Après des décennies de non-dit, le Liban vient à résipiscence et ose enfin proclamer son désir incoercible de se séparer du frère siamois qui s’obstine à vouloir lui pomper la sève jusqu’à la fin des temps.
Calmement et solennellement, le Liban ose enfin affirmer son rejet de la dictature dont il a subi les sévices pendant près de trente ans. Il ose enfin dire à son geôlier, en le regardant droit dans les yeux, que ni l’intimidation, ni les assassinats ne pourront plus éteindre la flamme qui a embrasé le cœur des Libanais. La séparation est inéluctable et plus rien ni personne ne pourra plus en empêcher l’échéance.
Trois ans après son éviction forcée du Liban, La dictature syrienne n’arrive toujours pas à faire son deuil de la « tutelle » qui lui a été gracieusement octroyée par les Grandes Puissances. Peu importe si ces dernières ont pendant longtemps fermé l’œil sur la brutalité avec laquelle elle gérait sa chasse gardée, leurs intérêts de l’époque étaient ailleurs.
Loin de profiter des multiples ouvertures qui lui ont été faites, elle continue à s’enfoncer avec une belle obstination dans une politique sans lendemain, fermement persuadée que les « cartes » dont elle dispose sur le terrain finiront par faire plier un jour tous ses adversaires réunis.
D’aucuns pourraient arguer que cette fuite en avant est la seule option qui lui reste pour inverser le cours des évènements et empêcher la tenue du Tribunal international. Or, en continuant à jouer le trublion au Liban ou ailleurs, non seulement le régime syrien en accélère la tenue, mais il détruit les dernières chances d’un compromis « à la libyenne » qui pourrait lui être proposé. Pire, en persévérant dans la même voie, il se forge surtout une figure de paria dont l’élimination deviendra chaque jour davantage une nécessité de salubrité arabe et internationale.
Aujourd’hui, l’étau se resserre un cran de plus. Les Arabes osent enfin à leur tour briser le non-dit et contrairement à une coutume ancrée dans leur imaginaire oiseux et qui les faisaient s’accrocher coûte que coûte à une « solidarité » de façade, ils se délectent aujourd’hui à étaler au grand jour leur différend avec le paria qui croyait pouvoir les terroriser en toute impunité.
Mais, c’est bien la gifle libanaise que l’amphitryon syrien ne peut pas supporter. Le boycott par le gouvernement libanais du sommet de Damas l’a touché de plein fouet. La nervosité était nettement perceptible sur le visage essoufflé de Walid Moallem dont la graisseuse majesté n’a rien trouvé de mieux pour contrer l’insolence libanaise que d’affirmer que « les absents n’ont pas voix au chapitre » (sic) !
Le poussah syrien ne se rend même pas compte de son insignifiance et contrairement à ce qu’il a l’air de croire, ce n’est pas « une occasion en or » que le Liban perd en boycottant le sommet, mais c’est tout simplement le collier de serrage qui le maintenait enchaîné depuis son indépendance.