La présence du groupe islamique libanais à la conférence sur l’avenir du pays organisée ce week-end par la France démontre qu’il joue désormais un rôle prédominant sur l’échiquier régional, constate le quotidien israélien Ha’Aretz.
Le Hezbollah est-il sorti de la guerre de juillet 2006 renforcé ou affaibli ? Cette question qui hante Israël semble avoir trouvé sa réponse en France. Des personnalités du Hezbollah sont attendues du 13 au 16 juillet à La Celle-Saint-Cloud pour ouvrir un « dialogue national libanais » sous l’égide des Français. C’est la première fois que le mouvement chiite libanais est invité dans l’Hexagone en tant qu’entité politique, sur un pied d’égalité avec les autres factions, et dans une réunion ayant pour objectif d’ouvrir des perspectives politiques au Liban.
Pour tous les participants à cette rencontre, qui sera vraisemblablement présidée par le ministre des Affaires étrangères français Bernard Kouchner, le pouvoir politique du Hezbollah est une réalité. Une réalité d’ailleurs si solide que Jean-Claude Cousseran, l’envoyé spécial de Nicolas Sarkozy, s’est rendu spécialement à Téhéran ce mercredi 11 juillet, pour la seconde fois en dix jours, afin de convaincre l’Iran d’infléchir la position d’Hassan Nasrallah sur la formation d’un gouvernement d’unité nationale à Beyrouth. Le secrétaire général du Hezbollah assurant la fonction de représentant de l’Iran au Liban a également réussi à faire de Téhéran un partenaire actif du processus politique, et pas seulement du processus militaire. Nasrallah offre ainsi au régime d’Ahmadinejad une nouvelle envergure qui lui sera utile lors de ses discussions avec la France sur d’autres enjeux, tels le nucléaire et l’avenir de l’Irak.
La cote du Hezbollah est telle que l’Arabie Saoudite s’est aussi rendu compte qu’il lui fallait coopérer avec l’Iran sur la question libanaise. Les deux pays ont donc transmis aux parties en présence des suggestions dont l’objectif est de permettre à la vie politique libanaise de sortir du marasme dans lequel elle a sombré depuis la fin de la guerre de 2006. Au vu de cette évolution, tous ceux qui ont pris l’habitude de mesurer le pouvoir du Hezbollah au nombre de roquettes en sa possession vont manifestement devoir revoir leur jugement. Incontestablement, le mouvement libanais a tiré de la guerre un regain d’influence stratégique.
Ha’Aretz