Réunis à Rome, lundi 3 février, les représentants de 18 pays membres du Groupe de travail de haut niveau sur la Syrie ont fait un triste constat : l’impuissance de la communauté internationale à apporter à la population syrienne l’assistance dont elle a le plus urgent besoin. Chef de la diplomatie italienne, Emma Bonino a évoqué « la pire tragédie de notre époque » et considéré qu’il s’agit là d’une « honte dont nous portons tous la responsabilité ». Les Syriens ne pouvant accéder sans difficulté aux aides humanitaires sont dorénavant estimés à 9 millions, dont 3 millions dans une situation proche de la détresse. Cela justifie le cri d’indignation de la ministre des Affaires étrangères du pays hôte, qui a affirmé : « Nous ne pouvons plus accepter ce qui se passe en Syrie ! Il y a une urgence extrême ! »
Le porte-parole de la Coalition nationale des Forces de la Révolution et de l’Opposition syrienne a immédiatement réagi à cette prise de conscience en déclarant que « le projet de résolution en cours de préparation à l’ONU, pour réclamer l’acheminement des aides humanitaires aux 3 millions de civils syriens assiégés à Homs et dans plusieurs autres villes, nous permettra de mettre à l’épreuve la position et les intentions de la Russie à l’égard du peuple syrien, selon qu’elle lui donnera son accord ou qu’elle tentera de l’empêcher ». Pour le moment, selon Louaï al-Safi, la Russie n’a pas tenu les engagements à ce sujet qui figuraient pourtant dans le « Communiqué de Genève 1 » qu’elle avait cosigné le 30 juin 2012.
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Il est grand temps que la communauté internationale, qui avait réagi à la fin du mois d’août 2013 à l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien contre sa population, s’aperçoive que Bachar Al-Assad recourt depuis près de 3 ans contre ses compatriotes à une quantité d’autres armes de destruction massive internationalement prohibées. Loin d’être des comportements isolés et le résultat d’initiatives individuelles, les rafles et les emprisonnements, les mauvais traitements aux détenus, la torture des prisonniers, le viol des femmes, les exécutions sommaires, les massacres de population, les blocus alimentaires, la privation de médicaments, l’assassinat des personnels médicaux dispensant des soins aux blessés, le bombardement des hôpitaux et des écoles, les évacuations forcées de quartiers entiers, leur destruction à des fins militaires, politiques ou ethniques, la projection sur des civils de barils de TNT…, constituent, au même titre que les chars, les canons, les avions ou les SCUD, des armes que Bachar al-Assad utilise de manière systématique, organisée et planifiée, dans la guerre qu’il mène contre sa population, présentée comme une « lutte contre le terrorisme ».
Condamnées par toutes les conventions internationales concernant l’état de paix et l’état de guerre, ces armes servent les objectifs qui sont les siens : d’abord se maintenir au pouvoir aussi longtemps qu’il le pourra et quoi que veuille sa population ; terroriser ceux qui s’opposent à ce projet et rebâtir autour d’eux le « mur de la peur » qu’ils ont renversé en sortant dans les rues pour réclamer son départ ; supprimer, par la mort ou par l’exode forcé, ceux qui résistent encore ; empêcher que les Syriens expulsés de chez eux trouvent refuge où que ce soit à l’intérieur de son pays ; sanctionner ceux qui contrecarrent ses projets en leur offrant un accueil ; repeupler les zones vidées de leurs habitants par des éléments totalement acquis à son régime ; etc. etc.
Il faut rappeler ici que, pour Bachar al-Assad, la neutralité n’est ni une position, ni une option. Elle n’existe pas. Qui ne lui fait pas allégeance en parole et en acte est un opposant. Donc un adversaire. Donc un ennemi. Donc un terroriste… qu’il est légitime de combattre par tous les moyens. On a vu à de multiples reprises, à Jaramana, à Salamiyeh, à Soueïda…, que, pour faire basculer dans son camp les Syriens qui refusaient d’entrer dans son jeu, s’abstenant de prendre les armes pour se protéger contre une hypothétique menace et ouvrant les bras aux réfugiés d’autres confessions en provenance d’autres localités, il n’hésitait pas à leur faire subir une partie de ce qu’il réservait à ses « ennemis ».
