Mère Agnès Marie de la Croix reconnaît que ses informations proviennent des moukhabarat syriens

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Samedi 19 novembre, l’agence de presse officielle syrienne SANA a consacré pas moins de deux dépêches en français à une religieuse désormais bien connue des médias, Mère Agnès-Marie de la Croix, supérieure du couvent de Qara, une petite ville située à proximité immédiate de la frontière de la Syrie avec le Liban. Musulmans et chrétiens, ses habitants sont connus pour les trafics et la contrebande en tous genres auxquels, faute d’autres ressources, ils se livrent avec le pays voisin. L’existence d’une route récemment asphaltée, qui facilite l’accès au Liban en évitant les postes frontière, indique que cette activité se déroule avec l’assentiment et sans doute sous la protection des responsables syriens, comme toujours intéressés aux revenus de ce commerce.

Ces deux dépêches offrent aux lecteurs ou aux auditeurs non arabisants, la synthèse des propos tenus par Mère Agnès lors d’une conférence de presse organisée la veille au Centre Catholique d’Information, à Beyrouth. Dans la première de ces dépêches, la religieuse affirme que les médias étrangers déforment la réalité de ce qui se passe en Syrie. Elle peut, elle, en témoigner, puisqu’elle a eu la possibilité de se rendre partout dans le pays, y compris dans les endroits les plus dangereux, et de s’entretenir dans des hôpitaux avec des blessés… qui appartenaient tous, étrangement, aux forces de l’ordre ou à l’armée. Dans la seconde, SANA lui fait dire dans son titre ce que la religieuse ne mentionne nullement dans le texte, à savoir qu’il « existe en Syrie un milieu accueillant des personnes non identifiées, disposant d’armes sophistiquées, semant le chaos, terrifiant les gens et harcelant l’armée »…

Selon le site syrien d’information en ligne all4syria.info, dont le créateur et le rédacteur en chef est l’ingénieur Ayman Abdel-Nour, on peut « constater en visionnant la prestation médiatique de la religieuse, que l’intéressée est victime d’une immense opération de désinformation organisée par les services syriens de renseignements, dans les filets desquels, peu habituée au cynisme et à la perversité des moukhabarat, elle est tombée la tête la première ». L’intéressé sait de quoi il parle : membre du Parti Baath, il a eu jadis l’occasion de les voir à l’œuvre avant que, irrités par son esprit critique, son franc-parler et sa volonté d’informer, ils le contraignent à chercher refuge avec sa famille hors de son pays.

Pour lever les doutes que le récit de Mère Agnès suscite chez lui, et pour s’assurer que les informations qu’elle colporte ne sont pas des mensonges, il lui pose dans son article les questions suivantes :

– Peut-elle indiquer qui sont précisément les officiers des moukhabarat syriens qu’elle a rencontrés, comme elle le déclare elle-même 5 minutes et 30 secondes après le début de la vidéo ?

– Peut-elle expliquer pourquoi, elle qui est religieuse, elle a besoin d’être en relation avec des moukhabarat ?

– Peut-elle avouer les raisons de la bienveillance que le régime syrien manifeste à son endroit, en l’autorisant à entrer en Syrie et à s’y déplacer à sa guise, alors qu’il interdit les mêmes choses à la délégation de la Ligue arabe ?

– Comment peut-elle ignorer, comme elle le prétend, les noms des 3000 victimes et plus, reconnus comme tels par les Nations Unies, alors qu’elle a connaissance des noms et prénoms de toutes les victimes au sein des forces de l’ordre ?

– Voudrait-elle substituer aux commissions d’établissement des faits de l’ONU, du Conseil des Droits de l’Homme et de la Ligue arabe, des délégations de religieuses ?

– Et puisqu’elle éprouve une telle soif de justice et une telle envie de défendre les incompris, pourquoi n’a-t-elle jamais constitué une commission d’établissement des faits au profit des Palestiniens de Gaza, par exemple ?

Il conclut en s’étonnant que, « dans son aveuglement, Mère Agnès ignore qu’elle rend légitime, par ses propos et son apparition dans de telles circonstances, les représailles d’extrémistes religieux de tous bords contre les chrétiens de Syrie. Elle donne en effet l’impression que tous les chrétiens se tiennent du côté du régime, alors que celui-ci tue son peuple ». Et il ajoute : « Nous accorderions un peu plus de confiance à ce qu’elle déclare si la délégation dont elle parle n’avait pas été envoyée en Syrie par un religieux maronite appartenant au courant de Michel Aoun, dont l’allégeance au régime syrien n’a plus besoin d’être rappelée ».

Un visiteur du même site, originaire de Qara, dénonce à son tour l’hypocrisie de la religieuse en rappelant que, quelques heures avant ses déclarations à Beyrouth, elle avait participé, de nuit, dans le village, à une manifestation contre le régime (0’20 et 1’30) dont elle ne peut nier le caractère pacifique.

http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/11/20/mere-agnes-marie-de-la-croix-reconnait-que-ses-informations-proviennent-des-moukhabarat-syriens/

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olga
olga
12 années il y a

Mère Agnès Marie de la Croix reconnaît que ses informations proviennent des moukhabarat syriensdommage que le clergé se laisse vêtir d’une réputation aussi indigne …cela prouve qu ‘il fait erreurs quelque part…à commencer par le patriarche qui a déçu plus que la moitié des chrétiens…et là , j’insiste plus que la moitié…puis , cette religieuse ( et dieu sait d’où elle a surgi )qui vient encore une fois diffamer et corrompre nos croyances chrétiennes et donner preuve d’irrésponsabilité envers les serments qu’elle a sans doute du faire … « Ecoutez ce qu’ils disent et ne les imitez pas » …( pas textuellement… Lire la suite »

Ramez
Ramez
12 années il y a

Mère Agnès Marie de la Croix reconnaît que ses informations proviennent des moukhabarat syriens
Que des religieux, chrétiens en l’occurrence, se laissent ainsi souiller, dans de telles bouffonneries, sans le moindre égard pour la soufrance et la dignité de l’Homme, c’est quelque chose d’indéniablement symptomatique de la mort d’une religion; mort par renonciation à l’Essence. L’effarante dérive de figures du clergé libanais, chrétien également, accable nos consciences et semble aussi sonner le glas de quelque chose qui nous est pourtant éminemment essentiel. De Béchara Rai à Abdo Kasam, les mêmes trahisons de l’Essence.

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