Premier enseignement : le port du voile par les femmes musulmanes est en constante hausse, avec une progression de 55 % en dix ans. Entre 18 et 49 ans, la part de celles qui le portent est passée de 18 % à 28 %. C’est dans les populations d’origine subsaharienne que cette pratique a le plus progressé, ayant plus que doublé (de 12 % à 28 %). Plus généralement, « 26 % des femmes musulmanes âgées de 18 à 49 ans disent porter un voile » note l’étude. Et d’ajouter : « C’est parmi les 25-34 ans que cette pratique est la plus répandue pour les descendantes d’immigrés. »
Second enseignement : entre 18 et 59 ans – le périmètre de l’étude est limité à cette classe d’âge -, le nombre de musulmans en France est estimé à « 10 % » de la population française.En extrapolant ce chiffre à l’ensemble de la population, il y aurait environ 6,77 millions de musulmans dans le pays. Un chiffre qui « consolide » la deuxième place de l’islam parmi les religions en France, assure l’étude. Une religion en « progression ». Le nombre des musulmans en France est toujours un sujet de polémique. Et pour cause, selon les études, il peut varier du simple au double. À noter, donc, que ces chiffres sont basés sur les réponses de 27 200 personnes interrogées, « se déclarant » de telle ou telle religion. Malgré les écueils, c’est la première fois qu’un document officiel livre ce chiffre de « 10 % » de musulmans en France.
Troisième enseignement : l’étude souligne une « désaffiliation religieuse » en cours depuis dix ans dans notre pays, avec une « poursuite du mouvement de sécularisation » au détriment des religions. Ainsi, 51 % de la population des 19-59 ans déclare « ne pas avoir de religion ». Un chiffre qui serait « en augmentation depuis dix ans ».
Mais cette affirmation est nuancée par plusieurs éléments de l’étude. Environ un quart seulement (entre 19 % et 26 %) des personnes immigrées ou issues de l’immigration se tiennent à distance de la religion, soit moitié moins que la population de souche.
Le rôle de la famille
À ce titre, l’analyse reconnaît que « la place de la religion dans l’identité des personnes » varie selon la religion d’appartenance : « Elle est nettement plus grande pour les juifs (54 %) et les musulmans (30 %) que pour les catholiques (6 %) ». En dix ans, ce chiffre mesurant l’« importance » de la religion dans l’« identité », est encore en baisse chez les catholiques, où il est passé de 8 % à 6 %. En légère baisse chez les musulmans, aussi, en passant de 33 % à 30 %, mais en hausse chez les juifs où il progresse de 46 % à 54 %. Le facteur de la transmission de la religion en famille joue un rôle décisif, poursuit l’étude : 91 % des familles musulmanes insistent pour transmettre leur foi à leurs enfants, 84 % des familles juives, 67 % des familles catholiques.
Quatrième enseignement : il est toujours périlleux de mettre sur le même plan des pratiques religieuses qui n’ont parfois rien à voir entre elles, sinon la croyance en un principe divin. Ainsi, 6 % de français non issus de l’immigration disent se rendre « régulièrement » à la messe. Mais 15 % des immigrés catholiques d’origine portugaise, espagnole ou italienne s’y rendent, quand 24 % des catholiques ultramarins (originaires des DOM-TOM) pratiquent régulièrement, un chiffre qui atteint les 55 % pour les immigrés catholiques issus d’Afrique centrale. Pour ce qui est des musulmans, ils ne sont que 20 % à se rendre régulièrement à la mosquée – 10 % des femmes seulement. En revanche les trois quarts des musulmans, 75 %, respectent le jeûne du ramadan.
55 %
du port du voile chez les femmes musulmanes au cours des 10 dernières années