L’ÉCLAIRAGE
Un éminent diplomate a fait savoir à un responsable libanais que son pays était satisfait de la formation du gouvernement au Liban, dans la mesure où ce développement barre la route à l’installation du vide institutionnel tant au Grand Sérail, dans l’immédiat, qu’ultérieurement à la présidence de la République.
La mise sur pied du gouvernement, de la façon dont elle a eu lieu, traduit, en effet, une volonté locale et régionale de s’acquitter de l’échéance présidentielle dans les délais constitutionnels. Tout le monde paraît ainsi conscient du fait qu’une vacance de la présidence dans les circonstances actuelles, notamment en rapport avec l’évolution de la crise syrienne et avec la vague d’attentats terroristes qui frappe le Liban, serait dangereuse et même effrayante pour le sort du pays et de l’État libanais.
Voilà pourquoi le diplomate précité s’est dit prêt à recommencer, aux côtés de ses collègues concernés, les démarches qu’ils avaient entreprises pour aplanir les obstacles qui entravaient la formation du cabinet. Ils avaient à cet effet effectué des visites en Arabie saoudite, en Iran et en France. Les entretiens qu’ils avaient eus avec les dirigeants de ces pays avaient débouché sur une levée des entraves.
Des efforts similaires, souligne le diplomate, pourraient être déployés à présent afin de paver la voie à une tenue à temps du scrutin présidentiel. De nouvelles visites, essentiellement à Riyad et Téhéran, seraient donc envisagées.
Plus généralement, on affirme dans les milieux diplomatiques que l’échéance présidentielle est à présent le thème prioritaire pour toutes les puissances concernées par le Liban. Et ces puissances estiment que du moment où il a été possible de former un gouvernement constitutionnel et rassembleur, il n’y a plus de risque de vacance au niveau de la présidence de la République.
Dans ce cadre, il convient de rappeler, comme le souligne une source informée, que des milieux diplomatiques avaient clairement œuvré en vue du rétablissement des contacts entre le Courant patriotique libre du général Michel Aoun et le courant du Futur. Un éminent diplomate, qui a lui-même contribué au rapprochement survenu entre les deux parties, encourage cette ouverture aouniste dans la perspective d’un repositionnement du CPL au centre. Or, les milieux diplomatiques sont conscients du fait que le général Aoun est demandeur d’une telle ouverture à la veille de la présidentielle, dans la mesure où il se comporte comme le candidat le plus fort à la première magistrature.
Il reste que des milieux du 8 Mars s’efforcent de faire circuler le bruit selon lequel toute l’action du général Aoun ces derniers temps, et notamment son ouverture en direction du chef du courant du Futur Saad Hariri, avait reçu l’aval, voire l’encouragement, du Hezbollah, lui-même désireux de rompre la glace avec la partie adverse.
Toujours est-il que les diplomates tentent actuellement de capitaliser sur le climat de détente qui a prévalu lors de la formation du cabinet pour le consolider et l’étendre à l’ensemble des parties politiques du pays. C’est la raison pour laquelle l’initiative du Hezbollah de dépêcher chez le nouveau ministre de la Justice, Achraf Rifi, l’un de ses hauts responsables, Wafic Safa, a été bien accueillie.
Toutefois, il reste bien sûr le problème de la participation du Hezbollah à la guerre en Syrie. Un ministre au sein du cabinet estime qu’il revient au parti de Dieu de prendre sur ce plan une décision courageuse et de retirer ses combattants du territoire syrien en vue de renforcer le climat de détente et d’éteindre le feu de la discorde, et ce d’autant plus que l’idée selon laquelle l’intensification des attentats terroristes contre les régions chiites est liée à l’implication du Hezb en Syrie est de plus en plus ancrée chez le public de ce parti.