By Raphael Ahren
Une femme portant un foulard islamique passe devant un magasin de bijoux H.Stern à Jérusalem, le 23 avril 2013. (Crédit : Nati Shohat / Flash90).
Une femme portant un foulard islamique passe devant un magasin de bijoux H.Stern à Jérusalem, le 23 avril 2013. (Crédit : Nati Shohat / Flash90).
Un accord de paix avec les Palestiniens sur la base de la solution à deux Etats pourrait apporter environ 120 milliards de dollars (c’est-à-dire 460 milliards de shekels) à Israël au cours de la prochaine décennie, selon une nouvelle étude approfondie d’un institut de réflexion américain.
Les Palestiniens gagneraient 50 milliards de dollars (soit 193 milliards de shekels) avec un tel accord, selon Rand Corporation, qui a mesuré les taux de croissance actuel des PIB, par rapport aux taux de croissance de la population et d’autres facteurs qui accompagnent ces chiffres publiés lundi.
Le gain palestinien signifierait une augmentation de l’ordre de 36 % du revenu moyen par habitant, a indiqué le groupe à Jérusalem, alors qu’Israël,dont l’économie est plus développée, connaîtrait une augmentation plus modeste par habitant.
D’autre part, l’étude a révélé que le statu quo, ou une détérioration de la situation sécuritaire, pourrait considérablement aggraver le classement économique des deux parties. Même en l’absence d’un nouveau conflit violent, le mouvement international de boycott anti-Israël, à lui seul, pourrait coûter à Israël 50 milliards de dollars dans les 10 prochaines années.
Rand, un institut de recherche sur la politique mondiale à but non lucratif, a analysé les résultats financiers potentiels de cinq scénarios différents : un accord de paix et la mise en œuvre d’une solution à deux Etats, un retrait unilatéral israélien coordonné avec les Palestiniens et la communauté internationale, un retrait unilatéral non coordonné, la résistance non violente – y compris des mesures unilatérales palestiniennes à des organismes internationaux -, et la reprise des soulèvements violents palestiniens contre Israël.
« Évidemment, le premier résultat [de notre recherche]est qu’une solution à deux Etats fournit le meilleur résultat économique », a déclaré le vice-président de Rand, Charles Ries. L’effusion de sang en l’absence d’un accord de paix, d’autre part, serait extrêmement dommageable pour les deux parties, a-t-il ajouté. « L’impact économique d’un retour à la violence est très clair et très inquiétant. »
Selon l’étude, l’économie israélienne perdrait environ 250 milliards « sur les opportunités économiques prévues », tandis que les Palestiniens seraient susceptibles de voir leur PIB par habitant presque réduit de moitié.
« Les Israéliens gagnent sensiblement plus avec le scénario à deux Etats et perdraient beaucoup plus avec un retour à la violence, en termes absolus. Mais ces deux scénarios ont plus d’importance, proportionnellement, pour les Palestiniens, parce qu’ils ont une petite économie », a expliqué Ries lors d’une conférence de presse organisée par le Club de la presse de Jérusalem.
La coopération Rand, basée en Californie, dont l’objectif est d’ aider « à améliorer les politiques et la prise de décision à travers la recherche et l’analyse », a employé plusieurs économistes qui ont travaillé pendant plusieurs années pour compléter l’étude, en menant des entretiens avec des experts de la région et en analysant des quantités massives de données économiques locales mise à la disposition du public.
L’étude, qui fait plus de 250 pages, a été récemment présentée aux autorités gouvernementales israéliennes et palestiniennes. Ses auteurs viendront dans les prochains jours le présenter devant différents publics, à Ramallah, Bruxelles, Londres et Washington.
Afin de calculer les coûts et les avantages potentiels d’un accord de paix, les chercheurs de Rand ont utilisés les trajectoires passés des taux de croissance du PIB et de la population, ainsi que d’autres facteurs, et ont calculé comment ils seraient susceptibles d’évoluer les différents scénarios.
Dans un possible accord de paix à deux Etats, Israël maintiendrait les grands blocs d’implantations, mais retirerait quelque 100 000 résidents des implantations les plus isolées de Cisjordanie. La communauté internationale devrait couvrir les deux tiers des coûts de la réinstallation des Israéliens évacués. Quelques 600 000 réfugiés palestiniens seraient autorisés à entrer dans le nouvel Etat palestinien.
Selon ce scénario, le monde arabe normaliserait ses relations commerciales avec Israël. « La sécurité d’Israël est garantie par la communauté internationale, et les investissements en Israël et en Palestine seraient prêts à profiter du nouveau climat et des nouvelles opportunités que la stabilité et la paix apporteraient », indique l’étude.
« Notre analyse suggère qu’en conséquence de l’effet des changements et des coûts directs et des opportunités sur le PIB de l’année 2024, le PIB d’Israël augmenterait de 23 milliards de dollars par rapport ce qui se passerait si les tendances actuelles se poursuivaient, tandis que le PIB dans [un nouvel Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza]augmenterait de 9,7 milliards de dollars ».
L’Israélien moyen verrait son revenu augmenter d’environ 5% pour atteindre 2200 dollars, alors que le revenu moyen palestinien augmenterait considérablement et s’élèverait à 1 110, soit une augmentation de 36 %.
D’autre part, un soulèvement violent – un scénario qui verrait l’effondrement de l’Autorité palestinienne et où Israël aurait à prendre en charge les responsabilités de l’AP – conduirait le PIB d’Israël à diminuer de 45 milliards de dollars, selon l’étude. « La chute du PIB d’Israël découle des conséquences des coûts de la sécurité accrue et des effets d’un environnement instable et de l’investissement et du tourisme. »
Les auteurs de l’étude reconnaissent qu’il y a plusieurs facteurs non-économiques importants qui ont empêché les Israéliens et les Palestiniens de parvenir à un accord de paix. Ceux-ci comprennent l’instabilité régionale, le manque de consensus politique et de confiance en l’autre côté, la perception des risques de sécurité et un choc des versions de l’Histoire, selon l’étude.
Dans leur recherche, les économistes de Rand estiment que le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions pourrait conduire à une baisse de 2 % du PIB du pays « à la suite des sanctions financières et des restrictions limitées sur les exportations vers Israël ».
Dans le cas où aucun accord de paix n’est signé et si Israël ne se retire pas de la Cisjordanie, conduisant les Palestiniens à choisir la résistance non violente, le mouvement BDS coûterait à Israël environ 9 milliards de dollars par an.
« Le chiffre cumulé de notre estimation est de 50 milliards de dollars sur une période de 10 ans », a déclaré l’économiste Daniel Rand Egel.
La plus grande partie des dommages économiques liés au BDS, a ajouté Ries, entraînerait un « flux d’investissement » – les décisions prises par les fonds de capital, les banques, etc… limiteraient la quantité d’argent en circulation en Israël. « Une partie relativement petite de ces 8,7 milliards serait en fait lié directement aux boycotts commerciaux, car même s’ils obtiennent beaucoup de publicité, ils ne disposent pas, en réalité, d’autant d’impact. »