Le laboratoire P4 est implanté à Zhengdian, À UNE TRENTAINE DE KILOMÈTRES AU SUD DE WUHAN.
ENQUÊTE – Objet de tous les soupçons et les fantasmes, le laboratoire P4 de Wuhan, que nous avons pu visiter en février 2019, est le fruit d’une coopération longue et chaotique entre la France et la Chine. Nos révélations.
Mercredi 20 février 2019*. La pluie fine qui tombe du ciel brumeux du Hubei masquerait presque au loin l’énorme bâtiment aux faux airs de Fort Knox qui se dresse dans l’austère zone industrielle de Zhengdian, située à une trentaine de kilomètres au sud de Wuhan. En contrebas d’une colline boisée, des grillages et barbelés enserrent ce bloc de béton gris foncé. Des caméras haute définition scrutent aussi les alentours. Nous nous dirigeons vers un immeuble blanc sur lequel est inscrit « Wuhan Institute of Virology ».
A l’intérieur, l’escalier que nous gravissons célèbre les vieux amis français de la Chine. Les photos défilent: Jacques Chirac, l’industriel lyonnais Alain Mérieux, mais aussi les anciens ministres socialistes Jean-Marie Le Guen et Bernard Cazeneuve. « Nous y sommes » prévient, après avoir emprunté une passerelle, le maître des lieux, Yuan Zhiming, directeur de l’Institut de virologie de Wuhan. Le lieu, flambant neuf, qui se dévoile à nos yeux est un bunker de plus de 3.000 mètres carrés répartis sur quatre niveaux et posé sur une dalle antisismique. On y trouve plusieurs pièces de travail maintenues constamment en dépression. Une animalerie est contrôlée par un système vidéo. Les chercheurs, dont il est précisé qu’ils ont interdiction de se trouver seuls dans le bâtiment, doivent y travailler munis de scaphandres conçus sur mesure, dotés de filtres les plus étanches au monde et d’une communication radio permanente. En cas d’infection, les chances de survies sont quasi nulles.
L’édifice mystérieux est un laboratoire Pathogènes de classe 4 (P4) qui peut héberger les virus les plus mortels de la planète tels Ebola. La pandémie de Covid-19, née à Wuhan, l’a propulsé ces derniers mois à la une des journaux du monde entier. Surfant sur la vague complotiste, certains médias n’ont pas hésité à accréditer l’hypothèse selon laquelle le SARS-CoV-2 aurait été fabriqué en son sein alors que l’origine naturelle du virus fait consensus chez les scientifiques. D’autres, plus sérieux à l’instar du Washington Post, ont mis en lumière les zones d’ombre du P4. Le quotidien américain a ainsi révélé que l’ambassade des Etats-Unis à Pékin avait alerté le Département d’État en 2018 sur les mesures de sécurité insuffisante au sein du laboratoire. Des soupçons, et non les preuves d’une quelconque culpabilité, qui interviennent alors que Pékin maintient une chape de plomb sur l’origine du virus. Et que la possibilité que celui-ci soit issu d’un accident en laboratoire est jugée crédible par les experts.
Probablement non dénuées d’arrière-pensées géopolitiques, ces charges parties des États-Unis sont en effet venues raviver les craintes qui escortent le P4 depuis sa naissance. Elles placent également la France dans une situation très inconfortable. Car ce centre de haute sécurité biologique, le seul de ce calibre dont dispose la Chine, a été le résultat d’une intense et douloureuse coopération entre Paris et Pékin. Mis à mal par des soupçons autour de l’utilisation d’armes biologiques par la Chine, des divergences de vue franco-chinoises ou des bisbilles au sein de l’appareil d’État français, ce projet initié en 2003, a été tout sauf un long fleuve tranquille.
Révélations sur l’un des épisodes les plus secrets et les plus emblématiques des relations entre les deux pays.
Aux origines du P4
Tout commence en 2003.
