En hommage aux habitants de la ville de Daraa victimes de la répression, le chanteur et instrumentiste syrien Samih Chkeir a composé cette chanson:
Hélas. Trois fois hélas.
Le déluge des balles sur des gens sans défense.
Hélas.
Comment enfermes-tu des jeunes à l’âge tendre des roses ?
Toi, enfant de mon pays, meurtrier de mes enfants,
Tu tournes le dos à l’ennemi et tu me menaces de ton sabre !
Hélas, hélas…
C’est ce qui passe, hélas,
A Dara’a.
Ô ma mère, hélas.
Les jeunes entendent la liberté frapper à la porte.
Ils sortent pour l’acclamer.
Ils voient les fusils en face.
Ils se disent : « Ce sont nos frères, ils ne tireront pas ».
Mais ils nous ont tiré dessus à balles réelles
Au nom de la sécurité de la patrie, nous sommes abattus par nos frères.
Fratricide…
Nous, qui sommes nous ?
Demandez à l’Histoire de lire notre page.
Au seul mot de « liberté », le geôlier trépigne.
Quand la foule le crie, il enrage.
Il nous lance ses flammes.
Et nous, nous avons dit :
« Traître est celui qui tue son peuple, quel qu’il soit ».
Le peuple, comme le destin, ne s’incline jamais.
Le peuple EST le destin.
C’est l’évidence de l’espoir.
Depuis qu’il a composé et enregistré cette chanson, Sami Chkeir reçoit des menaces et insultes quotidiennes de partisans du régime syrien.
La Syrie de Bachar Al Assad serait-elle retournée au temps de la Jahiliya, la période de “l’ignorance” qui a précédé l’Islam ? Lorsque les tribus partaient alors en guerre, elles prenaient soin d’emmener avec elles leur poète. Avant de tirer les armes, on laissait le champ libre aux poètes qui s’affrontaient, déployant éloquence et inspiration dans la critique et la moquerie de l’adversaire. On voyait alors parfois des tribus céder le terrain sans combattre, convaincues que la force du poète préfigurait celle des guerriers.
Yâ raït… Si seulement…
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