Un écrivain français très controversé cherche à écrire un livre sur le Golfe Persique avec l’aide de l’Iran. Pierre Péan, c’est son nom, à déjà écrit un livre sur le Qatar qui n’a pas tenu toutes ses promesses et qui fut un échec en librairie.
Curieusement, deux mois après la sortie de ce livre décevant (où il est plus question de l’ancien président Nicolas Sarkozy que du Qatar !) cet auteur âgé de 76 ans décide de s’attaquer une nouvelle fois… au Gabon. Déjà il y a très nombreuses années, il aurait essayé de déstabiliser le défunt président El Hadj Omar Bongo.
Aujourd’hui, il s’en prend à son fils Ali Bongo très connu et respecté dans le monde arabe (surtout au Koweït, en Arabie Saoudite, dans les Emirats Arabes Unies), en Europe et aux USA (la diplomatie américaine considère Ali Bongo comme le meilleur connaisseur de politique internationale de l’Afrique et aussi un rempart aux idées proches du terrorisme).
Dans un livre sans preuves, basé sur des vieux mensonges de certains opposants, Pierre Péan (livre : « les Nouvelles Affaires Africaines »), comme l’écrit l’hebdomadaire sérieux Jeune Afrique, « a écrit un livre de trop » !
La polémique va grandir, car la justice a été saisie (plainte de l’état gabonais). Et « une affaire dans l’affaire » jette encore plus le trouble. En effet, le libanais intermédiaire (poursuivi par la justice française) Ziad TAKIEDDINE avait proposé un arrangement (c’est à dire empêcher le livre de sortir) contre 10 millions d’euros à verser en Suisse. Le site réputé MEDIAPART a eu accès au dossier. Quand les journalistes ont interrogé Pierre Péan, ce dernier a répondu : « si ça sort, je suis foutou » ! Curieux aveu, d’autant plus que Ziad TAKKIEDINE était l’un des principaux informateurs de Pierre Péan pour l’un des ses autres livres ! (Voir l’article de MEDIAPART).
Les milieux professionnels, diplomatiques et du renseignement ont toujours été intrigués par les « enquêtes » de Pierre Péan.
Ainsi, après l’attentat du 19 Septembre 1989 contre l’avion français DC 10 UTA, alors que toutes les preuves accablaient la Libye, Péan avait sorti deux livres cherchant à innocenter Kadhafi.
Péan avait été en rapport avec Ahmed Khaddafeddam. Ce dernier était à l’époque l’émissaire spécial de son cousin le chef de l’état libyen. Mais celui qui a ouvert la porte à Péan était Roland Dumas, l’ancien ministre français des affaires étrangères et l’avocat des Libyens. Ceux-ci ont, sur conseils de Dumas et de Kaddafeddam, ont invité Péan à Tripoli. De plus, les Libyens avaient organisé deux déplacements en Centre-Afrique et au Niger pour rassembler, selon sa demande, plus d’informations. Afin de mener à bien cette mission, ils avaient chargé un responsable des Comités Révolutionnaires, Ali Al-Sahli. Celui-là était chargé d’affaires de son pays auprès de l’ambassade libyenne à Paris pendant six ans et par la suite ambassadeur en Centre-Afrique. Autre personne qui faisait partie de la mission un certain Abdullah Senoussi, soupçonne d’être impliqué dans la logistique, à partir des aéroports africains, en ce qui concerne l’attentat contre la compagnie UTA.
Toutes les personnes africaines qui avait rencontré Péan lui ont fourni les informations nécessaires dont il avait besoin pour compléter ses investigations. Et, de là, démentir tous les éléments d’implication des services libyens dans l’affaire, monté, selon lui, de toutes pièces par les services français et les juges nommés à la carte par l’Etat français de l’époque. C’est pour cette raison que son livre – très apprécié par Kadhafi en personne et fortement critiqué par le pouvoir à Paris était intitulé : «Vol UTA 772 : contre enquête sur un attentat attribué à Kadhafi- Editions stock, collection Au vif».
Des sources libyennes concordantes dont le colonel Mohamed Majzoub- décédé maintenant- ne savait pas quels avantages Péan avait touché en contre partie de son 1er livre ni du 2ème intitulé « Manipulations africaines : l’attentat contre le DC 10 d’UTA »- Editions Plon, publié en 2001.
