Moyen-Orient En envisageant sérieusement la possibilité d’une attaque éclair contre l’Iran, les États-Unis s’exposent à l’embrasement de tout l’arc chiite dans la région dont les sunnites seraient les principales victimes. Mais dont ils sortiraient anéantis.
Paul Bremer, l’homme que le président américain George W. Bush avait nommé au poste d’administrateur civil de l’Irak, que ses forces venaient d’occuper, n’avait qu’un seul cauchemar : qu’éclate la confrontation entre les chiites irakiens et les forces d’occupation. Il a quitté l’Irak à la fin juin 2004 sans avoir eu à vivre un tel scénario. Mais, force est de constater que la Maison-Blanche est bel et bien confrontée aujourd’hui à ce cauchemar, non seulement à l’échelle des chiites irakiens, mais aussi et surtout à une échelle géopolitique englobant ce qu’il est convenu d’appeler l’« arc chiite ». Celui qui s’étend de Téhéran aux régions irakiennes à majorité chiite au sud, au centre et dans la capitale Bagdad elle-même. Il atteint aussi les régions libanaises de la Békaa, du Liban Sud et de la banlieue sud de Beyrouth, où le Hezbollah chiite a pu s’implanter. Sans oublier les quelques poches chiites au Koweït, au Bahreïn et en Arabie Saoudite. Extension du cauchemar : la Syrie, pays majoritairement sunnite, a fait alliance avec Téhéran pour compléter cet arc, de même qu’un groupe sunnite, le Hamas palestinien, à qui les électeurs ont donné une majorité parlementaire confortable.
Pourtant, jusqu’ici, la résistance à l’occupation américaine était exclusivement le fait de sunnites irakiens ou de groupes qui ont afflué vers la Mésopotamie à travers la nébuleuse d’Al-Qaïda. Dans la terminologie officielle américaine, ces groupes sont qualifiés de « terroristes » et, dans le meilleurs des cas, de « rebelles » ou d’« insurgés ». Pour la presse américaine pro-guerre, ils ne sont ni plus ni moins que des « voyous » (« Thugs », utilisé par le chroniqueur du Washington Post, Jim Hoagland), ou des « bandits » selon Thomas Friedman, du New York Times. Ce dernier est même allé jusqu’à dire que ces gens-là n’étaient pas des Irakiens, se demandant au passage ironiquement s’il y avait des Irakiens en Irak.
Un autre grand journaliste américain d’investigation, Seymour Hersh, a révélé il y a quelques semaines, dans une enquête publiée par The New Yorker, que les États-Unis avaient lancé une série d’opérations secrètes contre l’Iran, et que le Pentagone avait créé une cellule spéciale ayant pour mission d’élaborer des plans pour une attaque surprise foudroyante contre l’Iran. Des plans qui doivent être opérationnels vingt-quatre heures après avoir reçu les ordres du président Bush. Le vice-président Dick Cheney a présenté les détails de ce plan et le dispositif logistique régional qu’il requiert, lors de sa dernière visite en Arabie Saoudite. Ce faisant, il a court-circuité John Negroponti, le directeur du renseignement national, qui pourrait démissionner en signe de protestation. Si cette nouvelle stratégie, que certains experts de la Maison-Blanche appellent « redirection », ou réorientation, est appliquée, elle risquerait de provoquer une confrontation ouverte avec les chiites de toute la région. En Iran, mais aussi en Irak et au Liban. Elle apporte aussi, paradoxalement, un soutien inespéré aux groupes sunnites radicaux qui se sont illustrés par leur action militaire contre l’occupation américaine, et par leur prosélytisme idéologique en faveur d’un islam intégriste.
Il s’agit, en fait, d’une stratégie susceptible d’exacerber le brasier sunnite-chiite qui dévore chaque jour les enfants de l’Irak, et dont les victimes sont estimées à des centaines de milliers de morts. L’incendie pourrait s’étendre à l’intérieur de tous les pays où existe un déséquilibre démographique entre groupes sunnites et chiites. C’est le cas de l’Arabie Saoudite et de la majorité des pays arabes dans lesquels ce déséquilibre est à l’avantage des sunnites, ou encore à l’Irak et l’Iran où les chiites sont plus nombreux.
Cette stratégie repose sur une recette perverse et destructrice : la balkanisation sectaire et confessionnelle. Certains écrits américains non seulement justifient son bien-fondé, mais encouragent l’administration américaine à l’adopter en tant que stratégie finale pour le Moyen-Orient en général et les pays du Levant historique (Proche-Orient) en particulier. C’est en tout cas ce que préconise Robert D. Kaplan, le directeur de la rédaction du mensuel américain de droite, Atlantic Monthly.
