Par Alain Barluet
La réunion internationale dans la capitale autrichienne ce vendredi n’a pas pu aboutir mais reprendra dans deux semaines. Les discussions achoppent sur le rôle du président syrien dans un éventuel processus politique.
Comme on s’y attendait, la réunion multilatérale sur la Syrie qui s’est tenue vendredi dans un grand hôtel de Vienne n’a pas permis d’aboutir. Et comme on s’y attendait, la pierre d’achoppement de cette rencontre, à laquelle participait pour la première fois l’Iran, a été le rôle du président syrien Bachar el-Assad dans un processus politique toujours hypothétique à ce stade.
«Nous avons abordé tous les sujets, même les plus difficiles. Il y a des points de désaccord, mais nous avons suffisamment avancé pour que nous nous retrouvions dans la même configuration dans deux semaines», a déclaré Laurent Fabius à l’issue des discussions qui ont duré huit heures. «Il y a un certain nombre de points sur lesquels nous avons avancé, en particulier sur le processus politique, sur la question du gouvernement de transition, sur les élections, sur la Constitution future et sur d’autres aspects encore», a affirmé M. Fabius.
Washington, Paris, leurs alliés occidentaux et arabes veulent négocier un «calendrier précis» de départ du président syrien. Celui-ci «est le principal responsable du désastre syrien et donc il n’est pas question qu’il soit le futur de la Syrie», a réaffirmé le chef de la diplomatie française. Moscou et Téhéran insistent, de leur côté, pour que le président syrien joue un rôle dans la transition politique. «Un règlement politique sera difficile à atteindre tant que les groupes extrémistes et terroristes n’auront pas été durement frappés», a également estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. La Russie, qui a lancé le 30 septembre une campagne de bombardements aériens visant officiellement les groupes «terroristes», est accusée de pilonner les rebelles syriens pour renforcer Bachar el-Assad.
Un tournant diplomatique
La semaine dernière, un premier round de discussions à Vienne entre ministres des Affaires étrangères américain, russe, saoudien et turc a permis de conclure à la possibilité de discuter ensemble, malgré des divergences. Les quatre partenaires se sont de nouveau retrouvés jeudi soir.
Le lendemain matin, la réunion a été élargie à une vingtaine de diplomaties occidentales et du Moyen-Orient, avec notamment la présence de représentants chinois, libanais et égyptiens, des ministres des Affaires étrangères français, britannique, Philip Hammond, allemand, Frank-Walter Steinmeier, ainsi que l’Italienne Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne. Il n’est pas question, à ce stade, d’une participation du gouvernement syrien ou de son opposition. En revanche, la présence de l’Iran, allié du régime de Damas, constitue un tournant diplomatique majeur. Cette participation est aussi un signe supplémentaire du retour de Téhéran dans la communauté internationale quelques mois après la signature d’un accord sur son potentiel nucléaire. «Il est désormais temps d’accorder à l’Iran une place à la table», a estimé John Kerry, arrivé jeudi soir à Vienne et qui a rencontré séparément ses homologues iranien, Mohammad Javad Zarif, et russe, Sergueï Lavrov.