Pour ce qui est du premier livre, Ahmed Kaddafeddam a affirmé à plusieurs sources arabes que Pierre Péan avait reçu une proposition de « soutien » pour ses recherches. Péan a toujours dit qu’il avait refusé…
Toutes les enquêtes internationales ont confirmé depuis que la Libye était responsable de cet odieux attentat.
Khadafi, via la Fondation de son fils avait même proposé une indemnisation pour les victimes.
Par un curieux retour du destin Pierre Péan supporte aujourd’hui un nouvel « opposant » au Président Ali Bongo, Jean Ping, ancien ministre gabonais des affaires étrangères et ex Président de l’Union Africaine. Dans son dernier livre, Jean Ping regrette et condamne la Coalition (France, USA, Angleterre, Pays Arabes) qui a éliminé Khadafi !
La boucle serait-elle bouclée, s’interrogent des journalistes, diplomates et services occidentaux et arabes!
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Affaires africaines: 10 millions d’euros pour faire taire Pierre Péan
PAR KARL LASKE ET FABRICE ARFI
Selon des documents obtenus par Mediapart, l’homme d’affaires Ziad Takieddine a offert, fin 2013, aux autorités gabonaises de surseoir à la parution d’un livre de Pierre Péan moyennant un versement sur le compte d’une société suisse, et l’emploi d’un ami du journaliste. Le porte-parole du président gabonais Ali Bongo accuse Pierre Péan d’avoir été partie prenante de ce « protocole » secret. Le journaliste dénonce une machination.
«Si j’ai un papier là-dessus, je suis cuit », annonce, énigmatique, Pierre Péan à Mediapart. L’écrivain-enquêteur, qui a fait paraître début novembre Nouvelles Affaires africaines (Fayard), assure que le pouvoir gabonais cherche à « le salir » pour « le punir d’avoir dénoncé le système Bongo ». Et il est vrai que le porte-parole du président gabonais, Alain Claude Bilie By Nze, est en ce moment à Paris pour accabler l’écrivain. Selon des mails communiqués par l’officiel gabonais, Pierre Péan a été depuis un an au cœur d’obscures tractations avec lui : une demande d’argent formulée par des intermédiaires, puis une demande d’emploi pour un ami. Des « mensonges », selon l’écrivain.
En novembre 2013, l’homme d’affaires Ziad Takieddine et l’intermédiaire franco-sénégalais Fara M’Bow ont pourtant introduit Pierre Péan auprès du porte-parole d’Ali Bongo, avant de proposer à l’État gabonais de surseoir à la parution du prochain livre de l’écrivain moyennant le versement de 10 150 000 euros sur un compte en Suisse, et l’emploi d’un ami.
Un « protocole d’accord » est même rédigé dans les bureaux de l’avocat de Ziad Takieddine, et envoyé par mail à la présidence gabonaise. Pierre Péan dit qu’il a eu connaissance de ce qui n’est rien d’autre qu’une tentative d’extorsion de fonds, s’appuyant sur son propre travail, trois semaines après sa rencontre avec le porte-parole.
L’écrivain Pierre Péan, 76 ans, vient de publier « Nouvelles affaires africaines »
L’écrivain évoque d’ailleurs lui-même l’épisode dans Nouvelles Affaires africaines :« J’appris que Ziad Takieddine – ou plutôt sa société Helliu Group, basée au Panama – aurait tenté de faire signer au chef de l’État gabonais un protocole d’accord stipulant qu’il acceptait “la mission (…) consistant à faire en sorte que l’ouvrage en question ne soit pas publié”. Et ce pour des millions d’euros ! Le dit protocole ne fut pas paraphé par Bongo. Mais comme le livre n’existait pas, il ne sortit évidemment pas en librairie début décembre. » Péan signale que les « on-dit gabonais » laissant entendre qu’il avait été« acheté pour renoncer à la publication » ont alors circulé. C’est ce qui l’aurait décidé à écrire.
Pourtant, son livre n’explicite pas l’apparition de Takieddine, personnage central de l’affaire Karachi ou de celle des financements libyens, sa demande financière, ni les contacts ambigus qu’il a lui-même maintenus avec le porte-parole du président gabonais jusqu’en avril 2014.
