Rivalité entre Syrie et Arabie saoudite à l’Institut du monde arabe de Paris

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L’Institut du monde arabe à Paris se prépare à choisir dans les premières semaines son nouveau directeur général. Deux candidats s’affrontent: un Syrien et une Saoudienne. L’avenir de cette prestigieuse institution est en jeu.

MEt Paris, Damas, Le Caire – C’est la première fois que le changement de directeur mobilise aussi bien la parties française que la partie arabe. La coutume veut que le président, qui est français, soit désigné par l’Elysée, et que le directeur, qui est arabe, soit proposé par les pays arabes représentés par leurs ambassades. Ensuite, le choix est entériné par le conseil d’administration, composé pour moitié de représentants de la partie française, et pour moitié d’ambassadeurs arabes.

Mais comment s’entendre sur un candidat quand on est vingt-deux pays arabes ? Un membre du conseil d’administration assure qu’il n’y a jamais eu de problème, un consensus s’étant toujours dégagé avant la séance de vote du conseil. Il ajoute en hochant la tête: « Mais jusque-là; les représentants arabes ne se sont entendus que sur les pires candidats! » Allusion à l’actuel directeur général, l’Algérien Taleb Ben-Diab, qui termine son mandat dans deux mois sans avoir à son bilan une seule réalisation, occupé qu’il était à faire la sieste et à jouer aux mots croisés, comme l’a révélé Libé il y a quelque temps.

Situation inédite:

Autre nouveauté: les deux candidats sont des cadres de l’IMA, travaillant au sein de cet organisme depuis son ouverture. Ils connaissent les règles de fonctionnement des institutions françaises.
La Saoudienne Mona Khazindar, la cinquantaine, a une formation mixte en anglais et en français, en plus de l’arabe. Elle est en charge de la collection d’art contemporain de l’IMA. Elle a été commissaire de nombreuses expositions dont celle, récente, de l’art palestinien qui fut très appréciée.
Ses atouts: une compétence certaine dans le domaine de l’art contemporain, très prisé dans les pays du Golfe; des relations de confiance avec les conservateurs de grands musées, et surtout avec les artistes et les intellectuels. Sa présence à la direction de l’IMA permettra de réconcilier cette institution avec les pays du Golfe, et de donner à l’Arabie saoudite un visage moderne et dynamique.

Le candidat du président

B. Arodaki, bientôt septuagénaire, est décrit par d’anciens collègues comme « l’homme du président », de tous les présidents. Il aura réussi à se mettre, sans état d’âme, au service de tous ceux qui se sont succédé à la tête de l’IMA,. D’après un ancien cadre, ses débuts ont été désastreux dans le secteur culturel, dont il a été vite écarté après avoir fâché l’IMA avec tous les intellectuels de Paris.
Il a eu alors l’intelligence de passer à la gestion en accumulant de proche en proche les fonctions de libraire, d’animateur, de gestionnaire d’expositions, de contrôleur du restaurant, etc.
On comprend que l’actuel président, Dominique Baudis, l’apprécie particulièrement, au point de se mettre en campagne en sa faveur. Il aurait cherché un soutien à l’Elysée, auprès de M. Guéant, le conseiller diplomatique de Sarkozy, toujours heureux de plaire à la Syrie, comme on l’a vu dans le dossier libanais. Mme Baudis, qui est très présente dans la vie de l’IMA, a confié récemment à une amie: « Cest un boulet au pied, mais il n’hésite jamais à vous rendre service! »

Alors que la candidature de Mme Khazindar inscrite dans un décret royal a le soutien des pays du Golfe, celle de M. Arodaki est entourée de mystère. Elle aurait été décidée au début de l’été dernier pendant une visite de Dominique Baudis à Damas en compagnie de M. Arodaki. Contrepartie: la promesse d’une grande exposition et de nombreuses manifestations syriennes.

Est-ce tout? Pourquoi la Syrie qui ne manque pas de brillants francophones diplômés des universités françaises a-t-elle choisi un expatrié de longue date? Et surtout comment le régime syrien si paranoïaque se fie-t-il à un personnage ambigu, qui se faisait passer pour un opposant?
Le correspondant de MEt à Damas a cherché en savoir plus, mais il s’est heurté à une fin de non recevoir: « C’est le domaine réservé. N’insistez pas », lui a-t-on dit.

A suivre…

A lire:


Les mille et une notes de frais de Dominique Baudis

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Souhaila29
Souhaila29
12 années il y a

Rivalité entre Syrie et Arabie saoudite à l’Institut du monde arabe de Paris
Ce texte m’a éclairé sur ce sujet. Je n’avais que très peu cette façon de voir les choses j’ai l’impression que je vais gagner en autonomie. J’ai adoré!

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