Lettre envoyée par mail et remise le 03/09 à l’Assemblée Nationale
Paris, le 2 Septembre 2013
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
En mars 2011, le peuple syriens’est insurgé après 43 années d’une dictature féroce pour réclamer la justice et la liberté. En août 2013, au bout de 30 mois, le conflit vient de prendre un tour crucial. Tant sur le plan de souffrances infligées à la population que sur le plan éthique. Avec l’attaque chimique du 21 août, on peut dire qu’il est entré dans une phase décisive pour le peuple syrien mais aussi pour toute la communauté internationale.
Le régime syrien a pendant ces 30 mois exercé une répression de plus en plus féroce passant de quelques morts par jour en 2011, à plus d’une centaine en 2012. Une macabre évolution qu’il a réussi à rendre banale auprès de l’opinion publique du monde entier. Et depuis le 21 août dernier, allons-nous devoir nous accoutumer à plus d’un millier de morts par jour et à voir des armes non conventionnelles mises au service de criminels sans scrupule ? Et ce avec le soutien sans faille de ses alliés russes et iraniens ?
Le régime syrien est passé maître dans la manipulation de l’information et dans l’art de l’esquive alors que sa responsabilité dans l’usage d’armes non conventionnelles est établie.
Aujourd’hui, à la suite de l’utilisation des armes chimiques à grande échelle, nous ne parlons plus seulement des millions de réfugiés syriens dans les pays voisins, des dizaines de milliers de victimes et de détenus torturés au quotidien, de la destruction systématique des villes révoltées. Non, il ne s’agit plus seulement de sauver les civils syriens. Nous parlons aujourd’hui d’un choix éthique auquel toute la communauté internationale est confrontée et qui va certainement définir sa ligne de conduite vis-à-vis des conflits du monde dans les décennies à venir.
On ne peut comparer cette situation avec celle de l’Irak en 2003. En Irak, la CIA avait produit de fausses preuves de stockage d’armes de destruction massive. En Syrie, le doute n’est plus permis : les armes chimiques ont été utilisées le 21 août 2013 à Damas, faisant plus d’un millier de victimes dont des femmes et des enfants, tous dans des quartiers libérés par les opposants à la dictature.
En Syrie, seul le régime possède la technologie nécessaire à la fabrication des gaz toxiques. Lui seul est doté d’armes chimiques dont il possède un stock utilisable à grande échelle. Seul le régime syrien possède l’arsenal balistique pour les transporter. De toute urgence, ce régime doit être privé de toute espèce d’armes non conventionnelles, mais aussi de son écrasante puissance de frappe aérienne et balistique.
Dans ce contexte, face à l’ampleur du conflit et aux enjeux géopolitiques qui en découlent, seules les grandes puissances démocratiques peuvent mettre un coup d’arrêt à un tel désastre. Il en va de leur responsabilité. Elles seront sûrement suivies par la Ligue Arabe, la Turquie, l’Australie et d’autres pays encore.
Nous entendons les arguments de certains d’entre vous : « Toute action militaire en Syrie favorise les djihadistes ». Mais c’est justement le laisser-faire qui favorise les extrémismes ! Celui des djihadistes et celui du président syrien. Mesure-t-on les conséquences d’une non réponse, le message adressé aux dictateurs du monde entier ? Bachar Al Assad se gausse déjà de l’impuissance occidentale et sans doute les autres dictateurs avec lui. Vous avez raison de vous émouvoir de la présence de milliers de djihadistes – étrangers le plus souvent – en Syrie. Mais l’on y dénombre 10 000 combattants du Hezbollah libanais et des milliers de Gardiens de la Révolution iraniens sans que cela suscite de réactions. Avec la bénédiction de la Russie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des hommes et des femmes braves et dignes se sont dressés contre la propagation d’une culture de mort et d’exécution massive. Aujourd’hui aussi, l’humanité a besoin de tels hommes et femmes pour qu’ils empêchent une semblable culture de s’installer.