La première incongruité est que le pouvoir gabonais et Pierre Péan aient eu besoin d’intermédiaires pour se rencontrer. En effet, Péan connaît le Gabon depuis cinquante ans. Dans l’objectif d’un nouveau livre, il s’est rapproché d’Omar Bongo à la fin de sa vie, allant jusqu’à dénoncer les procédures judiciaires ouvertes à Paris sur les “Biens mal acquis”, comme procédant d’une vision néocoloniale. En décembre 2011, Péan a même salué les conditions de l’élection d’Ali Bongo en octobre 2009.
Mais en octobre 2013, la très informée Lettre du continent fait état, à deux reprises, de l’inquiétude du cabinet d’Ali Bongo au sujet d’une « enquête approfondie » préparée par Péan sur le pouvoir gabonais. Un site gabonais assure que le chef de cabinet d’Ali Bongo lui-même, Maixent Accrombessi, « ne dort presque plus » à la perspective de cette publication.
Ziad Takieddine et Fara M’Bow surgissent alors de nulle part. Le porte-parole du président gabonais voit les intermédiaires pour la première fois, à l’hôtel Mandarin, en novembre 2013. « Ils m’expliquent que Pierre Péan se prépare à sortir un livre qui va salir le Gabon et l’image du président, explique Alain Claude Bilie By Nze à Mediapart. Ils se proposent de faire en sorte que le livre ne paraisse pas. Ils me disent que Péan leur est redevable. Ils me disent : “Nous l’avons aidé, il ne peut rien nous refuser”, et ils m’offrent de me mettre en contact avec lui. »
Jusque-là, Fara M’Bow confirme. « Pierre Péan était en train d’écrire un bouquin sur le Gabon, et il fallait intervenir pour que ce bouquin ne sorte pas au moment d’un sommet franco-africain (le sommet de l’Élysée pour la Paix et la sécurité en Afrique, des 6 et 7 décembre 2013 – ndlr), expose l’intermédiaire. La question était : est-ce qu’il pouvait reporter la publication ? Péan m’a dit non. Il m’a dit que le livre n’était pas prêt, et qu’il n’y aurait pas de livre lors du sommet. Mais j’ai organisé le rendez-vous avec le conseiller d’Ali Bongo, au café Castiglione. La rencontre a eu lieu. Je n’y ai pas assisté. J’étais un facilitateur dans cette affaire… »
Ziad Takieddine et Farah M’Bow ont la particularité d’avoir été des personnages de La République des mallettes, un livre que Péan a consacré, en septembre 2011, à un troisième intermédiaire, Alexandre Djouhri – ennemi juré de Takieddine, mais très proche de Fara M’Bow. « Ils m’ont appâté en me parlant de la Libye, puis ils m’ont parlé du Gabon, explique Pierre Péan. Et ils m’ont proposé de rencontrer quelqu’un à Paris, c’était un conseiller d’Ali Bongo. J’étais réticent au début, puis je me suis dit, pourquoi pas ? »
Le 17 novembre 2013, Péan retrouve donc Alain Claude Bilie By Nze au café Castiglione, à côté de la place Vendôme, à Paris. Fara M’Bow les présente et les laisse seuls. Après un échange de civilités, les deux hommes entrent dans le vif du sujet. Leurs souvenirs divergent. « Pierre Péan reconnaît qu’il prépare un livre, rapporte M. Bilie By Nze, mais il m’informe qu’il ne paraîtra pas avant le sommet. Il me fait savoir que le Gabon lui a fait un certain nombre de promesses. Qu’il avait sollicité l’aide d’Ali Bongo pour écrire un livre sur Omar Bongo, et qu’Ali Bongo s’était engagé à faciliter cette possibilité. Il voudrait en rediscuter avec le président. Il me dit que l’ancien ambassadeur Banga Eboumi avait évoqué la possibilité d’un versement de 300 000 euros en sa faveur pour ce projet de livre. Enfin, il nous réclame de l’aide pour un de ses amis à Libreville, Jean-Louis Gros, qu’il nous demande de recruter. »
Pierre Péan s’offusque du récit du porte-parole d’Ali Bongo. « Prétendre que j’aurais réclamé un à-valoir sur je ne sais quel livre est totalement injurieux, déclare-t-il à Mediapart. J’avais convaincu Omar Bongo de faire un livre avec moi, sur lui et les Français. En 2010, j’avais encore cette idée de faire quelque chose, puis j’ai abandonné l’idée, mais je n’ai absolument rien réclamé. »
« Les intermédiaires me disent “notre ami nous a chargés de finaliser l’échange“ »
Lors de cette rencontre, Bilie By Nze « essaye de savoir s’il y a quelque chose » dans le livre en préparation, admet Péan. Mais l’écrivain nous précise qu’il n’y avait encore aucun contrat d’édition. Seul point d’accord avec Bilie By Nze, il admet avoir demandé de l’aide pour un ami, ancien conseiller de sécurité à la mairie de Libreville. « Nous avons évoqué le cas d’une relation, Jean-Louis Gros, qui a été maltraité par les autorités gabonaises et que j’entretenais. J’ai demandé que justice lui soit rendue », confirme Péan.
