Les premiers rounds des élections municipales ont démontré chez les électeurs une soif certaine pour l’exercice de leur droit démocratique, répercutant en même temps leur aspiration au changement et à l’alternance politique, devenus pour nombre d’entre eux un lointain souvenir.
C’est ce qui explique la vague de contestation citoyenne qui a eu lieu après la double prorogation du mandat des parlementaires qui, pendant de longues années, ont fui comme la peste les mécanismes électoraux et l’exercice démocratique qui les sous-tend.
Le taux de participation exceptionnellement élevé dans le Mont-Liban a clairement montré cette volonté chez les Libanais d’exercer leur droit de suffrage leur permettant de voter pour leurs représentants locaux en refusant la logique consistant à imposer les desiderata des uns et des autres. Ce refus s’est clairement traduit dans les urnes, les résultats ayant prouvé le rejet du phénomène des bulldozers mis en place par le biais des alliances politiques concoctées, et l’attachement de beaucoup à préserver l’objectif premier de ce scrutin, à savoir le développement, sans pour autant lui ôter l’aspect politique.
Une chose est certaine : les élections municipales ont clairement déterminé la popularité et le poids des partis politiques en lice, et la réalité du terrain qui avait souvent été amplifiée et revue à la hausse sans fondement réel.
Marquées en premier et dernier lieu par le facteur développement, les municipales sont venues confirmer cette thèse, notamment lorsqu’on a vu des candidats d’un même parti se présenter sur des listes opposées. Les leçons à tirer en politique suite à ce scrutin sont multiples. En premier, le fait que les alliances en jeu ne vont pas nécessairement se reproduire lors des consultations législatives. Les municipales restent toutefois un indicateur de taille sur les tendances politiques qui se dessineront à l’avenir.
Ainsi, les résultats à Jounieh sont venus réfuter le slogan du « tsunami » qui a circulé à propos du tandem FL-CPL, atteste une source politique chrétienne, soutenant que les municipales ont constitué le début d’un retour à la réalité avec une évaluation à leur juste mesure des poids des différents protagonistes en présence.
Ces élections ont en outre témoigné d’une coopération entre partis politiques et familles, sachant que l’aspect familial a pris le dessus, certains partis n’ayant pas pu contourner cet état de fait. Un fait notoire est à relever toutefois, le fait que la machine électorale de Michel Murr, des Kataëb et des Arméniens dans le Metn a démontré le poids de cette alliance face au tandem FL-CPL.
Pour un député chrétien, la priorité du caractère local de ce scrutin a été clairement démontrée. Par conséquent, on ne peut tirer de conclusions à partir de ce test pour les appliquer aux élections législatives à venir parce que les enjeux en présence sont différents d’une consultation à l’autre. À une nuance près toutefois, celle de voir que les municipales ont réussi à rapprocher certaines forces politiques qui jadis étaient éloignées l’une de l’autre. Cela s’est vu notamment à Jounieh avec le rapprochement effectué entre les FL et les familles Frem, Bone et Khazen dans le cadre de la liste « Jounieh le renouveau », face à la liste de « la dignité de Jounieh » soutenue par le CPL et les Kataëb.
Le scrutin de Jounieh s’est soldé en définitive par une demi-victoire pour les aounistes et une demi-défaite pour l’alliance entre les FL et les familles qui ont percé avec seulement 4 candidats sur 18. Le CPL n’a finalement pas réussi le pari de rafler l’ensemble des sièges en jeu.
Les résultats des élections menées de pair par le tandem FL-CPL devraient probablement faire l’objet d’une réunion entre les chefs des deux formations, pour plancher sur l’analyse des résultats en vue d’une lecture d’évaluation afin d’établir une feuille de route pour l’avenir de l’entente scellée entre les deux formations qui, selon une source FL, n’a pas été écorchée. Au contraire, elle a réussi à faire la différence et à servir de levier dans plusieurs régions, a relevé la source.
Il reste à voir si, à la fin de ces élections, les FL iront jusqu’à soutenir les positions de leur allié CPL qui défend la primauté des élections législatives sur la présidentielle, un sujet de débat qui oppose à ce jour les deux formations.