La Chine, comme une grande partie de l’Asie, est alors frappée par une pandémie de pneumonie atypique (SRAS), qui est selon l’OMS la première « nouvelle » maladie infectieuse du XXIe siècle à être transmise de l’animal à l’homme. Au printemps, l’Académie chinoise des Sciences fait savoir au ministère français de la Recherche que dirige l’ancienne astronaute Claudie Haigneré, qu’elle souhaite se doter du dernier cri technologique en matière de sécurité biologique: un P4. La France, qui a inauguré le sien en 1999 à Lyon, fait partie des pays les plus en pointe sur le sujet.
Toutefois, la demande de Pékin reçoit un accueil très mitigé. Paris ne peut que soutenir la Chine dans sa volonté de lutter plus efficacement contre les pandémies mais plusieurs questions se posent. Si la France aide le gouvernement chinois à construire un laboratoire P4, comment peut-elle être sûre que la technologie duale (dont l’usage peut être aussi bien civil que militaire) qu’elle va transférer ne sera pas détournée par Pékin pour mettre au point des armes bactériologiques?
« Nous étions face à un dilemme terrible, se souvient un haut fonctionnaire français. D’un côté, il était normal d’aider un pays régulièrement touché par les épidémies. De l’autre, l’opacité chinoise dans le domaine nous inquiétait beaucoup. »
Ces craintes, soulevées par les services de renseignement français et américains, sont étayées par les soupçons très forts autour de l’existence d’un programme biologique offensif chinois. Ce dernier se traduirait notamment par le contrôle par l’Armée populaire de libération (APL) de tous les laboratoires P3 chinois (ils traitent des agents pathogènes moins dangereux que les P4) et par l’absence de transparence de la Chine sur son dispositif interne de lutte contre la prolifération biologique. A cela s’ajoute certaines obligations que doit respecter la France qui a ratifié la convention d’interdiction des armes biologiques de 1972.
Paris ne veut alors en aucun cas être accusé d’avoir participé au développement de telles capacités.
« L’administration a freiné des quatre fers »
Malgré ces interrogations, la France va très vite donner des gages à son partenaire. Après une enquête minutieuse du Secrétariat général à la Défense, Jacques Chirac et son Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, donnent leur feu vert au projet. Paris aidera bien la Chine à construire son P4, mais suivant certaines conditions qui visent à garantir que Pékin n’utilisera pas ces futurs équipements à des fins offensives. Ainsi, le projet devra notamment s’inscrire dans le cadre d’une coopération plus large destinée à lutter contre les maladies émergentes. Le Secrétariat général à la Défense y voit là une manière de garder le contrôle dans ce dossier explosif. « Il ne fallait pas que la créature échappe à son créateur », sourit un diplomate français. L’alliance est ensuite scellée lors de la visite de Jacques Chirac en Chine en octobre 2004 où un accord intergouvernemental voit le jour. La célérité avec laquelle l’exécutif ficelle le texte provoque alors une certaine crispation dans le camp français. « Il y a eu un accord politique, de chef d’État à chef d’État, mais derrière l’administration a freiné des quatre fers », confirme Jean-Pierre Raffarin. « Un certain nombre de doutes n’étaient pas dissipés », ajoute le haut fonctionnaire cité plus haut.
Jacques Chirac aux côtés du président chinois Hu Jintao, le 9 octobre 2004. C’est à l’occasion de cette visite d’Etat que sera signé un accord intergouvernemental entre Paris et Pékin sur les maladies émergentes. (c) FREDERIC BROWN / AFP
En effet, en juin 2004, soit quatre mois avant la signature de l’accord intergouvernemental, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) indique aux autorités françaises que la Chine projetterait de construire à l’avenir cinq autres P4 (trois civils et deux militaires).
