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La récente décision de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) de suspendre le service militaire obligatoire en Syrie après L chute du régime Assad marque un tournant crucial avec des implications socio-politiques profondes pour l’avenir du pays.
Pendant près de cinq décennies, la conscription a été un outil puissant de contrôle pour le régime Assad, avec des effets profonds sur le tissu démographique, social et politique de la Syrie.
Étant donné que la conscription incluait tous les citoyens syriens de sexe masculin, une estimation suggère qu’elle a touché pas moins de 12 millions de Syriens. En résumé, le régime Assad a transformé la notion moderne de « service militaire citoyen » dans un « État-nation » en un régime médiéval de servage !
Au cœur de ce système, la conscription a privé des millions de jeunes Syriens, en particulier les hommes sunnites, d’opportunités de base telles que l’éducation, la formation professionnelle et la possibilité de construire un avenir. Ces jeunes hommes, recrutés de force dans l’armée syrienne, ont vu leurs aspirations anéanties lorsqu’ils étaient envoyés combattre dans des conflits souvent déconnectés de leurs vies. L’éducation, autrefois une voie de mobilité sociale, est devenue un rêve lointain pour beaucoup, tandis que les compétences pratiques, telles que l’apprentissage d’un métier ou d’une profession, étaient hors d’atteinte. Le résultat fut une génération de jeunes Syriens aux perspectives limitées, rendant difficile leur contribution significative à la croissance économique et sociale du pays. D’autant plus que le terrible système dit de « rétention » est venu compléter la conscription obligatoire de certaines catégories de « conscrits » dont le « service » était prolongé pour des périodes indéterminées dépassant souvent 10 ans !
Les effets de la conscription forcée n’étaient pas seulement économiques mais aussi profondément personnels. En arrachant les jeunes hommes à leurs communautés et à leurs familles, la conscription a perturbé les structures sociales, notamment parmi la majorité sunnite de la Syrie. La perte de ces jeunes hommes signifiait que beaucoup ne pouvaient pas accomplir les rites de passage traditionnels, tels que le mariage ou la vie de famille. Cette aliénation sociale, combinée aux difficultés économiques imposées par un service militaire prolongé, a significativement affecté les dynamiques démographiques de la Syrie. Pour de nombreux jeunes sunnites, la conscription a agi comme un obstacle à l’établissement d’une vie familiale, freinant leur contribution à la croissance démographique de la nation. En conséquence, l’équilibre démographique de la Syrie a commencé à se modifier, la majorité sunnite subissant le poids des coûts sociaux et psychologiques des politiques du régime.
De plus, la conscription en Syrie sous Assad n’était pas simplement un mécanisme de remplissage des rangs militaires — c’était aussi un outil d’endoctrinement idéologique.
Le régime Assad utilisait l’armée pour inculquer la loyauté et la soumission non seulement à l’État, mais aussi au régime lui-même et à son élite dirigeante alaouite. Les jeunes hommes, en particulier ceux de la communauté sunnite, étaient soumis à une intense éducation politique, souvent imprégnée de la glorification de la famille Assad et du rôle central de la secte alaouite dans la gouvernance de la Syrie. Ce n’était pas simplement une question de préparation militaire, mais une tentative de façonner les cœurs et les esprits de la population pour vénérer le régime, haïr sans réserve « l’ennemi sioniste » (les régimes totalitaires ONT BESOIN d’un ennemi permanent, réel ou imaginaire, comme décrit dans le roman 1984 de George Orwell), supprimer la dissidence et garantir que le pouvoir de la famille Assad reste incontesté. La culture omniprésente de la peur et de l’allégeance construite au sein des rangs de l’armée visait à étouffer la dissidence et à renforcer le contrôle du régime dominé par les Alaouites sur les divers paysages sociaux et politiques de la Syrie.
Prise d’otages
L’utilisation stratégique de la conscription allait cependant au-delà de l’endoctrinement : c’était aussi un outil de répression politique. En enrôlant de force de jeunes hommes sunnites dans l’armée, le régime Assad prenait en otage des familles entières. La présence de ces jeunes hommes dans l’armée non seulement les éloignait de leurs communautés, mais rendait également difficile pour les familles d’organiser une résistance ou de se rebeller contre le régime. En de nombreux aspects, la conscription devenait une forme de levier humain, empêchant les révoltes et la dissidence de se propager dans la société syrienne. Ceux qui osaient défier le régime risquaient des représailles contre leurs fils et maris, retenus sous la poigne de fer de l’armée. Ce type de contrôle n’était pas unique à la Syrie ; des tactiques similaires ont été employées par des régimes comme l’Union soviétique de Staline et la Chine maoïste, où la conscription militaire servait non seulement à la défense mais aussi à garantir la loyauté, à réprimer la dissidence et à maintenir un pouvoir absolu.
La décision de HTS de mettre fin à la conscription obligatoire n’est donc pas seulement une stratégie militaire, mais un acte symbolique de résistance contre un régime qui a longtemps utilisé son armée comme un moyen de subjugation.
En démantelant ce système coercitif (parfois repris même par certaines milices d’opposition), HTS pourrait ouvrir la voie à une société restructurée, où les jeunes hommes peuvent reprendre leur avenir en main, libérés des chaînes du service forcé et de l’endoctrinement. Ce geste pourrait également ouvrir la voie à des changements sociaux et démographiques plus larges, en particulier parmi la population sunnite, dont les dynamiques sociales et familiales ont été irrémédiablement perturbées par des décennies de politiques de conscription. Cependant, cette décision soulève également des questions sur l’avenir de la structure militaire syrienne et sur la possibilité qu’elle conduise à une plus grande instabilité ou qu’elle pose les bases d’une reconstruction d’une nation plus inclusive et démocratique.
Quoi qu’il en soit, la position de HTS marque un changement significatif dans la façon dont les Syriens pourraient percevoir leur relation avec le service militaire et le contrôle de l’État dans les années à venir.
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