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La NSA a favorisé l’émergence d’une « amicale » du renseignement

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J. Fo.

La scène apparaît dans une note secrète de l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine, datée du 8 décembre 2008, dévoilée par Edward Snowden, l’ex-contractuel du plus puissant service secret technique au monde, devenu lanceur d’alerte. Du 15 au 17 octobre 2008, près d’Haguenau, dans le nord de l’Alsace, la NSA est venue former le 54e régiment spécialisé dans la guerre électronique, sur le point de rejoindre d’autres forces françaises en Afghanistan. Dans son compte rendu, la NSA signale l’étendue de la coopération, des téléphones au trafic Internet, de quoi mettre un pays entier sous surveillance.

Plusieurs notes Snowden, consultées par Le Monde, témoignent du poids de la coopération entre la France et ses principaux alliés occidentaux. Ces documents nous apprennent que si la direction nationale de la sécurité extérieure (DGSE) a refusé, en 2006, une offre clés en main proposée par la NSA, alors que les Allemands l’avaient accepté, la France doit néanmoins beaucoup aux Américains et aux Britanniques. L’équivalent anglais de la NSA, le GCHQ, a permis à la DGSE de s’élever au rang des puissances capables de collecter et traiter le flux massif de données.

Cette coopération technique se structure réellement à partir de la mi-2005 après une rencontre, à Amsterdam, entre les responsables du renseignement technique de douze pays, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Du 7 au 9 juin 2005, ils posent les bases d’une véritable amicale, qui s’entraide pour bâtir ses outils de surveillance, qui échange des renseignements et qui veut s’affirmer, à l’heure d’Internet, comme le premier rempart des démocraties face aux menaces.

Une digue est tombée

Au sein de cette amicale, la règle demeure la relation bilatérale. La coopération entre la DGSE et les Britanniques est confirmée par une note interne du GCHQ, datée de 2010. Elle assure que des techniciens de la DGSE sont allés se perfectionner à Cheltenham (sud-ouest de l’Angleterre), la base du GCHQ. « La DGSE, indique le document, a démontré une grande volonté d’échanger sur les questions de protocole Internet et de travailler avec le GCHQ sur des bases de partage et de coopération. » En juin 2009, Français et Britanniques ont discuté des moyens d’améliorer « la poursuite des interceptions massives en cassant les systèmes de cryptage livrés par des fournisseurs privés ».

Cette coopération entre services techniques porte aussi sur le renseignement. Une note de la NSA, datée du 6 août 2007, annonce que la relation avec la DGSE est « entrée dans une nouvelle dimension ». Dorénavant, les échanges porteront aussi sur le renseignement possédé par chacun des services. Jusqu’à présent, ajoute-t-elle, le partage d’analyse était « entravé » par la direction de la DGSE. Une digue est tombée. L’amicale obéit à ses propres lois. Une émancipation qui peut aller jusqu’à aider certains de ses membres à échapper aux contraintes légales domestiques.

Pour l’Europe, le GCHQ agit en chef de bande. Dans une note interne, datée de 2008, les Britanniques félicitent les services secrets techniques espagnols pour leur collecte massive et indiscriminée des communications, alors que la loi, en Espagne, considère cette capture illégale. De même, le GCHQ assure avoir « aidé juridiquement » les services néerlandais et aidé son homologue allemand, le BND, « à argumenter en faveur d’une réforme ou d’une réinterprétation des lois très restrictives sur les interceptions de communications en Allemagne ».

LE MONDE

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