« Il en faut peu pour être heureux », chantait Baloo, l’ours épicurien du « Livre de la jungle ». Bernard Kouchner y croit aussi et il le dit. Mais qu’est-ce qui rend le clown français (et accessoirement ministre des affaires étrangères) si guilleret ? Il venait tout simplement de rencontrer Bachar Al-Assad et de lui « arracher » une date approximative pour l’échange d’ambassadeurs entre la Syrie et le Liban.
L’exploit est tellement énorme qu’il ne pouvait pas cacher son bonheur. « Je suis heureux du fait que les nouvelles dispositions de la Syrie vont dans le bon sens », dit-il. Si ce n’est pas beau la vie !
Il en faut peu, en effet, à la France de Nicolas Sarkozy pour crier victoire. Cela fait une éternité que les Libanais réclament la reconnaissance par la Syrie de l’indépendance de leur pays. Les Libanais en ont rêvé, la France l’a fait. Alors, de quoi se plaint-on ?
On se plaint justement de la naïveté de Nicolas Sarkozy, qui pour se démarquer de la politique de son prédécesseur est tout simplement disposé à jeter le bébé libanais avec l’eau du bain, tout en jurant de sa loyauté et de son indéfectible amitié pour la cause du Liban et des Libanais.
On se plaint aussi de l’étourderie de Nicolas Sarkozy, qui croit qu’en s’ouvrant à la dictature syrienne et en l’absolvant de ses crimes, il réussira à la détacher de l’ogre iranien.
On se plaint surtout de l’erreur stratégique de Nicolas Sarkozy, qui croit qu’avec ses pantalonnades et celles de son envoyé, il sera capable de changer la nature d’un régime qui a érigé le terrorisme en une politique d’État et qui continuera à le pratiquer à la barbe et au nez des impuissances arabes et occidentales.
Bernard Kouchner peut rentrer dans son pays, fier de la mission accomplie, en fredonnant comme Baloo qu’il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux.
Honte à la France de confier sa diplomatie à un imbécile heureux !