SEIF EL-ISLAM KADHAFI, fils du colonel Mouammar Kadhafi, se montre confiant dans une solution rapide de l’affaire des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien condamnés à mort, enjeu depuis huit ans d’un bras de fer entre la Libye et l’Occident.
« Nous espérons que nous allons recevoir une proposition encourageante de la part de l’Union européenne, et aller de l’avant », déclarait-il au Figaro juste avant une visite à Tripoli, hier, de la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, et du chef de la diplomatie allemande, Frank Walter Steinmeier. « Si cette offre nous satisfait, et si les familles des victimes sont satisfaites, nous espérons arriver à un compromis avec les familles, qui ouvrira la voie au gouvernement pour arriver à une solution », ajoute Seif el-Islam Kadhafi, président de la Fondation Kadhafi et homme d’influence dans son pays.
Le fils du Guide de la révolution s’attendait à ce que les deux personnalités européennes apportent à la Libye leur « dernière offre ». C’est-à-dire, selon lui, et en premier lieu, un « plan médical national et pour l’Afrique » de lutte contre le sida, plus ambitieux que le plan déjà mis en place par l’UE dans la foulée de la condamnation des six praticiens, accusés d’avoir « volontairement inoculé le sida » à 426 enfants de l’hôpital pédiatrique de Benghazi. Un tel plan conforterait l’ambition de Kadhafi : devenir le représentant de l’Afrique dans ses relations avec les autres grands blocs.
Deuxième attente libyenne, un « accord spécial de partenariat entre la Libye et l’Union européenne », toujours selon le fils du Guide. Cet accord serait lié avec le plan médical évoqué plus haut. « Il permettrait de faire passer les fonds par des canaux officiels », ajoute Seif-el-Islam. Ce dernier estime qu’ensuite « un compromis pourrait être trouvé avec les familles des victimes ». Reste à savoir si des indemnités seront versées, et de quel montant. Si toutes ces conditions sont remplies, « à la fin, on pourrait activer les accords d’extradition entre la Libye et la Bulgarie », précise Seif el-Islam Kadhafi. Une allusion à un possible transfert des condamnés dans leur pays, en principe pour y terminer leur peine. Les condamnés devraient bientôt être présentés à la Cour suprême libyenne.
«L’homme de Lockerbie»
Cette issue est évoquée par le fils du colonel Kadahfi juste au moment où enfle une polémique entre Londres et le gouvernement régional écossais autour d’un accord passé par Tony Blair lors de sa dernière visite en Libye. Plusieurs médias britanniques pensent que Blair a accepté le transfert dans une prison libyenne d’Abdelbasset al-Megrahi, « l’homme de Lockerbie », qui purge à Glasgow une peine de prison à perpétuité pour avoir organisé l’attentat contre un Boeing de la Pan Am au-dessus de ce village écossais en décembre 1988. Le premier ministre écossais Alex Salmond a demandé une explication officielle à Tony Blair, al-Megrahi ayant été condamné par la justice écossaise, seule habilitée à décider de son sort.
Downing Street a reconnu la signature d’un « mémorandum sur l’échange de prisonniers », mais ajoute que « le nom d’al-Megrahi n’a pas été évoqué ». Le père d’une victime de Lockerbie, le docteur Jim Swire, s’est indigné au micro de la BBC : « On voudrait nous faire croire que cet accord concerne tous les nationaux libyens, sauf al-Megrahi. » Seif el-Islam Kadhafi parle d’un « accord général, et non un accord à propos du prisonnier de l’homme de Lockerbie ». Pourtant, ajoute le fils du Guide, « cela fait longtemps que nous demandons son transfert en Libye. Nous pensons qu’il est innocent. » L’ouverture pourrait venir d’une décision judiciaire, comme pour les infirmières et le médecin. Sans lier formellement le cas d’al-Megrahi à la libération des six condamnés, Seif el-Islam espère « une issue positive » de la réunion de la commission de révision des affaires criminelles écossaises, qui doit décider en juillet d’un éventuel renvoi en appel, à la suite de conclusions déposées par la défense de « l’homme de Lockerbie ».
http://www.lefigaro.fr/international/20070611.FIG000000341__tripoli_le_dossier_des_infirmieres_progresse.html