Misère et damnation ! Avant qu’une seule balle n’ait été tirée, le voilà qui déguerpit à toute vitesse et nous prive d’un immense feu d’artifice dont il nous avait fait miroiter l’échéance. À n’en pas douter, l’occasion était propice. La perte d’un grand « martyr » et le délire verbal que la circonstance imposait avaient suffi à Hassan Nasrallah pour « ouvrir » une guerre dont il avait mal calculé l’impact sur ses partisans.
Pour effacer une bourde qui a failli provoquer un exode en masse des habitants du sud et de l’est du pays, Hassan Nasrallah a cherché par tous les moyens à calmer le jeu. « Personne ne dit, a-t-il affirmé, que la chute de l’entité sioniste est une responsabilité libanaise. Il est vrai que la majorité des Libanais y sont favorables, mais cela ne veut pas dire pour autant que nous allons prendre l’initiative de la guerre ».
Allons donc ! L’homme a son style et il ne peut pas sans se ridiculiser déclarer forfait sur toute la ligne. S’il dit adieu à la « guerre ouverte », c’est pour mieux se replier sur les « fondamentaux » et pour nous servir avec force vociférations son recueil d’antiennes sur l’anéantissement « inéluctable » d’Israël. Le refrain est usé, mais l’enturbanné n’en connaît pas d’autre.
En somme, Hassan Nasrallah renonce à son côté Vader qui évoque l’envahisseur (invader) pour cultiver son image de Darth qui comme chacun sait est la contraction de Dark (sombre) et Death (mort). Et, comme Darth Vader, le célèbre héros de la saga, il croit fermement être l’Élu de la Prophétie selon laquelle un homme viendra un jour pour rétablir l’équilibre de la Force et vaincre les forces de la galaxie (impérialo-sioniste, s’entend).
Darth possède une épée laser. Hassan dispose de quarante mille fusées. Ce n’est pas comparable, mais les Libanais n’ont nullement à rougir de leur Élu qui compte déjà deux victoires à son actif et qui promet une toute belle à venir, une victoire après laquelle Israël cessera tout simplement d’exister.
Et puis, notre Chater Hassan n’a pas à se cacher derrière un casque, il lui suffit d’agiter un index tout nu pour faire « trembler » les Israéliens. Les Libanais tremblent aussi, mais de joie, la joie de ceux qui ne doutent pas une seconde de l’avenir radieux qui les attend en confiant leur sort à leur Darth national. Car, que peut Israël contre le maître du temps et de l’espace qui, pour venger l’assassinat d’Imad Moughniyeh, se réserve le droit de choisir « le moment, le lieu, la manière et le moyen » de le faire ?
Sonnez Trompettes, résonnez Carillons, les archanges de l’Apocalypse débarquent et ils sont fâchés tout rouge ! L’Élu les a convoqués pour prouver à ceux qui ont tué le Hajj terroriste que « notre sang ne peut être versé en vain » et qu’ils connaîtront enfin le « vrai goût de la vengeance ».