Pour le porte-parole du président Ali Bongo, l’histoire n’est pas finie, car il a rendez-vous le surlendemain avec les intermédiaires. Pour plus de discrétion, il loue une suite à l’hôtel Mandarin. « Ils me disent : “Notre ami nous a chargés de finaliser l’échange”, poursuit Bilie By Nze. Il y a deux sujets : une compensation financière, et l’emploi pour son ami. Je suis rentré à Libreville et le 19 novembre, j’ai reçu de l’avocat de M. Takieddine, un protocole d’accord prévoyant le paiement de 10 150 000 euros en compensation, et l’embauche de son ami. J’en ai référé tout de suite au cabinet du président. Il n’était pas question de payer. »
Ce protocole d’accord est effectivement transmis par mail à la présidence gabonaise à partir du cabinet de Me Dominique Penin, alors avocat de Takieddine. « Veuillez trouver en pièce jointe le protocole d’accord qui comme convenu sera à compléter et à signer lundi 25 novembre », écrit l’avocat au porte-parole. Dans ce document, dont Mediapart a obtenu copie, Ziad Takieddine représente la société Helliu Group Panama SA, domiciliée à Genève. Le compte bancaire en faveur duquel le transfert de la somme de 10 millions doit s’effectuer est précisé. C’est le compte 305.9493 à la banque Julius Baer de Genève, qui, d’après nos vérifications, ne semble pas avoir été identifié jusque-là par les juges.
Voici ce que l’on peut lire dans ce document :
« Les parties ont pris connaissance du projet de publication d’un ouvrage de Pierre Péan consacré à la République du Gabon contenant des informations pouvant nuire à son image et à sa réputation. Le sommet consacré à la paix et à la sécurité en Afrique aura lieu les 6 et 7 décembre 2013 à Paris. Il a été porté à la connaissance des parties que l’ouvrage en question sera publié avant ce sommet afin d’en assurer une plus large publicité. Soucieuse de faire en sorte que cet ouvrage ne vienne ternir le bon déroulement de ce sommet et l’image de la République du Gabon, les parties se sont rapprochées afin que ce livre ne puisse paraître, en particulier dans un tel contexte.
– Article 1 : la première partie (Helliu Group – ndlr) accepte la mission qui lui a été confiée consistant à faire en sorte que l’ouvrage en question ne soit pas publié.
– Article 2. En contrepartie de cette mission, la seconde partie s’engage irrévocablement à rémunérer la première partie d’un honoraire forfaitaire et définitif d’un montant de 10 150 000 euros. »
L’article 4 du protocole, lui, prend acte de la demande spécifique concernant l’emploi de Jean-Louis Gros :
« Article 4. La seconde partie s’engage à procéder au règlement immédiat du contentieux en suspens portant sur des engagements existant entre elle et la personne qui lui a été désignée par M. Pierre Péan et dont les parties se dispensent de rappeler l’identité. »
Ce document porte la signature informatique du cabinet d’avocat. Me Dominique Penin nous a indiqué avoir mis son bureau à la disposition de M. Takieddine, et n’avoir aucun souvenir de ce « protocole », ni de son envoi par mail à la présidence gabonaise.
Questionné par Mediapart, Fara M’Bow n’est pas plus loquace. Et soutient qu’il n’est « pas au courant », alors que Pierre Péan, lui, nous indique avoir été informé par Farah N’Bow de l’existence de ce document, et de son contenu, trois semaines environ après sa rencontre avec M. Bilie By Nze. Ziad Takieddine n’a pas donné suite à nos messages.
