majorité des régions soient déjà touchées, si ce n’est pas toutes», redoute les Nations unies.