Dans un article intitulé « Faire bouger l’Histoire » qu’il a réservé à l’édition européenne du Wall Street Journal, Kaplan écrit : « Les pays situés entre la Méditerranée et la Perse n’avaient que peu de consistance avant le XXe siècle. La Palestine, le Liban, la Syrie et l’Irak n’étaient que de vagues entités géographiques. Quant à la Jordanie, elle n’avait été mentionnée nulle part. Ainsi, si l’on supprimait les tracés officiels des frontières sur la carte, on se trouverait avec un croquis brouillon dessiné à la main pour des blocs démographiques sunnites et chiites dont les contours transgressent les frontières officielles […] S’il fallait trouver une vague ressemblance au Moyen-Orient avec l’ex-Yougoslavie, c’est bien dans la partie qui s’étend du Liban jusqu’à l’Iran qu’il conviendrait de la situer. Une région faisant face aujourd’hui au dépérissement du système étatique qui, durant de longues décennies, a pu se substituer à la disparition de l’empire ottoman. » Robert D. Kaplan prétend qu’aucun homme d’État depuis Napoléon Bonaparte n’a autant troublé le Proche-Orient que ne l’a fait – et le fait toujours – G. W. Bush. Il conclut son article en encourageant ce dernier à persévérer dans son œuvre de destruction de l’ordre post-ottoman car, dit-il, les conséquences ne pourraient être pires que celles découlant de l’effondrement de l’empire soviétique !
Kaplan s’attarde aussi sur la décomposition et l’effondrement progressif des Balkans à travers l’Histoire, pour comparer ce processus avec ce qui devrait se passer au Proche-Orient. Là, la « balkanisation devrait se terminer avec la décomposition de ses ‘États intérieurs’ » comme la Syrie et l’Irak, respectivement désignés comme la Grande Syrie et la Mésopotamie. Pour donner du poids à son argumentaire, Kaplan adopte un ton dramatique et péremptoire : l’Irak d’avant l’invasion américaine représentait un grave danger avec le maintien au pouvoir d’un dictateur comme Saddam Hussein, soutenu par « une bande de voyous sunnites », martèle-t-il. Qu’adviendrait-il, si un tel régime irakien, avec la hausse des prix du pétrole, devenait une puissance régionale forte et prospère ? Quant à la Syrie, elle aura à connaître davantage de divisions confessionnelles et ethniques qui ne manqueront pas d’aggraver les crises de son régime dictatorial, entraînant une montée en puissance de l’islamisme au sein de sa population majoritairement sunnite. Autant de facteurs quasi structurels empêchant toute réforme démocratique.
La seule vertu d’un tel discours est son extrême franchise, voire son cynisme. En effet, Kaplan ne s’embarrasse guère en affirmant : « À la place de la démocratie, il vaut mieux pour l’administration Bush de s’accommoder [au Proche-Orient]de n’importe quelle forme de gouvernance. Qu’on regarde bien les cartes du Moyen Âge où les frontières entre les régions étaient floues, que ce soit en Mésopotamie ou au Kurdistan, des régions sous influence perse.»
Les questions qui se posent aujourd’hui sont les suivantes : faut-il combattre le régime iranien pour son influence croissante en Irak, en Syrie, au Liban et en Palestine ? Pour les dangers supposés liés à l’enrichissement de l’uranium ? Pour la menace qu’il représente contre la sécurité d’Israël et les risques de déstabilisation de l’Arabie Saoudite, du Koweït et de Bahreïn ? Ou plutôt pour des raisons géopolitiques qui lui permettraient de retrouver sa gloire d’antan sous la monarchie et d’être une grande puissance régionale faisant face au monde arabe dans ses composantes sunnites et chiites ?
Quel que soit le plan nourri par les États-Unis à l’égard du monde arabe, il est d’ores et déjà patent qu’ils vont d’échec en échec dans le dossier des tensions entre chiites et sunnites. Ils créent actuellement les conditions pour transformer ces échecs en une catastrophe de grande ampleur. Elle se traduirait par un surcroît de revers subis par l’occupation américaine de l’Irak, et réduirait dangereusement les options politiques et militaires dont pourrait disposer Washington pour régler la question irakienne. Elle risque même de lui bloquer toute stratégie de sortie « honorable » du bourbier irakien.
Le plus inquiétant est que cette situation porte en elle les dangers d’une désintégration de la région, dont la guerre civile qui ravage aujourd’hui l’Irak présente un avant-goût. La division entre sunnites et chiites ne date certes pas d’aujourd’hui. Elle est même considérée dans l’histoire de l’islam comme la « grande discorde ». Elle ne remonte pas à 1374, mais à la mort du prophète Mohammad en 632. Au-delà de son caractère religieux et théologique, c’est aussi et surtout une question politique, démographique, sociale, économique et culturelle.