L’autre mystère, c’est l’absence de réaction de Pierre Péan face à cette tentative d’extorsion. Il est averti début décembre par Fara M’Bow. Non seulement il ne dépose pas plainte, mais il ne fait pas la moindre allusion à cet épisode dans ses contacts avec les autorités gabonaises. « Je le sais, mais je le sais sans le savoir,répond-il. Et je sais que les Gabonais n’ont pas répondu à ce truc hallucinant. »
De fait, M. Bilie By Nze dit aussi avoir prévenu Péan de la démarche des intermédiaires. « Je lui ai dit que j’avais reçu un protocole d’accord, et ce qu’il contenait, rapporte le porte-parole présidentiel. Il m’a répondu : “Je ne suis pas concerné par les 10 millions.” Je vous fais remarquer que le protocole comprend quand même une mention de l’embauche de son ami. »
Le 6 janvier 2014, un site internet (leral.net) assure que « le livre de Pierre Péan » a été« bloqué par Fara M’Bow » après l’intervention de Bilie By Nze. Le site reçoit aussitôt un démenti de l’écrivain : « Aucun livre portant ma signature n’était programmé à la fin de l’année 2013 et donc Fara M’Bow n’a pas pu le bloquer. » Péan annonce que son prochain livre portera sur le Qatar, mais il confirme qu’il enquête sur le Gabon.
«Même notre rencontre au Castiglione est sortie »
Pierre Péan et Bilie By Nze échangent de nombreux mails par la suite. Dans un message du 17 janvier, Péan rappelle au porte-parole ses promesses concernant son ami Jean-Louis Gros, surnommé “Michael”.
• « Cher Vous, Il ne vous a sûrement pas échappé que les rumeurs sur mon livre courent et s’amplifient depuis quelques jours. Même notre rencontre au café Castiglione est sortie. Vous comprendrez que cela ne me plaît pas du tout. Je ne sais pas avec certitude qui est à l’origine de celles-ci même si j’ai quelques idées… J’avais cru que vous feriez signe à Michaël et ensuite à moi au début janvier. Y a-t-il un changement de programme? Je continue mon enquête – malgré certaines rumeurs – et suis toujours disposé à vous voir. Bien à vous. Pierre Péan – PS. Vous avez promis un emploi en France à Michaël. Il a loupé une opportunité que je lui avais trouvée pour honorer la promesse que vous lui aviez faite. Dois-je relancer ceux qui étaient prêts à l’employer ? »
Le porte-parole du président gabonais lui répond le même jour :
• « Merci d’avoir repris contact, écrit Bilie By Nze. Je voudrais tout de suite vous dire que je ne suis pour rien dans ces rumeurs qui causent du tort à nos entendus (sic). Je crois également avoir mon idée, mon regard a tendance à s’orienter vers Dakar. Pour Michael, j’avais en effet promis de le voir début janvier, la longue période électorale que nous avons engagée m’empêche de me déplacer en ce moment. (…) Pour l’emploi, je maintiens ce que j’ai dit. J’espère lui faire une proposition concrète à l’occasion de mon prochain séjour. »
La possibilité d’un rendez-vous au mois de mars est évoquée par les deux hommes, puis finalement annulée. Pierre Péan s’en offusque le 15 mars :
• « Je n’ai pas l’habitude d’être traité de façon aussi cavalière. Vous avez cherché à me voir. J’ai accepté. Depuis bientôt quatre mois vous avez annulé successivement trois rendez-vous dont le dernier sans m’avoir prévenu. (…) J’en conclus que pour des raisons qui sont les vôtres vous n’avez plus envie de me voir. J’en prends acte. Péan »
Le 23 mars, Jean-Louis Gros, l’homme à qui l’on a promis un emploi, s’impatiente lui aussi. Il écrit directement à Bilie By Nze :
• « On se connaît bien, à l’hôtel de ville de Libreville nous avons travaillé, nous avons échangé. J’ai eu la faiblesse de penser que le fait de se connaître depuis plus de 14 ans serait de nature à faciliter les échanges, voilà pourquoi à l’époque quand ton nom m’a été donné par mon Ami, je n’ai pas hésité. Tu es le porte parole du Président de la république, à ce titre tu m’as fait deux propositions : “une indemnisation, et une activité au service de ton pays en France ou en Europe”… Voilà donc quatre mois que tu m’as fait une offre de travail et une indemnisation que j’ai accepté. J’y ai évidemment cru. Et j’ai, en décembre, refusé une offre de travail trouvé par “notre” ami. Je suis maintenant dans une position financière difficile et ne vais pas pouvoir encore très longtemps faire appel à “notre” ami pour survivre. J’ai donc besoin de connaître TRES RAPIDEMENT TES, VOS intentions pour prendre les décisions qui s’imposent, que je prendrais évidemment en accord avec “notre” Ami. »
Bilie By Nze lui répond qu’il faut attendre. « Je suis prêt à trouver un emploi, mais pas une compensation, commente le porte-parole aujourd’hui. Nous ne lui sommes redevables en rien. » Contacté par Mediapart, Jean-Louis Gros conteste avoir « sollicité un emploi », malgré la teneur de son mail, et dit qu’il n’a « rien à voir avec le livre de M. Péan ».
