Pendant que Cousseran poursuit cahin-caha sa sinécure interlibanaise et en attendant un Kouchner toujours à l’affût d’un coup médiatique pour ressusciter son rôle d’ex-pantin humanitaire, les Libanais se préparent dans la fébrilité à vivre l’un des plus beaux spectacles dont ils puissent rêver après l’annulation pour la deuxième année consécutive des festivals de Baalbek et de Beiteddine.
Tout est déjà en place pour le duel à mort qui va opposer Amine Earp à Michel Clanton pour le contrôle de Metnstone. Eu égard à leur passé tumultueux et à leur palmarès commun de « traîtrises » et de compromissions, aucun des deux ne peut décemment prétendre au rôle de héros. Il serait, à vrai dire, plus judicieux de les classer dans la catégorie des « bad good men » si l’on veut faire référence à l’histoire légendaire du Western américain.
Cela ne diminue en rien l’exemplarité de ce duel qui se déroule sous les belles pinèdes de l’OK Corral libanais et ne minimise pas non plus les retombées multiples de cette chronique d’une mort politique annoncée. Bien sûr, le vaincu essaiera post-mortem de minimiser la portée de sa défaite, mais le visage de Metnstone en sera longuement affecté.
C’est un règlement de comptes comme on en vit peu dans ces contrées. Sa spécificité tient au fait qu’il se déroule au grand jour, il se joue cartes sur table et son issue pèsera lourdement sur un duel encore plus féroce qui va mettre aux prises les clans élargis des Earp et des Clanton et risquera probablement d’embraser tout le western libanais. L’enjeu bien entendu est le contrôle du pouvoir dans la capitale « fédérale ».
Les deux camps qui s’opposent ne manquent pas d’atouts ni d’arguments. Les fanfaronnades et les coups bas font partie de leur jeu. C’est bien leur genre et ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont en changer. On les entend déjà se balancer des noms d’oiseaux en adoptant pour la circonstance des rôles de composition pour attirer par tous les moyens des villageois qui se trouvent plus que jamais écartelés entre deux allégeances antagonistes.
Amine Earp a adopté pour la circonstance le rôle de la victime éplorée et outrée qu’on vienne lui contester le leadership au cœur de son fief historique. Michel Clanton, qui avait réussi deux ans auparavant et à la faveur d’une grande mystification à se tailler une belle popularité auprès de villageois, entend aller aujourd’hui jusqu’au bout et arracher le Metnstone à ses soi-disants propriétaires.
L’issue du duel est incertaine et dépend pour une large mesure de l’arbitrage de Doc Murr, une crapule haute en couleur qui s’est toujours illustrée pour ses basses œuvres. Comme il sévit depuis longtemps dans le Metnstone, il a réussi à asseoir son pouvoir grâce à ses alliances avec le même clan qu’il trahit aujourd’hui. Bien qu’il se dise officiellement rangé aux côtés de Michel Clanton, rien ne préjuge de ce qu’il fera réellement le jour du duel, ni un retournement de dernière minute ni des manœuvres souterraines dont on ne verra qu’à posteriori les effets.
D’ici-là, tout peut arriver. Malin est celui qui peut faire des pronostics rien qu’une minute à l’avance. Car si les apprentis cowboys libanais peuvent être aussi féroces que les vrais cowboys américains, ils sont nettement plus fourbes et sûrement plus imprévisibles !
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