Alors que la communauté internationale temporise, atermoie et procrastine face à une situation en Syrie qui devient de jour en jour plus intolérable et plus dramatique, s’interrogeant doctement sur “l’existence en Syrie d’une possible alternative à Bachar AL ASSAD”, un luxe dont ne bénéficient pas ceux qui sont exposés aux obus de ses chars et à la sauvagerie de ses moukhabarat et de ses “chabbiha”, il n’est pas inutile de rappeler que la Syrie n’est pas un no man’s land. En dépit des efforts déployés durant 4 décennies par le régime baathiste pour régner sans adversaire ni concurrent, ce pays ne manque ni d’intellectuels engagés, ni de militants courageux, ni d’hommes et de femmes de valeur, susceptibles de prendre la relève dans des délais raisonnables et, avec le soutien des Etats et sociétés démocratiques, de s’avérer moins nocifs à leurs compatriotes que l’actuel chef de l’Etat et son entourage.
Il y a un peu plus d’un mois, le 18 mars 2011, un internaute syrien postait sur Facebook un message annonçant la mise en place d’un “Conseil national de Transition temporaire”. Il réunissait selon lui les personnalités suivantes: Riyad SEIF, Al Tayyeb TIZINI, Riyad TURK, Michel KILO, Souheïr AL ATASSI, Fateh JAMOUS, Anwar AL BOUNNI, Haytham AL MALEH, Nahed BADAWIYEH, Kamal AL LABWANI, Aref DALILEH, Ali AL ABDALLAH… Son porte-parole était le journaliste Mazen DARWICH. Il comprenait aussi des représentants de la “Jeunesse de la Révolution syrienne”, parmi lesquels la jeune blogueuse emprisonnée Tall AL MALLOUHI, tandis que l’avocat Haytham AL MALEH assumait la présidence de la commission de rédaction de la nouvelle constitution syrienne. Tout cela n’avait évidemment aucun fondement. Mais, comme on l’a vu récemment ailleurs dans le monde arabe, il arrive que des élucubrations deviennent réalité.
Ce qui retient l’attention dans la liste qui figure ci-dessus, c’est qu’elle regroupe des Syriens considérés à des degrés divers comme “crédibles” par leurs jeunes compatriotes. Il est notoire que les critères de choix retenus pour la composer ne répondent à aucune idéologie, des gauchistes comme Fateh JAMOUS y côtoyant des libéraux comme Kamal AL LABWANI, des anciens communistes comme Riyad TURK, des conservateurs comme Haytam AL MALEH, des altermondialistes comme Nahed BADAWIYEH… Elle n’a aucune couleur régionaliste, puisqu’elle regroupe des damascènes comme Riyad SEIF, des homsiotes comme Riyad TURK, des hamouis (habitants de Hama) comme Anour AL BOUNNI, des deïris (habitants de Deïr al Zor) comme Ali AL ABDALLAH, des lattaquiotes comme Aref DALILEH… Elle n’a pas davantage de teinte religieuse, puisqu’elle réunit les chrétiens Michel KILO et Anwar AL BOUNNI, les alaouites Aref DALILEH et Fateh JAMOUS, les sunnites Haytham AL MALEH et Souheïr AL ATASSI… Ce qui rassemble ces personnalités, c’est que toutes, au cours des années écoulées, ont incarné, par la défense de principes qui les ont conduites en détention, la résistance et le refus de la société syrienne à l’asservissement dans lequel le régime s’efforce de la maintenir “à tout prix” jusqu’à aujourd’hui.
Toute l’infinie richesse de la société syrienne n’est pas représentée dans cette liste. Elle ne cherchait pas à être complète, mais à affirmer qu’une “alternative collective” était possible au “pouvoir familial” de Bachar AL ASSAD. Les Kurdes, les Arméniens, les Tcherkesses, les Ismaéliens, les Assyriens, les Druzes… ont vocation à y figurer. De même que des représentants des millions de Syriens qui vivent en exil à l’étranger sans pouvoir retourner dans leur pays, mais qui fournissent aux pays d’Europe, aux Etats-Unis et ailleurs, des médecins, des universitaires, des chercheurs, des avocats, des banquiers, des entrepreneurs, des hommes d’affaires, des journalistes et des cadres dirigeants brillants. Choqués par le spectacle de leurs concitoyens et parfois de leurs parents et amis exécutés de sang froid par les forces dites “de sécurité”, révoltés par les tortures infligées à ceux que leur colère devant la répression avait conduits à briser et fouler aux pieds des images du chef de l’Etat, ils sont chaque semaine plus nombreux à manifester. Ils appelaient au début à la réforme du régime. Ils veulent désormais un changement de régime. Ils sont prêts aujourd’hui à se mobiliser et à s’atteler en commun, en concertation avec l’intérieur, à la mise en place pour la Syrie d’un nouveau projet de société.
Quand un équipage entier, du commandant du bateau au dernier des soutiers, devient fou et entreprend de supprimer les passagers, la priorité est-elle de réfléchir, de s’interroger, de se consulter, de réunir des tables rondes et de créer des commissions pour savoir qui assumera les diverses fonctions, ou d’écarter au plus vite le danger, quitte à naviguer ensuite quelque temps en zig-zag et au ralenti.
Il existe en Syrie une alternative à Bachar AL ASSAD
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