Tandis que le tocsin est sonné par les espions français, plusieurs entreprises hexagonales sont sollicitées par la Chine pour construire d’autres P4 que celui de Wuhan. Ces informations contredisent en tout point les dires du gouvernement chinois, selon lequel le P4 qu’il souhaite implanter dans la capitale du Hubei, est le seul projet en cours. « La confiance a été vacillante durant cette coopération, il a fallu nous y faire », euphémise le même diplomate. Autre élément révélateur de la volonté politique française à satisfaire les demandes de Pékin: alors que les services de renseignement signalent un risque de détournement, Matignon autorise en 2004 l’exportation de quatre laboratoires mobiles P3 en Chine. Une concession qui passe mal à l’hôtel de Brienne (siège du ministère des Armées, Ndlr) et apparaît comme un cadeau fait à Pékin.
La suite est celle d’un dialogue compliqué entre les deux camps. « Il a fallu définir un cadre juridique à l’accord, sélectionner les entreprises, cela prend du temps », précise un expert qui a fait partie du projet. La collaboration entre le cabinet d’architecte lyonnais RTV, choisi pour assurer la maîtrise d’ouvrage du P4, et la société locale IPPR Engineering International, en charge de sa construction, n’est pas aisée. De son côté, le groupe d’ingénierie Technip qui devait certifier le bâtiment se retire brutalement, ne souhaitant pas prendre le moindre risque juridique. Les travaux débutent finalement en 2011 sur le site de Zhengdian. Mais là encore des incidents émaillent la coopération entre les deux pays. En 2014, le chantier est ainsi brutalement arrêté durant quatre mois alors que la partie chinoise choisit un fournisseur qui déplaît à la France. Paris obtiendra le départ de celui-ci et les travaux reprendront. Au printemps 2016, alors que le bâtiment est achevé depuis un an, l’utilisation d’eau de javel dans les douches de décontamination, par des personnels de l’Institut de virologie, obligera à réparer les matériaux en inox atteints par la corrosion. Il faudra ensuite attendre février 2017 pour que le laboratoire soit inauguré en présence de Bernard Cazeneuve. Alors Premier ministre, celui-ci déclare que la France va affecter cinq millions d’euros sur cinq ans à des projets de coopération franco-chinois sur le P4. Des chercheurs français doivent également venir en résidence sur le site de Zhengdian, est-il annoncé.
Bernard Cazeneuve aux côtés de Yuan Zhiming (directeur du P4, au centre) inaugure
le laboratoire le 23 février 2017 (c) JOHANNES EISELE / AFP
Coopération au point mort
Il n’en sera rien. Aujourd’hui, seul le microbiologiste René Courcol, expert technique envoyé par le Quai d’Orsay, est présent dans les murs –sa mission doit toutefois s’achever en 2020. Quant à l’enveloppe de cinq millions d’euros confiée à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), elle n’a selon nos informations jamais été dépensée. « La coopération en matière de maladies infectieuses est aujourd’hui au point mort », observe un diplomate français. Cela a d’ailleurs été confirmé par Alain Mérieux lui-même. Promoteur du projet et coprésident jusqu’en 2015 de la commission mixte qui le supervisait, l’industriel lyonnais a déclaré à Radio France que « depuis 2016 il n’y a pas eu de réunion du Comité franco-chinois sur les maladies infectieuses ». Selon Le Journal du Dimanche, un rapport remis début 2018 par l’ambassadeur de France en Chine à l’Inserm et au ministère de la Recherche a carrément posé la question « de l’opportunité de poursuivre une coopération inexistante ». Contactés, le Quai d’Orsay et l’Inserm n’ont pas souhaité donner suite à nos sollicitations. Seul le ministère de la Recherche nous a répondu qu’il n’était pas en mesure de nous « fournir les informations [demandées] car elles sont classifiées ».
Pour quelles raisons la coopération a-t-elle échoué? Pourquoi ce point, jugé crucial par Paris lors de la signature de l’accord en 2004, n’a-t-il connu aucune avancée notable? « Cela tient à la fois à la Chine qui n’a pas été très allante sur le sujet mais surtout à la France qui a été très ferme sur certains aspects », poursuit le même diplomate. Paris a en effet refusé à plusieurs reprises de livrer à la Chine des échantillons de virus, les fameuses souches infectieuses. A la manœuvre, la Direction générale des relations internationales et de la stratégie du ministère des Armées et la Direction des affaires stratégiques du ministère des Affaires étrangères. « Cela ne faisait pas partie de l’accord de 2004 et la Chine a facilement pu s’en procurer, notamment s’agissant d’Ebola dont des échantillons ont été ramenés de Sierra Leone en 2014 », précise un fonctionnaire.
