Encore une fois, il a raté une occasion de se taire. Depuis qu’il a mis en sourdine son différend avec l’Iran et épousé officiellement le point de vue du Hezbollah, Cheikh Mohammad Hussein Fadlallah, se sent pousser des ailes et au lieu de la « prudente réserve » que lui impose son statut de « guide spirituel », il ne rechigne plus à faire de la surenchère dans le seul espoir de continuer à être renfloué.
Qu’est-ce qui justifie sinon l’hommage rendu par le « guide spirituel de tous les mouvements islamistes du monde » aux auteurs de l’opération « héroïque » contre une école talmudique à Jérusalem ? Et pourquoi se sent-il obligé d’approuver la « riposte naturelle » pour condamner la « violence bestiale d’Israël » ?
Jusqu’à aujourd’hui, il était de bon ton, pour lui comme pour beaucoup de ses semblables, de dire qu’ils « comprenaient » les opérations suicides sans nécessairement les approuver. Force est de constater que les temps ont changé et qu’à l’époque du terrorisme conquérant et des « guerres ouvertes », il n’y a plus lieu de s’encombrer de telles subtilités.
Comme beaucoup de chiites, le vénéré guide se sent perdu dans le maelström dévastateur du Hezbollah. Il n’a plus d’autre choix que de se plier devant la vague déferlante. De « source d’imitation » qu’il était, il est devenu un simple imitateur qui se contente de répercuter et d’amplifier les déclarations d’un Nasrallah ou d’un Ahmadinejad.
Mais Fadlallah, tout spirituel qu’il est, a des soucis autrement terrestres. S’il ne suit pas le mouvement, sa Marja’iyya, déjà fortement chahutée, risque de ne plus avoir de référence que le nom et sa Hawza qui ne survit que grâce à la manne iranienne, risque elle aussi de tomber en déshérence.
On comprend mieux ainsi pourquoi il ne peut plus s’offrir le luxe de jouer sur les nuances. Il y a une cause à servir, il la sert docilement et espère juste d’être payé en retour, mais attention, on ne plaisante pas avec les bailleurs de fonds !
Grands ou petits, religieux ou profanes, tous doivent se mettre désormais en ordre de bataille, constituer un seul bloc compact pour se préparer à extirper le « sale microbe sioniste » et régler leur sort aux « ennemis de l’intérieur ».
Mohammad Hussein Fadlallah rêvait un jour de pouvoir imposer sa « marja’iyya » face à celle du guide de la révolution iranienne. Ce temps est désormais révolu et tout ce qui lui est permis de faire c’est de servir comme porte-voix et de récolter les miettes de la manne que l’Iran et son avatar libanais voudront bien lui donner.