Métro, boulot, vibro… Enquête sur le boom des sex-toys
Enquête Ifop / Dorcelstore.com publiée l’occasion de la Saint- Valentin
Paris, le 9 février 2017. A l’occasion de la Saint-Valentin, Dorcelstore.com a commandé à l’Ifop une grande enquête afin de disposer de données fiables sur l’évolution et l’ampleur d’un phénomène longtemps tabou : l’usage des sextoys dans la population française et tout particulièrement chez les femmes. Réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 2 000 Français (soit deux fois plus que pour une étude habituelle), cette enquête confirme l’explosion des ventes de sextoys observées depuis une demi-douzaine d’années tout en brisant certaines idées reçues sur le sujet : le recours à ces jouets érotiques se faisant par exemple moins en solo qu’en duo.
LES CHIFFRES CLÉS DE L’ENQUETE
1. L’usage des sextoys a fait l’objet d’une diffusion spectaculaire en l’espace de dix ans
Aujourd’hui, près d’une Française sur deux (49%) admet en avoir déjà utilisé au moins une fois au cours de sa vie, contre un peu plus d’une sur trois il y a cinq (37% en 2012), 14% en 2009 et à peine 9% il y a dix ans (2007). Alors qu’elle constituait encore une expérience assez rare au début des années 2000, l’utilisation des sextoys s’est donc banalisée en à peine une dizaine d’années, et ceci avec une ampleur aussi spectaculaire dans la gent féminine (49% en 2017, contre 9% en 2007) que masculine (47% en 2017, contre 10% en 2007).
2. Près d’un quart des Français en utilisent actuellement
Pour nombre de Français(es), l’usage de ce genre d’accessoires est loin d’être une expérience de jeunesse, lointaine ou épisodique. Au contraire, un Français sur quatre (25%) en a utilisé au moins une fois au cours de l’année 2016, soit environ 10 millions d’individus si l’on extrapole les données à partir du dernier recensement[1]. Au quotidien, leur usage reste toutefois occasionnel : à peine 13% des femmes et 11% des hommes en ont utilisé au cours du mois précédent (dont 4% des femmes et 5% des hommes à un rythme hebdomadaire).
3. Contrairement à certaines idées reçues, le recours aux sextoys se fait moins en solo qu’en duo…
L’usage des sextoys ne se réduit pas qu’à une activité masturbatoire, « honteuse » et solitaire. En effet, l’étude révèle que la part de la population en ayant déjà utilisé à deux (45%) est plus élevée que celle en ayant utilisé seule (29%). Et si chez les femmes, l’expérience en solitaire (40%) est presqu’aussi fréquente que l’expérience en couple (45%), rares sont les Françaises à n’en avoir utilisé qu’en solo : 6% seulement. La plupart d’entre elles en ont utilisé soit qu’avec un partenaire (10%), soit à la fois en duo et en solo (34%).
4. Les Françaises se montrent ouvertes aux accessoires susceptibles de mettre un peu de piment dans leur vie de couple
Les résultats de cette étude révèlent une forte disposition de la population féminine dans son ensemble à utiliser un sextoy dans un cadre conjugal : 58% de l’ensemble des Françaises déclarant être disposées ou à avoir déjà utilisé un sextoy à deux. Et chez les femmes actuellement en couple, la proportion est encore plus forte : 75% des Françaises en couple actuellement se disent prêtes à utiliser un sextoy (ou un nouveau sextoy) pour pimenter leurs ébats ou leurs jeux sexuels si leur partenaire le leur offrait.
5. Vibromasseurs et autres sextoys vibrants ont le plus la cote auprès des Françaises
Au regard du type d’objets qu’elles utilisent le plus, les Françaises semblent avoir un net penchant pour les vibromasseurs, les stimulateurs ou les canards vibrants (41% en ont déjà utilisé) ou encore, d’autres sextoys vibrants comme les cockring (11%), les boules de Geisha vibrantes (8%) ou les œufs vibrants (8%). Elles sont en revanche un peu moins (33%) à avoir déjà eu recours à des sextoys non-vibrants – tels que des godes réalistes ou fantaisistes ou boules de Geisha classiques – ou, dans un autre genre, à un plug anal (4%).
6. Les bienfaits des sextoys sur leur vie sexuelle sont plutôt salués par les Françaises
Les deux tiers des utilisatrices (65%) trouvent que les sextoys contribuent à leur bien-être sexuel, leurs bienfaits étant notamment salués par les lesbiennes (88%) et les femmes encore vierges (100%). Mais leur impact sur leur vie sexuelle tient sans doute autant au fait qu’ils renforcent le côté ludique et érotique des rapports sexuels qu’à la production d’orgasme stricto sensu : la moitié des femmes en ayant utilisé avec un partenaire (53%) ne jouissant pas forcément plus facilement avec ce genre de jouets que lorsqu’elles n’en utilisent pas.