En avril, les échanges se poursuivent entre Péan et le porte-parole. Pierre Péan, le 8 avril, se plaint encore « des fuites » : « Bonsoir, Maixent (ndlr : Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet du président Ali Bongo) s’est mal comporté avec moi ! Je le soupçonne maintenant d’être à l’origine des fuites… (ndlr : sur le site Leral.net) Bien à vous PP. »
« Vous l’avez vu aujourd’hui ? », répond aussitôt le porte-parole. Péan : « Je ne l’ai pas vu mais il dit qu’il m’a vu. Et bien d’autres choses… » Un personnage « très très important »aurait fait savoir à Péan que le directeur de cabinet d’Ali Bongo se serait vanté en privé de l’avoir « acheté ». Alain Claude Bilie By Nze lui répond que « c’est totalement faux », et que ce serait « une faute politique ». Le 24 avril, devant l’insistance de Péan, il répond encore qu’il n’est « strictement pour rien » dans les rumeurs. « Quant au président de la République, jusqu’à ce qu’il me signifie le contraire, je sais qu’il est d’accord pour vous recevoir ailleurs qu’à Libreville. C’est cet ailleurs que nous recherchons », conclut le porte-parole.
Pierre Péan voit dans ce mail la preuve que la seule chose qu’il recherchait, c’était un entretien avec Ali Bongo. Mais le porte-parole insiste : « M. Péan voulait parler de sa compensation avec M. Bongo. D’ailleurs, si c’était dans le cadre d’un livre, pourquoi vouloir le rencontrer ailleurs qu’à Libreville ? »
Nouvelles Affaires africaines est en librairie depuis une semaine. Reprenant des confidences d’anciennes barbouzes de la Françafrique et une rumeur insistante, le livre veut démontrer que l’actuel président aurait été adopté par Omar Bongo, lors de l’arrivée d’enfants biafrais à Libreville au moment où la guerre civile ensanglantait le Nigeria – entre 1967 et 1970. Selon Péan, Ali Bongo serait nigérian, et son acte de naissance aurait été falsifié, ce qui l’empêcherait constitutionnellement d’être président du Gabon. L’ouvrage a provoqué l’ire des autorités gabonaises et, à la télévision, Pascaline Bongo a réuni tous ses frères et sœurs pour contester fermement cette thèse,mercredi.
Alain Claude Bilie By Nze, le porte-parole du président gabonais, a été interviewé à Paris le 4 novembre, puis joint une nouvelle fois par téléphone le 5 novembre. Pierre Péan nous a répondu à deux reprises par téléphone, les 4 et 5 novembre, puis par mail. Les deux hommes nous ont transmis leurs échanges de mails. Nous avons rencontré M. Fara M’Bow, le 4 novembre, mais M. Ziad Takieddine n’a pas répondu aux messages que nous lui avons laissés (il nous a depuis fait parvenir un droit de réponse que vous trouverez sous l’onglet prolonger ou ici). M. Jean-Louis Gros a été joint au Gabon par téléphone. L’ancien ambassadeur du Gabon, François Banga Eboumi, n’a pas voulu faire de commentaires.
MEDIAPART
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Gabon : Pierre Péan, le scandale de trop
Jeune Afrique
Filiation douteuse, diplômes truqués, malversations, instigation d’assassinats… Dans son dernier livre, Pierre péan fait d’Ali Bongo Ondimba le diable en personne. Mais l’outrance est parfois mauvaise conseillère.
uche a donc piqué Pierre Péan ? L’écrivain-journaliste français, 76 ans, trente-trois ouvrages, souvent à succès, au compteur, crée encore la polémique avec Nouvelles Affaires africaines. Mensonges et Pillages au Gabon, sorti chez Fayard le 29 octobre. Deux cent cinquante pages au vitriol, quasi exclusivement consacrées à Ali Bongo Ondimba (ABO), fils de feu Omar – qui inspirait à Péan une fascination certaine.
