GAZA ENVOYÉ SPÉCIAL
Michel Bôle-Richard
Assis sous un auvent en plastique, devant un brasero, Jamil Abou Eida passe le temps en sirotant du thé. « Où voulez-vous que j’aille ? Je n’ai plus rien. Les Israéliens ont tout démoli, tout rasé« , dit-il.
Jamil Abou Eida avait quatre cimenteries et sept maisons dans la zone industrielle près du point de passage de Karni. Il n’en reste plus rien, sauf une maison qui a servi de refuge et de point d’observation aux soldats de Tsahal. Les F-16, les hélicoptères Apache, les bulldozers ont tout nivelé. Cette affaire familiale, qui produisait 35 % à 40 % du ciment de la bande de Gaza, n’est plus qu’un amas de ruines.
Jamil Abou Eida estime les dégâts à au moins 10 millions de dollars (7,9 millions d’euros). « Sur les vingt-sept cimenteries de la bande de Gaza, sept ont été entièrement détruites et dix autres endommagées. Ce fut une destruction systématique. Ces usines ne représentaient aucun danger. Nous avons même de bonnes relations commerciales avec les Israéliens. Pendant longtemps, nous avons été associés. Cette guerre a été menée contre les civils et contre l’industrie, pas contre le Hamas« , constate Jamil Abou Eida en déambulant parmi les convoyeurs à terre, les silos renversés, les camions éventrés, les voitures écrasées.