En envahissant l’Irak, les États-Unis ont permis aux plus extrémistes des chiites d’instrumentaliser cette question qui avait longtemps empoisonné l’histoire de l’islam. Ces zélotes irakiens ne font plus la différence entre les sunnites irakiens et les wahhabites saoudiens. Sur les sites Internet qu’ils dirigent, ils profèrent des menaces de mort contre les principaux hommes politiques irakiens de confession sunnite, y compris ceux qui font partie du gouvernement actuel, et appellent à abattre une mosquée sunnite chaque fois qu’une mosquée chiite est détruite.
Dans son approche de la question irakienne, Washington n’a pas pris en compte un fait : l’équilibre sunnite-chiite n’est pas forcément le fruit de l’acceptation par la minorité sunnite d’être gouvernée par la majorité chiite ; elle obéit à une équation démographique plus vaste et qui se traduit par le fait que les chiites dans le monde musulman sont quelque 200 millions sur 1,3 milliard de musulmans. À cela, il convient d’ajouter qu’une bonne partie de la tension entre les deux confessions en Irak n’est pas due à des facteurs politiques, comme l’accaparement par les chiites de la majorité des sièges au Parlement, mais à des considérations dogmatiques. À tort ou à raison, les sunnites ont l’impression que le réveil du chiisme – y compris les conversions parmi les sunnites d’Irak et de Syrie, où les rumeurs font état de la conversion du Grand Mufti de la République, qui doit être obligatoirement sunnite, au chiisme – vise à affaiblir la doctrine sunnite et à diviser ses adeptes. Le fait que ce mouvement de prosélytisme se fait, affirment certaines sources, avec le soutien logistique et financier de l’Iran chiite, n’est pas de nature à calmer les esprits.
Les stratèges de la Maison-Blanche, où l’on compte les ténors des néo-conservateurs, n’ont pas réalisé que les milices chiites et les groupes armés sunnites, en se faisant la guerre entre eux, portent en fait le coup de grâce à la stratégie politique et militaire américaine en Irak. Car les deux groupes antagonistes sont pareillement anti-américains, qu’ils aient combattu l’occupation ou préféré garder un silence calculateur ou opportuniste à son égard. Durant les trois premières années de l’occupation, quand le mausolée des deux plus grands imams du chiisme a été détruit à Samarra, l’occupant américain était pratiquement en état d’alliance non déclarée avec la plupart des milices chiites irakiennes, ce qui lui a permis de manœuvrer confortablement avec les groupes sunnites, qu’ils soient engagés dans l’action politique ou dans la lutte armée. Après le 6 février 2006, la situation s’est retournée et l’action des milices chiites a pris de l’ampleur. Désormais elles ne se contentent plus d’actions de représailles, mais se sont transformées en un quasi-État militaro-sécuritaire dans l’État. Les Américains se sont inquiétés du saut qualitatif de leurs opérations, avec le recours à un armement sophistiqué, en provenance de l’Iran voisin, d’après de nombreux rapports de renseignement.
À la lumière de ces développements, les palabres en vogue sur un conflit sunnite-chiite dans la région ne sont que l’arbre qui cache la forêt : à savoir la défaite au quotidien de l’occupation américaine en Irak, l’immense et inquiétant vide politique résultant du blocage du processus de paix au Proche-Orient et du refus de Washington d’y jouer un rôle et, enfin, l’impasse des régimes arabes alliés des États-Unis qui ne s’avèrent d’aucune utilité pour leur parrain, ne pouvant ni l’aider à résister aux coups de ses ennemis, ni passer à la contre-offensive, ni lui assurer les conditions d’une retraite honorable. Last but not least, aux problèmes proche-orientaux viennent s’ajouter les innombrables problèmes que les États-Unis s’apprêtent à affronter, ou affrontent déjà, en Afghanistan, au Pakistan et en Turquie.
Mais le pire est encore à venir. Plus les chiites pressentent que leur sécurité ne sera pas assurée par les États-Unis ou le maintien de l’occupation, plus ils lorgneront vers l’Iran. Plus les pressions américaines et occidentales sur l’Iran pour le dissuader d’enrichir l’uranium s’accentueront, plus le régime iranien s’immiscera dans les affaires intérieures irakiennes en prenant partie pour les mouvements chiites. Plus les prémices de la guerre fratricide entre chiites et sunnites se précisent, plus Téhéran se trouvera, à son corps défendant et à plus ou moins courte échéance, entraînée dans cette guerre. Les sunnites irakiens, principales victimes de ces développements, ont de plus en plus conscience des dangers d’une éradication et d’un partage de l’Irak entre chiites et Kurdes qui les menacent. Les sunnites en Palestine, au Liban et en Syrie, où le Golan est toujours occupé depuis 1967 par l’armée israélienne, se sentent eux aussi menacés.