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Les Syriens ont besoin de vous pour les aider à sortir de l’étau dans lequel ils sont pris et pour redonner espoir à une population meurtrie après deux ans et demi de dévastation du pays par la dictature. Mais bien au-delà du périmètre de la Syrie, l’humanité tout entière a besoin de votre détermination pour protéger son avenir et ses principes moraux.
Veuillez agréer, au nom des Collectifs et personnalités suivantes, l’expression de notre sincère considération,
Personnalités (syriens, franco-syriens et français)
Sakher Achawi, chirurgien dentiste, Déclaration de Damas en FranceNadia Aissaoui, sociologue et féministeCheikhmous Ali, PhD en archéologie du Proche-Orient (ancien de Strasbourg)Aïcha Arnaout, poèteAwabdeh Salim, Samira et Sana,Marcel Bozonnet, comédien et metteur en scène, Appel d’Avignon à la solidarité avec le peuple syrienJean François Candelon, Prof. Univ., Biarritz
Hanadi Chawa, doctorante (psychopatho), féministe
Françoise Clément, chercheur, membre d’ATTAC
Sophie Cluzan, conservateur du patrimoine
Ahmad Daqqaq, Syrien, Enseignant à Sciences Po
Delphine Deboutray, artiste dramatique
Virginie Dörr, graphiste
Amélie Duhamel, journaliste
Bernard Faivre d’Arcier, ancien directeur du Festival d’Avignon
Burhan Ghalioun, écrivain, professeur de sociologie politique
Arlette Girardot, Collectif Urgence Solidarité Syrie
Wladimir Glasman, ancien diplomate
Bicher Haj Ibrahim, ingénieur-Chercheur, Collectif du 15 mars pour la démocratie en Syrie
Subhi Hadidi, écrivain et journaliste
Isabelle Hausser, écrivain
Bachir Hilal, journaliste et écrivain
Imad Houssari, activiste, Local Coord. Commitees
Nazih Kussaibi, Association Alsace-Syrie
Abdellatif Laabi, poète
Irène Labeyrie, architecte, de nationalité française
Gérard Lauton, universitaire, Appel Solidarité Syrie
Racha Lotfi,
Ziad Majed, professeur de science politique, Université Américaine de Paris
Monzer Makhous, ambassadeur de la Coalition Nationale des Forces de la Révolution et de l’Opposition Syrienne en France
Farouk Mardam Bey, éditeurFranck Mermier, chercheur au CNRS
Samira Mobaied, chercheuseMichel Morzière, militant des droits humains, porte-parole du Collectif Urgence Solidarité Syrie
Pierre Navès, ancien élève de l’ÉNA, professeur associé à l’Université
Stéphane Olry, auteur, metteur en scène, comédien (Revue Éclair)
Raphaël Pitti, professeur de Médecine, urgentiste
Jack Ralite, ancien ministre et ancien sénateur, Appel d’Avignon à la solidarité avec le peuple syrien
Rafif Al Rifai, artiste peintre
Meyar Al Roumi, cinéaste
Mohamad Al Roumi, photographe
Farid-Frédéric Sarkis, universitaire, franco-syrien, conseiller municipal EÉLV
Rania Samara, professeur d’université
Annie Sartre-Fauriat, prof. émérite des univ.
Patrick Siarry, professeur des universités
Marie-Claude Slick, journaliste,
Béatrice Soulé, réalisatrice
Mohamad Taha, Archéologue, Comité de Coordination de Paris pour le Soutien à la Révolution Syrienne
Leïla Vignal, Maître de conférences en géographie, CNRS/Univ. Rennes 2
Emmanuel Wallon, professeur de sociologie politique, Appel d’Avignon à la solidarité avec le peuple syrien
Elias Warde, Université Paris-Sud 11,
Claude Yacoub, architecte, association Ila Souria
Abdellatif Laabi, poète