Le gouvernement australien a classé mercredi tout le Hezbollah comme « organisation terroriste ». Ainsi, jusqu’ici épargnée, l’aile politique du puissant mouvement chiite libanais rejoint sa milice dans la classification de Canberra. Résultat : l’appartenance à l’organisation ou son financement sont interdits en Australie, où vit une grande communauté libanaise, dont le nombre des chiites est estimé à presque 38.000.
La ministre australienne de l’intérieur Karen Andrews a déclaré que le Hezbollah « continue de menacer d’attentats terroristes et de soutenir les organisations terroristes » et constitue une menace « réelle » et « crédible » pour l’Australie.
Principale branche de « La Force Quds (Jérusalem) » des Gardiens de la Révolution Iranienne, le mouvement chiite dispose d’une puissante milice soutenue, financée, et armée par l’Iran, qui l’a employée dans ses guerres par procuration dans la région. Le Hezbollah est représenté au Parlement libanais, où il possède la majorité avec ses alliés, le mouvement chiite « Amal » du président de l’assemblée nationale Nabih BERRY et le « Courent National Libre » du président de la République Michel AOUN.
Le mouvement est la seule faction à ne pas avoir abandonné son arsenal militaire au sortir de la guerre civile (1975-1990). Et ultérieurement malgré la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en septembre 2004, qui prévoyait le désarmement et dissolution de toutes les milices ! Autre que le retrait de l’armée syrienne du liban, qui a eu lieu en 2005 suite à l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafik HARIRI qui a déclenché « la révolte populaire de cèdres ».
Aucune raison récente n’a été donnée par l’Australie pour expliquer cette annonce qui intervient au moment où le Liban est plongé dans une profonde crise sans précédente dans son histoire, crise multiple, politique, financière, économique et sociale. Mais lors de l’examen des données officielles et des nouvelles relatives à l’activité du Hezbollah en Australie, nous constatons les faits suivants :
1- Les derniers développements réels remontent à septembre 2016, lors de la saisie d’un réseau de blanchiment d’argent opérant en Amérique latine et transférant des fonds vers les États-Unis d’Amérique, l’Australie et l’Europe.
2- Elle a été précédée d’une autre opération similaire, en janvier 2014, lorsque les autorités australiennes ont affirmé avoir réussi à démanteler un réseau de blanchiment d’argent dans 20 pays, « dont une partie de l’argent appartient au Hezbollah libanais ». Le ministère australien de la Justice a indiqué à l’époque avoir saisi 555 millions de dollars australiens (environ 400 millions de dollars américains) « en espèces et en drogue au cours de ce processus qui a duré un an et a abouti à l’arrestation de 105 personnes ».
3- En 2015, un réseau de blanchiment d’argent a été démasqué au Pakistan, s’étendant aux États-Unis et en Australie, et travaillant pour un certain nombre d’organisations criminelles colombiennes et internationales, » … y compris le Hezbollah libanais « .
4- Dans le même contexte, il a été souligné qu’un des auteurs de l’opération de Burgas (Bulgarie, 2012) a utilisé son passeport australien pour voyager de la Hongrie vers la Roumanie et de là vers la Bulgarie. Le libano-australien Milad Farah a été condamné, en partenariat avec le canado-libanais Hassan Hajj Al-Hassan, pour avoir fait exploser le convoi transportant des touristes israéliens. Ils ont été condamnés par contumace à la réclusion à perpétuité en 2020.
5- Les autorités australiennes affirment également que l’aile des opérations étrangères du Hezbollah, active dans les années 1990 jusqu’en 2000, entre l’Australie et les Philippines, mènerait des opérations dans cette région. A cet égard, les autorités signalent des soupçons sur l’association d’un responsable du Hezbollah avec la Fondation Fatima al-Zahra, et son travail pour recruter des jeunes hommes pour travailler pour le parti et lui assurer un soutien financier et logistique.
6- Le gouvernement australien accuse également le Hezbollah d’avoir recruté un certain nombre de personnes pour mener une attaque contre des cibles américaines et israéliennes lors des Jeux olympiques de 2000 organisés à Sydney. En plus d’une activité s’étendant de l’Australie aux Philippines, Thaïlande, Myanmar, Indonésie et Singapour.
Après que l’Australie ait inscrit l’Unité des opérations étrangères du Hezbollah en 2003, les autorités australiennes ont surveillé l’activité et le travail d’un certain nombre de personnes soupçonnées de travailler pour le groupe. Comme l’ont admis les responsables de la sécurité et les politiciens australiens, « la tâche de limiter le ciblage des opérations extérieures au parti était une tâche très difficile « , étant donné que la séparation existe entre cette unité et l’aile politique ou sociale et culturelle proche du Hezbollah. Pendant 10 ans, ces autorités ont travaillé à scruter les relations des institutions religieuses, sociales et culturelles avec le Hezbollah, jusqu’au jour où il a été totalement interdit en Australie.
fadil.hammoud@gmail.com
Un article bien documenté. L’Australie n’est pas le seul endroit où le parti de Nassrallah font des « merveilles » : l’Amérique Latine est un terrain bien fertile : Venezuela, Colombie, Argentine ,etc !!!!