Quand Hassan Nasrallah se pose en guide de la République libanaise

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Dans l’interview en question, le secrétaire général du Hezbollah a déclaré que le Liban, au même titre que l’Iran, la Palestine, la Syrie et le Yémen, faisait partie de l’axe de la résistance. Il a en outre, une fois de plus, adressé des critiques à l’Arabie saoudite.

À ce discours s’ajoute la récente visite au Liban-Sud du chef de la milice chiite irakienne « Assaëb Ahl el-Haq », Qaïs el-Khazaali, dont tout laisse croire qu’il est entré au Liban sans passer par les services de la Sûreté générale, comme le ferait tout visiteur qui se respecte et respecte la souveraineté libanaise.

Le moins qu’on puisse dire, assurent des milieux ministériels, c’est que les propos de Hassan Nasrallah ne correspondent pas au climat qui doit entourer les préparatifs des différentes conférences d’appui au Liban qui se tiendront à l’initiative de la France, et dont le Liban escompte des bénéfices sur le plan économique, un appui à un plan de retour des réfugiés syriens, ainsi que des aides à l’armée et aux forces de sécurité.

« Nasrallah se prend, ni plus ni moins, pour le guide de la République libanaise », ironise un leader de la révolution du Cèdre, et son action s’inscrit dans le cadre d’un agenda où le Liban occupe probablement la dernière place, par rapport aux grands idéaux de la révolution islamique que cherche à exporter l’Iran. Des idéaux pour lesquels il est prêt à brader la Constitution, les résolutions internationales, la souveraineté et l’indépendance du Liban, sans parler de ses frontières.

(Lire aussi : Le discours de Nasrallah revu à la loupe du 8 Mars)

Pour un ministre, Hassan Nasrallah rêve de reconquérir Jérusalem, indifférent à l’atonie économique qui frappe le Liban et à la lame de fond qui a enflammé les rues de nombreuses villes iraniennes, avant d’être réprimée dans le sang et la terreur, non sans avoir révélé une profonde détestation d’une partie de la population pour la dictature des ayatollahs et le projet hégémonique (et coûteux) de Téhéran, qui va de l’Iran à Gaza.

L’exportation de la révolution islamique se fait par la dilapidation des ressources iraniennes dans la folle ambition de reconstituer l’Empire perse, au mépris d’un peuple qui s’appauvrit et se voit contraint de financer l’effort de guerre de l’Iran en Syrie, en Irak et au Yémen, et la transformation du Liban en base de fusées, estime en substance cette source.

(Pour mémoire : Nasrallah : La contestation en Iran est terminée)

Une place à la table des négociations
Ce que Hassan Nasrallah veut, c’est se réserver une place à la table des négociations sur l’avenir de la Syrie. Y réussira-t-il ? Ce qui est sûr, en tout cas, c’est qu’il a déjà marqué des points en ce sens. C’est ainsi qu’on apprend que le secrétaire général du Hezbollah a assisté clandestinement à la conférence qui s’est tenue à la base aérienne de Hmeimim (Lattaquié) au cours de laquelle Vladimir Poutine avait annoncé sa décision de retrait militaire partiel de Syrie et de renforcement des bases de Hmeimin et Tartous. Une conférence à laquelle assistaient Bachar el-Assad et Qassem Souleimani, le chef du corps d’élite des pasdaran.

On apprend aussi que le Hezbollah a parrainé des rencontres avec diverses factions palestiniennes et mouvements de résistance, pour mieux coordonner l’aide à l’intifada en Palestine, parallèlement aux efforts déployés par le président égyptien pour préserver l’unité entre le Fateh et le Hamas, en prévision d’un sommet arabe extraordinaire sur la Palestine qui se tiendrait à l’appel des dirigeants saoudiens.
« Qui donc a chargé Hassan Nasrallah de tous ces contacts dont aucun membre du gouvernement n’a été informé et en l’absence de tout représentant de l’institution militaire ? » s’interroge une source chrétienne qui redoute les conséquences de ce qu’il tient pour « de l’aventurisme pur et simple » sur la stabilité du Liban.

Et que peut répondre le Liban à des interlocuteurs européens qui l’interrogeraient à ce sujet ? ajoute en substance la source citée. Que devient le Liban, qui manque toujours d’une stratégie de défense qui coordonnerait l’action de l’armée et du Hezbollah ? Et pour quelle raison ce ne serait pas la Syrie qui prendrait toutes ces initiatives, pour ne rien dire de la question des fermes de Chebaa, que Damas considère comme terre syrienne, alors même que le Liban les revendique comme partie du territoire national ?

OLJ

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