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« Un certain nombre de faucons ne veulent pas de cet accord »
En 2016, la Commission interministérielle des biens à double usage (Cibdu), dont la mission est d’examiner les demandes d’exportations de ces produits sensibles, avait également retoqué l’envoi de plusieurs dizaines de scaphandres de type P4 vers la Chine. « La commande était bien supérieure aux besoins réels du P4 de Wuhan », confie un bon connaisseur du dossier. En clair: les experts en contre-prolifération de la Cibdu redoutaient que Pékin n’affecte les scaphandres à un autre laboratoire, peut-être militaire. « Depuis longtemps, la Chine est soupçonnée de posséder un lieu de ce type dans le nord du pays mais nous manquons de preuve« , souligne le diplomate précité. Cela ne serait toutefois pas une première, les États-Unis disposant par exemple de plusieurs laboratoires P4 militaires. En France, la Direction générale de l’armement (DGA) dispose elle aussi de son propre P4 depuis 2013 à Vert-le-Petit, dans l’Essonne.
Ces craintes ont suscité de vifs débats au sein de l’administration. « Les scientifiques voulaient avancer dans la coopération, mais en face les ministères, notamment la Défense, n’étaient pas très chauds », observe un fonctionnaire précité. Cet enterrement de première classe ne fait pas l’unanimité dans le camp tricolore. « Que ce soit au Quai d’Orsay ou à Brienne, il y a un certain nombre de faucons qui ne veulent pas de cet accord, et s’attachent à le détruire, juge le même fonctionnaire. Cela est d’ailleurs paradoxal car initialement la coopération entre les deux pays devait permettre à la France d’avoir un œil sur ce que faisaient les Chinois au sein du P4. Sauf qu’aujourd’hui, nous n’en savons rien. Les Américains, pourtant farouchement opposés à ce que la France livre le P4 à la Chine, sont probablement mieux informés que nous. »
Le Galveston National Laboratory de l’Université du Texas mène notamment des collaborations avec l’Institut de virologie de Wuhan. A des fins scientifiques ou de renseignement? « Les États-Unis savent très bien faire les deux », sourit ce même fonctionnaire. Expert technique sur le P4 auprès de l’ambassade de France à Pékin de 2012 à 2017, Gabriel Gras pointe pour sa part certains « fantasmes ». « Bien sûr que l’on doit être prudent et vigilant mais il faut aussi déconstruire certains mythes, juge-t-il. Par exemple, les quatre laboratoires P3 mobiles, que j’ai pu contrôler, sont tous en Chine, à Canton, Shanghai et Pékin. Ils n’ont absolument pas été détournés de leur usage initial. Quant au P4, oui les travaux ont pris du temps, cela a été difficile, mais il fait partie des plus beaux et plus sécurisés au monde. »
Une major générale aux commandes
Sophistiqué mais encore utilisé avec parcimonie. Après une phase de dix-huit-mois de test « à blanc », le laboratoire devait entrer en mode opérationnel début 2019. Or, accrédité pour mener des recherches sur trois virus (Ebola, fièvre hémorragique de Congo-Crimée et Nipah), celui-ci n’a jamais eu le rythme de croisière attendu malgré les formations suivies par des chercheurs de l’Institut de virologie de Wuhan au sein du P4 Jean Mérieux de Lyon. « Il n’y a pas eu suffisamment de personnes formées, juge un diplomate précité. Aujourd’hui le laboratoire est clairement sous-utilisé. Il est d’ailleurs très probable que sa collection d’échantillons de virus soit très mince. » D’autres comme Gabriel Gras pointent la gestion du P4 par son directeur, Yuan Zhiming, également Secrétaire général du parti communiste au sein de l’Académie des sciences de Wuhan. « Il est certes secondé par Shi Zhengli (surnommée « Batwoman » pour ses travaux sur les chauves-souris, Ndlr) qui est une chercheuse de haut niveau, mais Zhiming a laissé partir la plupart des scientifiques les plus brillants de l’Institut de virologie de Wuhan. La manière dont il gère ce dernier est loin d’être parfaite. »