Il est grand temps aussi que la communauté internationale admette que, non content d’être un criminel, Bachar al-Assad est un menteur et que, conformément à ses directives, ses principaux communicants se comportent en négationnistes. Lui-même ne reconnaît ses crimes et ceux de ses partisans que lorsqu’il ne peut faire autrement. Quelques jours après le début du soulèvement, il avait nié avoir donné l’ordre à son armée d’ouvrir le feu sur les manifestants à Daraa. Il y a quelques mois, il affirmait encore qu’il ne possédait aucune arme chimique, et que de toute façon, s’il en avait, il ne les utiliserait jamais contre sa population. Entretemps, il avait tenté de faire croire, par ses moyens de propagande, que les mauvais traitements infligés aux jeunes gens du village d’al-Bayda, près de Banias, en mai 2011, ne concernaient pas son pays mais qu’elles avaient été tournées ailleurs pour ternir sa réputation. Il avait fait imputer à des hordes de terroristes le massacre par ses chabbiha de plus d’une centaine de personnes, principalement des femmes et des enfants, dans le village d’al-Houleh, en mai 2012. Il n’avait pas hésité – si ce n’est lui personnellement, du moins ses porte-paroles et ses médias – à attribuer à des proches ou des opposants l’assassinat et la mutilation de certaines victimes tuées dans des conditions particulièrement abjectes, parmi lesquelles le jeune Hamzeh al-Khatib et le chanteur Ibrahim Kachouch. Il y a quelques jours, interrogée en marge de la « Conférence de Genève 2 » sur les photos des 11 000 Syriens décédés sous la torture ou morts de faim dans une seule des innombrables geôles de son pays, Bouthayna Chaaban, sa conseillère politique et médiatique, a soutenu, contre l’avis de 3 anciens juges à la Cour Pénale Internationale, qu’il s’agissait de photos « bidonnées » parce que c’était le Qatar qui avait financé l’opération d’analyse et de publication de ces terribles documents…
Il faut rappeler ici que c’est par dégoût pour les mensonges que sa fonction lui imposait de proférer lors de ses conférences de presse, que Jihad al-Maqdisi, porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, s’est résolu, en décembre 2012, à démissionner et à fuir son pays. Son départ traduisait une position morale et sa honte d’être instrumentalisé contre le peuple syrien. Il n’avait rien de politique. D’ailleurs, à ce jour du moins, il ne s’est rallié à aucun parti et à aucune organisation. Mais il n’en pas moins été contraint, pour sa sécurité et pour celle de sa famille, de chercher refuge hors de son pays.
Il est grand temps que la communauté internationale admette que Bachar al-Assad ne renoncera jamais aux procédés qui lui permettent de rester en place. On ne peut se fier à ses promesses, puisque, comme on vient de le constater une nouvelle fois dans l’affaire des armes chimiques, il ne tient ses engagements que lorsqu’il ne peut faire autrement, après avoir longtemps tergiversé pour gagner du temps et pour faire croire à ses partisans qu’il ne se soumet jamais, ne faisant que ce qu’il a décidé quand il l’a décidé. Il était prévisible qu’il tenterait de reprendre d’une main ce qu’il avait été obligé de concéder de l’autre, et que « ceux qui avaient aimé la commission Hariri, allaient adorer la commission sur les armes chimiques ».
La difficulté à laquelle se heurtent ceux qui viennent de condamner à Rome la prise en otage de toute une population sous la menace d’armes humanitaires, est que la Russie, seul Etat susceptible de contraindre Bachar al-Assad à respecter les règles de droit et les principes humains que son pays a signés, se comporte à peu de choses près de la même manière… Alors qu’ils sont les auteurs de la proposition qui a sauvé la peau de leur obligé, les Russes restent étonnement silencieux face aux rumeurs, non seulement de mauvaise volonté de la part de leur jeune ami, mais également de dissimulation de certaines quantités de ces produits interdits. Si l’on en croit les interventions de leur armée de l’air en Syrie, les Israéliens en savent apparemment beaucoup plus qu’eux sur cette question aussi.
Il est grand temps que la communauté internationale reconnaisse qu’elle ne peut compter sur Bachar al-Assad pour faire parvenir aux populations en situation de détresse les secours dont elles ont le besoin le plus urgent. Comme ailleurs en de telles circonstances, une partie des produits alimentaires et médicaux a toutes les chances d’être détournée, avec l’accord tacite et la bienveillance des plus hauts responsables, et d’être mise sur le marché. Une autre partie sera bien distribuée, mais elle ira en priorité aux clients du régime et à ceux qui en ont le moins besoin, parce qu’ils vivent dans des zones contrôlées par le gouvernement dans lesquelles tout est disponible ou presque, même si c’est à des prix en hausse constante. Quant aux populations véritablement sinistrées, la perspective de la remise de nourriture après des mois de blocus et de famine servira – comme on vient de le voir s’agissant de certains quartiers de Homs – à les faire sortir puis à les chasser de leurs quartiers. Ceux qui ne seront pas alors arrêtés iront grossir le flot des réfugiés et seront livrés à un sort incertain.
Il est grand temps que la communauté internationale entende enfin ce que les opposants syriens n’ont cessé de clamer au péril de leur vie, non pas depuis mars 2011, mais depuis la suppression des droits et la confiscation des libertés par le Parti Baath, en mars 1963. Comme la délégation de l’opposition vient encore une fois de le rappeler, à Montreux et à Genève, lorsqu’elles sont le fait du pouvoir, les exactions contre les populations ne cesseront en Syrie qu’avec le départ de Bachar al-Assad, la neutralisation de son entourage familial et clanique, et la mise en jugement des principaux responsables de ses services de sécurité. Ces mesures ouvriront la voie à la mise en place, concertée entre Syriens, d’un système politique démocratique dans lequel les citoyens auront la possibilité de faire entendre leur voix et d’exercer leur contrôle sur les agissements de ceux qu’ils auront choisis pour les gouverner.
Syrie. Pas de solution humanitaire sans solution politique… et le départ de Bachar al-Assad
Pas de depart d’Assad, LA MORT! Lui et toute sa tribu d’assassins doievt crever car ce sont des hyenes. Ce n’est qu’a ce moment que la region connaitra la paix car les 3/4 des problemes seront regles.