Les nombreuses réactions et débats qui s’agitent autour de la question de la burqa ressemblent étrangement à cette identité masquée que cache ce vêtement. S’il s’agit d’un côté de ne pas montrer, ou de ne pas se montrer, de l’autre côté, il s’agit de ne pas dire. L’ensemble nous ramène à une place de marché où les opinions sont lancées à la criée : oppression de la femme ! Ostentation anti-républicaine… ! Du côté législatif, à l’assemblée, la teneur n’est pas tellement plus différente : claquage de porte, dérapage langagier dans la formulation des objections etc… Ainsi, le mystère allant en s’amplifiant, on crut bon d’ajouter quelques témoignages à la barre de femmes vivant sous ce vêtement, lesquelles, pour certaines se sont crues mise en demeure de dire qu’elles se sentent toujours libres malgré cet attirail, et pour d’autres, balbutier quelques propos, qui loin d’expliquer leur choix ou d’éclairer quoi que ce soit, confessent plutôt une ignorance affligeante de la religion qu’elles disent respecter en portant ce vêtement. De quoi s’agit-il ? De quoi parlons-nous au juste? Autant dire que l’ensemble serait franchement risible s’il n’était grinçant.
Parmi les opinions sérieuses qui tentent de sortir du galimatias commun, nous relevons l’article de M. Abdennour Bidar (1) , paru dans le Monde du 23 janvier dernier. Mais là encore, un certain mystère demeure. En effet, nous peinons à situer la position de la pensée quand au point sur lequel elle prétend ici porter secours. Car, la dimension ici est montée d’un cran. Il ne s’agit plus de simples paroles mais du domaine de l’analyse, ou la parole est justement passée avant de se prononcer par une phase de réflexion et de maturation. Cependant, l’interprétation que nous livre M. Bidar de la burqa laisse un grand scepticisme derrière elle. La vacuité de notre époque moderne, la société de consommation, la frivolité ambiante qui ne laissent plus place à la voix de Plotin ou encore de Nietzsche comme le déplore l’article est certes une idée qui peut avoir son bien-fondé. Néanmoins, il est vrai que face à une société d’images et de masques, considérer la burqa comme une révolte vestimentaire de l’individu face au groupe , un mode d’expression personnelle au même titre que le gothisme nous paraît de l’ordre de la simple analogie, prenant pour point commun référentiel l’excentricité d’un vêtement. Le culte effréné du paraître oblitère l’être, nous dit M.Bidar. Outre le fait que nous retombons à nouveau dans la dichotomie conflictuelle de l’être et du paraître que les penseurs cités par l’article ont eux-mêmes récusée, il est peu probable que l’être puisse trouver son expression et le moi son épanouissement dans l’enceinte de cette Burqa. De même qu’il est peu probable que cette révolte individuelle, mais étrangement exclusivement féminine, puisse à la fois se réclamer d’un dit archaïsme religieux (retour à ce que l’on croit être l’expression d’un âge d’or de l’Islam) et se constituer comme l’expression avant-gardiste d’un moi et d’un individualisme en perdition. Par ailleurs, l’on reste sceptique quand à la possibilité que le principe d’individuation, tel qu’il est présenté ici, ou même dans son acception générale, puisse percer les couches épaisses de l’obscurantisme dans lesquelles évoluent les défenseurs de la burqa.
Et si comme l’affirme M. Bidar, la burqa mérite d’être considérée autrement que par les références habituelles, on ne peut cependant pas décemment la considérer comme un reflet du « deviens ce que tu es » attribué à Nietzsche.
Pour finir, petit rappel méthodique. La burqa (non le voile, non le niqab, qui ont leur explication historique) est une élucubration de théo-crates, animés d’une volonté de domination outrancièrement machiste qui tente de s’appuyer sur des principes religieux pour exprimer son bien-fondé. Relevant de la pure apparence, elle est pourtant un diktat de la contre apparence, ou si l’on préfère de la dissimulation et donc du non-être, contrairement à ce qu’affirme l’article cité. Aussi, l’interdiction d’une telle pratique doit, pour être entendue, avant tout provenir des instances religieuses elles-mêmes. Que font-elles?
Arrêtons de brasser du vent !
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* Paris
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(1) Abdennour Bidar, philosophe écrivant notamment pour la revue Esprit, « La burqa, symptôme d’un malaise », Le Monde, opinions, article du 23/01/2010.
Le voile du mystère
moi je crois qu’il faut respecter les coutumes d’un pays quand on le visite.ceux qui viennent en france et veulent obliger les gens a les respecter malgre leurs bizarre costumes quelque fois,doivent etre tolerants si non qu’ils reviennent d’ou ils sont partis