Trente ans de discours lénifiants se sont évaporés en un clin d’œil et la tare inavouable, longtemps reléguée aux oubliettes, a resurgi comme une bête immonde pour éclabousser les victoires immaculées et souiller à jamais l’âme pure des martyrs.
L’heure n’est plus à la gloriole et aux laïus insipides. Le Hezbollah renonce enfin à la duplicité et reconnaît sa part d’ombre. L’événement est considérable et il a fallu l’assassinat de «Hajj Radwane», maître d’œuvre des opérations terroristes clandestines, pour que les deux faces de Janus se superposent.
Réduit depuis un an et demi à ronger son frein, Hassan Nasrallah attendait un signal du ciel pour voler vers de nouvelles victoires. Avec l’assassinat d’Imad Moughniyeh, son vœu est pleinement exaucé. Les forces de l’ombre peuvent enfin se libérer pour aller porter le fer hors des frontières libanaises et en découdre une fois pour toutes avec les «assassins des prophètes ».
La «guerre ouverte» peut enfin commencer !
Les «sionistes» n’ont-ils pas enfreint la règle qui limitait au territoire libanais le champ de bataille ? Hassan Nasrallah se sent délié de tout engagement et peut désormais assumer pleinement l’inclination des origines. Le terrorisme clandestin est mort. Vive le terrorisme des grands espaces.
En embrassant la «logique terroriste» au détriment de la «logique de résistance» le Hezbollah croît pouvoir sortir de l’impasse dans laquelle il s’enlise depuis l’interruption de la guerre de 2006. En effet, il ne peut plus «libérer» éternellement des territoires déjà libérés ni renoncer à un arsenal menacé par la rouille. Il ne lui restait plus que la fuite en avant, encore fallait-il une raison «judicieuse» pour le faire.
Coup de théâtre inattendu ! C’est l’ennemi juré qui lui en fournit l’occasion ou du moins c’est ce qu’il prétend puisque rien ne prouve encore qu’Israël est l’auteur de l’assassinat. Mais peu importe, l’aubaine est trop belle pour qu’elle soit refusée.
Pour Hassan Nasrallah, le champ est désormais libre pour s’approprier sans vergogne le credo d’Ahmadinejad et de prôner «la chute de l’Etat d’Israël». La boucle est ainsi bouclée et la Wilayet el-Faqih, qui unifie l’espace communautaire bien au-delà du territoire libanais, peut désormais s’exercer pleinement et briller de tous ses éclats.
L’apparition de Manouchehr Mottaki, ministre iranien des affaires étrangères aux obsèques de Moughniyeh est un signe qui ne trompe pas. Pourquoi diable, doit-il s’encombrer de formalités inutiles pour entrer et sortir du Liban. Ne vient-il pas «chez lui» auprès de ses frères d’armes et dans un «Etat» que son propre pays a créé de toutes pièces ?
En épousant aussi étroitement la «cause iranienne», le Hezbollah annonce les catastrophes à venir, mais creuse aussi sa propre tombe. Que Hajj Redwane dorme en paix, le martyrologe peut désormais s’allonger à l’infini !
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