Depuis près d’un demi-siècle nous vivons en état de guerre permanente, ponctuée de trêves plus ou moins longues. Nous avons connu, après les évènements de 1958 une guerre qui s’est poursuivie de 1975 à 1989, quatre guerres avec Israël (1978, 1982, 1996 et 2006) et deux occupations militaires : une israélienne qui s’est poursuivie de 1978 à 2000, et l’autre syrienne qui s’est maintenue de 1990 à 2005.
En 1989, nous avons eu, avec l’accord de Taëf, une chance de paix que nous n’avons pas su saisir. Cet accord qui prévoyait de refonder notre vivre-ensemble aux conditions de l’Etat, a été torpillé par le régime syrien qui a refusé de retirer ses troupes du Liban, empêché le désarmement des milices chiites promues au rang de mouvements de résistance et relancé les tensions communautaires.
En 2005, une nouvelle chance de paix s’est offerte à nous après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, les retrouvailles islamo-chrétiennes du 14 mars 2005, le retrait des troupes syriennes (26 avril 2005) et la formation d’un Tribunal international. Cette chance de paix a été une nouvelle fois torpillée par le régime syrien qui a lancé une véritable contre-révolution, marquée notamment par une campagne d’assassinats politiques sans précédent dans l’histoire du pays.
En 2011, une nouvelle chance de paix s’offre à nous avec la révolution menée par le peuple syrien contre un régime qui a joué un rôle déterminant dans la guerre qui a ravagé notre pays en contribuant à susciter la violence, à l’entretenir et à bloquer toutes les tentatives d’y mettre un terme. Mais les partis liés à ce régime tentent d’empêcher le changement en attisant dans un premier temps les « peurs » communautaires, puis en s’engageant à partir de 2013 dans les combats en cours. La participation militaire du Hezbollah a eu pour effet de relancer les tensions entre Sunnites et Chiites, et de jeter ainsi les bases d’une véritable guerre civile entre les deux communautés.
Cette guerre civile si elle éclatait signifierait la fin du Liban. Or l’Etat est incapable de préserver la paix civile. Son impuissance n’est plus à démontrer d’autant que sa légitimité risque d’être remise en question si les élections législatives sont reportées.
Sur base de ce qui précède, les signataires de cet appel appelle la société civile dont le rôle a été déterminant dans la bataille pour l’indépendance à se mobiliser, avant qu’il ne soit trop tard, pour empêcher la reprise de la guerre et mener la bataille de la paix avec les forces et les mouvements concernés, et cela à différents niveaux :
• En soutenant dans toutes les régions les forces qui donnent la priorité au vivre-ensemble sur la « peur de l’autre » qu’alimentent les partis confessionnels.
• En réhabilitant l’accord de Taëf pour jeter les bases d’un Etat civil et en faire un modèle pour les pays de la région en proie à des problèmes semblables à ceux que nous avons connus.
• En jetant les bases d’une culture de la paix et du vivre-ensemble qui mettrait un terme à ce processus de réduction qui est à l’origine de la violence qui ravage le Liban : réduction de l’individu à la communauté et réduction de la communauté au parti ou au « chef » qui prétend la représenter.
• En transformant les prochaines élections législatives en un référendum sur la question de la paix.
• En soutenant les initiatives qui visent à assurer la participation de la femme – facteur de paix dans une société marquée par la violence – à la vie politique.
• En tournant la page de la guerre à travers un travail de mémoire et de réconciliation.
• En œuvrant avec les représentants des sociétés civiles à jeter les bases d’un monde arabe démocratique et pluraliste
Les signataires de cet appel vont organiser un congrès pour discuter des mesures à prendre.
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