Depuis le 31 janvier, ce microbiologiste formé en Chine et en Europe n’est toutefois plus le seul maître à bord à Zhengdian. La major générale Chen Wei, de l’unité des risques bactériologiques de l’APL, a en effet investi le P4 d’où elle coordonne la lutte contre le coronavirus dans le Hubei. Contacté le 23 avril, Yuan Zhiming n’a pas souhaité répondre à nos questions –pas plus que l’ambassade de Chine en France et l’Institut de virologie de Wuhan. En février 2019, il n’avait toutefois pas nié les difficultés qui ont émaillé l’aventure du P4. « La France et la Chine ont eu par moment des opinions différentes, des tensions diplomatiques, mais au final nous avons réussi. La Chine a maintenant un laboratoire de haut niveau qui permettra à l’Asie et au monde de mieux lutter contre les pandémies. » Dix-sept ans après la crise du SRAS et le lancement du projet, le P4 est bel et bien en première ligne, les autorités chinoises ayant annoncé vouloir y mettre au point un vaccin contre le Covid-19. La France, elle, regarde cela de loin.
*Cette visite a eu lieu à l’occasion du livre France-Chine, les liaisons dangereuses (Stock) écrit par l’auteur de ces lignes et publié en octobre 2019. Les citations de Yuan Zhiming et Jean-Pierre Raffarin en sont extraites.
Le coronavirus, fruit d’un accident dans un laboratoire P2 ou P3 de Wuhan?
L’hypothèse que le SARS-CoV-2 soit le fruit d’un accident au sein du P4 de Wuhan est jugée peu probable par tous les experts que nous avons sollicités. Si des problèmes de construction se sont bien posés (lire ci-dessus), Gabriel Gras, expert technique en charge du dossier à l’ambassade de France à Pékin (2012-2017), rappelle que le bâtiment a fait l’objet d’une accréditation en trois temps par le China national accreditation service for conformity assessment (CNAS). « Il s’agit d’une administration très sérieuse qui a validé le design, le bâtiment et les procédures de fonctionnement « , explique-t-il. Mais quid d’une erreur humaine? « C’est effectivement toujours possible, répond un scientifique français qui a visité le P4. Mais il faut aussi rappeler que les coronavirus les plus virulents comme le SRAS ou le MERS [syndrome respiratoire du Moyen-Orient, Ndlr] sont de niveau P3. Les autres coronavirus sont de niveau P2. Il n’y a donc aucun intérêt à les manipuler dans un P4 où les précautions à prendre sont extrêmement contraignantes. »
A cela s’ajoute le fait que le P4 n’est pas accrédité aujourd’hui pour travailler sur les coronavirus. Pour ces experts, si accident il y a eu, la piste des laboratoires P3 ou P2 de Wuhan serait plus crédible. Le Centre de prévention et de contrôle des maladies de Wuhan, situé à 300 mètres du marché de Huanan, premier foyer de contamination, suscite par exemple davantage de craintes. Doté d’un P3 et d’un P2, cette antenne du CDC (Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies) dans le Hubei, étudie principalement les coronavirus de chauves-souris. L’un de ses chercheurs, Tian Junha, a notamment fait parler de lui en décembre 2019 lors d’un reportage télévisé où on le voyait partir capturer des chauves-souris muni d’une protection rudimentaire. Le siège de l’Institut de virologie de Wuhan, situé près du lac de l’Est, abrite lui-aussi un P3. Quant au campus de Zhengdian, où est implanté le P4 construit avec l’aide de la France, il accueille également un laboratoire de type P3 (le CNAS ne l’avait pas accrédité au niveau P3 en 2017), lequel est relié au P4 via une passerelle.