À en croire l’auteur, l’actuel chef de l’État est le diable en personne… Il ne serait pas gabonais et n’aimerait guère ses concitoyens, lui, le Biafrais adopté par Omar parce que l’épouse de celui-ci, Joséphine Kama – alias Patience Dabany -, aurait été stérile (Péan ne dit mot de sa soeur disparue, Amissa, dont on se demande alors comment elle a pu naître « normalement »).
Il ne serait pas titulaire d’un doctorat en droit public de l’université Panthéon-Sorbonne, n’aurait pas été élu en 2009 (Péan a pourtant affirmé l’inverse, en 2011, à la télévision gabonaise : « [Son] élection est remarquable car il n’y a pas eu bourrage des urnes ou triches, ce qui est assez exceptionnel dans la région »), serait un voleur entouré d’une « légion étrangère » mafieuse, et même un assassin.
Pour couronner le tout, le chef de l’État serait un adepte du vaudou et un homme aux moeurs douteuses.
Ses victimes supposées : Georges Rawiri, l’ancien président du Sénat, empoisonné, et Jean-Pierre Lemboumba, cible d’une tentative de meurtre mais aujourd’hui conseiller d’ABO (une « victime », donc, frappée d’amnésie ou vraiment pas rancunière). Pour couronner le tout, le chef de l’État serait un adepte du vaudou et un homme aux moeurs douteuses.
La dérive du journaliste devenu pamphlétaire
Ce livre, mal édité (trop vite en tout cas) et mal écrit (Péan n’a jamais brillé en la matière), illustre la dérive d’un journaliste qui s’est mué en pamphlétaire sans jamais le reconnaître. Voilà près de dix ans que Péan n’est plus Péan. Depuis Noires Fureurs, blancs menteurs (2005), consacré au Rwanda de 1990-1994, puis avec Le Monde selon K. (2009), sur Bernard Kouchner, ou Carnages. Les Guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (2010), il s’attaque ad nauseam à tous ceux qui, selon lui, tels Kagamé ou ABO, s’en prennent à la France, à ses intérêts ou à son armée. Avec des relents de nationalisme cocardier, d’antiaméricanisme primaire et la conviction que la CIA trame avec le Mossad un vaste complot mondial.
Outre le fait que son récit est truffé d’inexactitudes, voire d’erreurs historiques (notamment quand il explique qu’il ne se passait rien à Brazzaville en 1959, alors que Laris et Mbochis s’affrontaient violemment sous les ordres de Fulbert Youlou et de Jacques Opangault), le vrai problème concerne son « enquête », celle d’un procureur qui ne se rend même plus sur les lieux évoqués.
Ses « sources » ? La rumeur, le fameux kongossa gabonais, qu’il transforme sans sourciller en vérité, les journaux d’opposition cités à l’envi, une pléthore d’anonymes, et les ennemis d’ABO. Jamais il n’a tenté de vérifier ses « informations » auprès des intéressés. Pis, il fait parler des morts – Omar Bongo, Jacques Foccart, Maurice Delaunay – qui ne le contrediront évidemment jamais.
Plainte en diffamation
Dernière ombre au tableau : le contrat envoyé par le sulfureux homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine au Palais du bord de mer proposant, moyennant plus de 10 millions d’euros, de surseoir à la parution dudit ouvrage. Si Péan nie être à l’origine de la manoeuvre, il s’est montré pour le moins imprudent en demandant à plusieurs reprises, entre janvier et mars 2014, à Alain-Claude Bilie-By-Nze, porte-parole d’ABO, de recruter l’un de ses amis, Jean-Louis Gros.
Bizarre, compte tenu de l’idée qu’il se fait du Gabon d’Ali. Et troublant, quand on sait que l’article 4 du contrat proposé par Takieddine comporte une clause visant à « procéder au règlement immédiat du contentieux en suspens portant sur des engagements existant entre [la présidence]et la personne qui lui a été désignée par M. Pierre Péan ». Serait-il ici question de Jean-Louis Gros et de son recrutement ?
Pour l’ensemble de cette « oeuvre », Péan a rendez-vous avec la justice : une plainte en diffamation a été déposée le 7 novembre, pour le compte d’ABO, devant le tribunal de grande instance de Paris.
Jeune Afrique