On comprend pourquoi le quatrième anniversaire de la « libération » de l’Irak n’a pas donné lieu aux réjouissances festives qu’un tel événement aurait dû inspirer. Des dizaines de milliers de morts tombent chaque jour sur la terre mésopotamienne et éclipsent les congratulations obscènes bruyamment exprimées par les bourreaux irakiens et américains. Soulignons aussi que les massacres quotidiens ne sont plus les faits des hommes d’Al-Qaïda. Ils sont le résultat d’une guerre civile dans laquelle les Irakiens tuent d’autres Irakiens. Le cauchemar tant craint par l’ancien administrateur américain Paul Bremer est devenu une réalité sanglante, barbare, inqualifiable.
Repères chronologiques
632 : Mort de Mahomet. Abou Bakr est choisi calife pour lui succéder, au grand dam des partisans d’Ali, ou chiites, qui estimaient que cette fonction lui revenait.
656 : Ali est enfin proclamé calife après l’assassinat de son prédécesseur Othman.
661 : Assassinat d’Ali. Mouawiya, gouverneur de Syrie, se proclame calife. La « Grande Discorde » en Islam éclate.
680 : Hussein fils d’Ali proclame depuis la ville de Kerbela (Irak) la révolution contre le califat omeyyade (sunnite) à Damas qui envoie des troupes pour le défaire. Il sera décapité. Sa mort donne naissance, au sein des chiites, à l’imamisme, en tout douze imams issus d’Ali, considéré comme le premier d’entre eux.
873 : mort de Hassan al-Askari, 11e imam sans héritier adulte. Son fils, Mohammad al-Mahdi, disparaît, laissant à ses représentants dans tout le monde musulman le soin de diriger les chiites pendant son absence. C’est la « petite absence ».
1258 : les Mongols, conduits par Hulagu, détruisent Bagdad et mettent fin au califat abbasside.
1501 : Ismaïl Ier, fondateur de la dynastie safavide en Perse, décrète le chiisme religion officiel de l’empire safavide.
1920-1922 : les Arabes irakiens, sunnites et chiites, main dans la main, se révoltent contre le mandat britannique.
1922-1924 : Mustapha Kemal Atatürk abolit le califat ottoman islamique.
1978-1979 : vastes émeutes populaires contraignant le chah d’Iran à fuir. Retour de l’imam Khomeiny de son exil français pour y établir la République islamique.
1979 : Saddam Hussein s’empare de la totalité du pouvoir en Irak.
1980-1988 : guerre irako-iranienne.
1982 : Israël envahit le Sud-Liban et occupe Beyrouth. Fondation du parti du Hezbollah au Liban.
1983 : un attentat au camion piégé, attribué au Hezbollah, tue 241 militaires américains à Beyrouth.
2001 : attentats suicide du 11-Septembre à New York. Les États-Unis envahissent l’Afghanistan et renversent le régime sunnite des taliban.
2003: les États-Unis envahissent et occupent l’Irak.
Les principaux acteurs chiites en Irak
Ayatollah Ali Sistani (1930-)
C’est la plus grande autorité spirituelle chiite en Irak. Né en Iran, il fait ses études à Qom, le grand centre du chiisme iranien, avant de s’installer à Najaf (Irak) en 1951 pour poursuivre ses études théologiques. Contrairement à Khomeiny, il pense que les religieux ne doivent pas faire de politique. Cela ne l’empêchera pas de jouer un rôle politique actif depuis l’invasion américaine de l’Irak en 2003, et d’œuvrer pour fédérer les différentes factions chiites.
Moqtada Sadre (1973-)
C’est le petit-fils de l’ayatollah Mohammad Sadiq al-Sadre, assassiné avec deux de ses fils en 1999 à Najaf. Il bénéficie d’une grande influence dans la banlieue est de Bagdad qui porte, depuis 2003, le nom de Sadre City. C’est le chef de la milice chiite connue sous le nom d’« Armée du Mahdi » qui affronta militairement les forces américaines à deux reprises. Il s’appuie au Parlement sur un groupe de députés et a participé au gouvernement de Nouri al-Maliki, avant de le quitter en avril dernier en raison de son refus d’exiger un calendrier de retrait des Américains en Irak. Les forces américaines ont essayé à plusieurs reprises de l’arrêter, mais sans succès. On le dit actuellement réfugié en Iran.
Abdelaziz al-Hakim (1950-)
Le chef du Conseil supérieur de la révolution islamique (CSRI), l’un des principaux groupes chiites en Irak. Il est le fils de l’ayatollah Mohsen al-Hakim, qui fut, jusqu’à sa mort en 1970, le chef spirituel suprême des chiites dans le monde. Il a été emprisonné sous le règne de Saddam. À sa libération, il choisit de s’installer en Iran où il fonde, en 1982, le CSRI et les milices armées connues sous le nom de « Bataillons Badre ». Il s’est rendu en 2006 à Washington pour exhorter le président Bush à ne pas retirer ses forces d’Irak.
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