En d’autres lieux et en d’autres circonstances, une double claque aurait suffi pour calmer le trublion, mais pour un forcené comme Ali Ammar, des moyens autrement drastiques sont nécessaires. Lorsqu’il se met à vociférer et à s’étrangler dans ses colères extatiques, c’est plutôt une camisole de force avec sangle de retenue qu’il lui faut !
Sauf que Ali Ammar est un intouchable ! Il appartient à un parti qui a confisqué la vie politique nationale. Aussi, lorsqu’il se lance dans ses diatribes, il sait qu’il a toute latitude de s’exprimer à sa guise comme le font d’ailleurs tous les ténors du Hezbollah. Les gangs qui ont envahi Beyrouth en mai dernier n’ont pas agi autrement. Ils sont la réplique armée de leurs clones « politiques » qui siègent au Parlement. C’est bonnet blanc et blanc bonnet bien que l’irascible Ali Ammar a la tête plutôt près du bonnet !
Le débat de confiance au Parlement offrait une occasion en or au député et néanmoins voyou pour exercer ses talents. C’est à gorge déployée qu’il s’est mis à insulter tout intervenant qui a osé évoquer l’arsenal du Hezbollah et sa finalité. Le message s’adressait aussi bien aux députés qu’à tous les Libanais qui l’écoutaient dans leurs chaumières. L’armement du Hezbollah est une question sacrilège, elle est interdite à toute discussion et restera taboue « jusqu’à ce que Hélios tombe et que l’ombre sacrée arrive ».
Non content d’avoir arraché par la force la minorité de blocage au gouvernement, le parti khomeyniste, grisé par ses « victoires » répétées, ne tolère même plus que la « Résistance » soit évoquée autrement qu’en termes d’idolâtrie. Après avoir poussé ses adversaires dans leurs derniers retranchements le voilà qui veut leur confisquer la parole.
« Purifie ta gueule, valet de tes maîtres », lança le voyou au malheureux député qui ânonnait sa déclaration dans son coin. En écho, une autre tête à claques au faciès de bambin avertissait de son côté: « il n’est plus permis désormais de s’aventurer à prendre des décisions ciblant la Résistance. Plus personne n’est autorisé à se jouer du pays, de la patrie pour servir des intérêts étrangers. Il n’est plus admis de contourner la Constitution, les prérogatives et les institutions ».
Contourner la constitution, dit-il. On croit rêver ! Mais la marionnette désarticulée, qui jouait au maître de cérémonie au Parlement, ne rêvait pas du tout. Sûr de son fait, Nabih Berri a eu l’outrecuidance d’affirmer que le campement dans le centre-ville, les routes coupées, le pays paralysé ne sont que des formes de « contestation démocratique légitime » !
Comme tout charlatan qui se respecte, le président de la chambre, transformée par ses soins en poulailler, est capable sans ciller de vous annoncer que le soleil est mauve et qu’il se lève la nuit, tout simplement parce que ses maîtres à Damas ou à Téhéran en ont décidé ainsi !
Fin de cérémonie. Ayant déversé tout leur fiel, les députés du Hezbollah pouvaient tranquillement voter leur « confiance » à un gouvernement dont ils continuent à piétiner le chef, à chaque lever de soleil et après chacune de leurs prières.