7. Internet constitue aujourd’hui le principal moyen d’acheter ce genre d’objets pour les Français
L’accès aux sextoys semble facilité par la dématérialisation de leur achat : près des deux tiers des Français (61%) les achetant sur le web, et, pour l’essentiel (48%), sur les sites de vente en ligne spécialisés (ex : Dorcelstore.com). Les magasins spécialistes de type «sex-shops » ou « loveshops » constituent l’autre principal circuit de distribution (27%). Enfin, les ventes à domicile (de type réunions Tupperware) s’avèrent être un mode de distribution non négligeable pour les femmes : 14% d’entre elles ayant acheté leur dernier sextoy de la sorte.
LE POINT DE VUE DE FRANÇOIS KRAUS DE L’IFOP :
A nos yeux, cette évolution spectaculaire de l’usage des sextoys découle d’un profond renouvellement de l’offre en termes de produits et de circuits de distribution mais aussi d’un changement radical des représentations associées à ce type d’objet.
Pour comprendre leur banalisation, il est en effet important de rappeler que leur commercialisation a radicalement changé à partir du milieu des années 2000 à la fois avec l’essor de sites de vente en ligne – offrant un accès plus aisé et plus discret à ce type de produit – et avec leur apparition dans les boutiques de centre-ville, en grande surface ou dans de nouveaux magasins spécialisés (de type « loveshops » ou « sexy stores »), nettement plus engageant pour les femmes que les sex-shops des quartiers chauds. Permettant à ces jouets érotiques de quitter l’univers déclassé et vulgaire des sex-shops traditionnels associés aux clichés d’une clientèle d’hommes célibataires et libidineux, ce changement de modes de distribution s’est accompagné d’un renouvellement radical des produits sur le plan stylistique. S’émancipant des représentations mimétiques du membre masculin au profit d’une apparence plus élégante et raffinée, une nouvelle génération de sextoys s’est imposée dans une registre ludique plus à même de répondre aux attentes de certains publics comme les jeunes ou les femmes.
Ce renouvellement de l’offre est allé de pair avec un changement profond des représentations associées aux vibromasseurs, amorcé par la presse féminine, les blogs ou des séries populaires comme la série Sex and the City dont un épisode culte contribua notamment à populariser et à légitimer socialement leur usage dans la gent féminine. D’objets « malsains » perçus comme des substituts à une sexualité défaillante ou comme le symbole d’une frustration sexuelle, ces jouets érotiques sont de plus en plus apparus comme des accélérateurs de plaisir, objets d’entrainement ou d’amélioration du plaisir en solo ou en duo.
Car si l’utilisation des sextoys reste encore une pratique solitaire associée à la masturbation, cette étude révèle qu’elle prend souvent sens dans le cadre d’une relation conjugale où ils permetent de relancer ou d’agrémenter la libido du couple. En cela, la massification de l’usage des sextoys semble donc reposer sur une dynamique plus large consistant à la fois à valoriser les pratiques sexuelles récréatives et à légitimer la recherche de l’orgasme féminin. Toutefois, si elle est le signe d’une conception plus égalitaire de la sexualité (intégrant notamment la norme de l’orgasme partagé), cette « technologisation du plaisir » [2] ne se développe pas sans dénaturaliser la sexualité et ouvrir la réflexion du rapport entre corps et technologie.
François KRAUS, directeur du pôle Politique / Actualité à l’Ifop
Delphine Poët, chargée d’études à l’Ifop
*
FICHE TECHNIQUE
Enquête IFOP pour DORCELSTORE.COM réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 23 décembre 2016 au 3 janvier 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 2012 personnes, représentatif de la population métropolitaine âgée de 18 à 69 ans
CONTACT PRESSE
Camille CLOUVEL, attachée de presse : camille.clouvel@dorcel.com / +33 (0)1 45 67 93 30 – +33 6 62 08 24 53
Echantillon de 2012 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, catégorie socio-professionnelle) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI – Computer Assisted Web Interviewing) du 23 décembre 2016 au 3 janvier 2017.
AVEC: Dorcelstore.com
Télécharger les résultats de l’étude (pdf, 1614 ko)
Télécharger l’annexe de l’étude (pdf, 4335 ko)