L’ÉCLAIRAGE
Les divers milieux politiques se mettent ces jours-ci à l’heure de New York où le président de la République, Michel Sleiman, s’est rendu à la tête d’une délégation libanaise pour prendre part à la soixante-huitième session de l’Assemblée générale des Nations unies.
M. Sleiman va prononcer à cette occasion un discours dans lequel il va réaffirmer un certain nombre de ses constantes nationales et mettre l’accent sur la déclaration de Baabda et la neutralité du Liban face aux conflits régionaux et internationaux.
Le chef de l’État évoquera aussi le soutien aux institutions et à l’armée, la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité et le principe du recours au dialogue dans le règlement des crises de la région, y compris la question syrienne. Enfin, il abordera le dossier palestinien ainsi que la tenue de la conférence internationale à la fin du mois de septembre à Genève pour subvenir aux besoins des populations syriennes déplacées.
M. Sleiman aura par ailleurs, on le sait, des entretiens en marge des travaux de l’Assemblée générale, en particulier avec le président américain, Barack Obama, qui avait lui-même formulé le souhait de le rencontrer.
Demain mercredi, il prendra part à la conférence du Groupe international d’aide au Liban, qui se tiendra elle aussi en marge de la session de l’ONU et est destinée à renforcer le soutien protecteur de la communauté internationale à l’égard du Liban.
L’un des membres de la délégation libanaise indique que la conférence se tiendra en présence des ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Chine), des délégués des autres États membres du Conseil et des représentants d’États désireux de prodiguer leur aide au Liban dans divers domaines.
Selon ce responsable, on s’attend ainsi à ce que cette conférence débouche sur une sorte de « parapluie international » renforcé pour le Liban. Selon lui, l’ordre du jour de la conférence se résume comme suit :
– Soutenir et consolider la stabilité au Liban, et appeler au respect et à la mise en œuvre de la déclaration de Baabda et de la politique de « distanciation » afin de neutraliser le pays face aux événements de la région et en particulier de ce qui se passe en Syrie.
– Renouveler le soutien à l’indépendance et à la souveraineté du Liban.
– Appeler à la mise sur pied le plus rapidement possible d’un gouvernement en titre capable de jouer un rôle de partenaire aux côtés des États désireux de fournir une aide au Liban.
– Soutenir les institutions libanaises et en particulier l’armée, qu’il convient d’aider à tenir son rôle et assumer ses responsabilités sécuritaires.
– Soutenir la stabilité économique au Liban en cette phase, accorder un satisfecit au rôle et à la politique du gouverneur de la Banque centrale et préparer l’entrée du Liban dans le club des États pétroliers une fois que l’extraction du gaz offshore commencera.
– Enfin, soutenir le Liban dans ses efforts à gérer le poids occasionné par l’arrivée massive de réfugiés syriens sur son territoire.
Sur ce dernier point, on sait que la classe dirigeante libanaise s’avance dans la désunion la plus totale à la suite des désaccords qui ont éclaté lors de la réunion de travail tenue la semaine dernière au Grand Sérail sous l’égide du Premier ministre sortant, Nagib Mikati, en présence d’un certain nombre de ministres et de diplomates étrangers.
La réunion avait été tenue pour examiner une étude établie par la Banque mondiale, laquelle conclut que les besoins du Liban pour venir à bout de ce dossier se montent au total à quelque 7,5 milliards de dollars.
Les désaccords ont porté notamment sur la transparence des fonds appelés à accueillir les montants qui seraient versés au Liban.
De plus, un ambassadeur ayant proposé que les sommes revenant aux municipalités au titre des communications téléphoniques et qui sont retenues au ministère des Télécoms (près de 2 milliards de dollars) soient débloquées et utilisées par le gouvernement libanais dans ce dossier, cette proposition a suscité un tollé chez les responsables libanais, qui y ont vu une ingérence dans une affaire intérieure libanaise.
En l’absence d’une position unifiée, la délégation libanaise s’est donc rendue à New York sans un plan précis pour ce qui est du dossier des réfugiés, se contentant d’emporter une série de propositions hétéroclites. L’une de ces propositions porte sur la création d’une sorte de commission mixte, formée de représentants de l’État libanais, des États donateurs et de la Banque mondiale, et dont la tâche consisterait à réceptionner les fonds et à surveiller leur allocation à des projets mis au point par les ministères.