42 % des adultes baptisés la nuit dernière ont entre 18 et 25 ans.
RÉSURRECTION La foi chrétienne séduit à nouveau : en témoignent les baptêmes d’adultes en hausse constante depuis 2021
Depuis cette nuit, l’Église compte 17 800 nouveaux catholiques qui ont été baptisés lors de la vigile pascale – une messe célébrée pendant la nuit de Pâques. En 2020, ils étaient 5 700. Une augmentation constante depuis quatre ans, « dont l’Église est la première étonnée ! » reconnaît Isabelle Quiblier, responsable du catéchuménat pour le diocèse de Lyon.
Parmi ces nouveaux baptisés, 7 400 sont adolescents et plus de 4 000 ont entre 18 et 25 ans. Les déclencheurs de leur conversion ? « Très divers,poursuit-elle. Beaucoup ont commencé à s’interroger sur la foi chrétienne en participant à une messe qui les a interpellés. » Élément que confirme Ludovic Hernandez, curé de paroisse à Carcassonne et accompagnateur de catéchu-mènes : «L’arrivée de ces jeunes au catéchuménat est très souvent précédée d’une expérience spirituelle particulière. Après ça, ils veulent comprendre ce mystère.» Résultat, la demande de ces nouveaux convertis est très portée sur l’enseignement de la doctrine « parce qu’ils l’exigent !s’étonne ce prêtre qui évoque un changement dans la manière d’enseigner la foi. Il y a encore quelques années, l’Église s’excusait d’être une religion de dogmes ; aujourd’hui elle ne peut plus s’en cacher car c’est exactement ce que les convertis viennent chercher ».
Les influenceurs catholiques, de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, offrent une réponse à ces questions de base sur la foi : « Qui est Jésus ? Qu’est-ce que l’eucharistie ? Comment puis-je me confesser ? Comment faire le carême ? » Sur TikTok, les demandes fusent. La chaîne Amen Média reçoit quotidiennement des messages de jeunes adolescents curieux de comprendre la religion chrétienne. « Les jeunes tombent sur nos vidéos par le hasard de l’algorithme et s’ensuivent des questions presque naïves sur la manière de vivre en chrétien », témoigne Paul Delafosse, fondateur du média. Une enquête de Famille chrétienne et Aleteia le confirme : 78 % des jeunes considèrent que les réseaux sociaux ont joué un rôle dans la découverte ou l’approfondissement de leur foi.
L’abbé Raffray, avec plus de 150 000 abonnés sur Instagram, confirme aussi les innombrables demandes de baptême : « Je ne suis qu’un aiguilleur,témoigne- t-il. Je redirige toutes ces personnes vers leur paroisse, qui pourra les préparer au baptême. » Lui remarque deux profils type : « L’adolescent en quête de sens qui va trouver dans la foi des réponses à ses questions existentielles, et le jeune père de famille qui s’interroge sur l’héritage spirituel qu’il aura à transmettre à ses enfants. »Parallèlement au monde virtuel, l’abbé Hernandez remarque ces mêmes schémas : « En milieu rural, ce sont plutôt des demandes de familles qui font baptiser leurs enfants, ce qui permet aux parents de redécouvrir la foi. Ils peuvent alors demander le sacrement de mariage ou de confirmation, explique-t-il. En ville, la demande vient plus de jeunes qui sont majoritairement issus de milieux populaires. Ils sont à la recherche d’un cadre spirituel et moral qu’ils ne reçoivent pas ailleurs. »
La forte présence de l’islam en France influence ce renouveau
La forte présence de l’islam en France n’est pas sans influence sur ce renouveau. « Les musulmans ont une foi assumée, avec un fort sentiment d’appartenance à une communauté, justement ce que n’ont pas d’autres jeunes, témoigne le père Pascal Tindano, responsable des jeunes dans sa paroisse. Ils vont alors se tourner vers la foi de leurs grands-parents. » Un effet « positif de contagion », selon ce prêtre. Avec leur conversion, les nouveaux baptisés intègrent une communauté qui a souvent été celle de leurs grands- parents. Noé, 22 ans et originaire de Haute-Savoie, a reçu le baptême hier avec dix autres adultes dans sa paroisse parisienne. Il confirme partager un même schéma familial avec beaucoup d’entre eux : les parents sont souvent baptisés, mais non pratiquants. « Notre génération a subi une rupture de transmission », confie-t-il.
Cette génération d’adultes qui n’a pas transmis la foi à ses enfants la redécouvre aussi ; en témoignent les confirmations d’adultes. L’année dernière, ils étaient 9 000 à recevoir ce sacrement le jour de la Pentecôte, deux fois plus qu’en 2022. « Cette hausse de catéchumènes n’est que la face visible d’un retour à la foi, se réjouit l’abbé Ludovic Hernandez. Il faut la mettre en parallèle avec les confirmations et les cours de catéchisme pour adultes qui foisonnent ! » Cet élan donnera-t-il raison à la prédiction attribuée à André
Malraux ? « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. »