L’affaire a été rondement menée. Chaque chef de faction y a mis du sien et est allé docilement rejoindre les treize autres autour d’une belle table spécialement confectionnée par Michel Sleimane pour entamer et clore en un temps record la première séance du fameux « dialogue ». Fidèle à son style de funambule, le Président a ordonné à ses scribes de lui concocter un discours d’ouverture qui contente tout le monde, un bout de phrase par ci, un petit mot par là et l’affaire était dans le sac. Qu’on ne vienne surtout pas lui chercher noise, il n’a fait qu’appliquer à la lettre ce que l’accord de Doha avait prévu pour lui.
Mais pourquoi diable ce dialogue ? Non pas pour discuter de l’arsenal du Hezbollah (oh que non !), mais de « stratégie de défense », une belle fumisterie spécialement inventée par le parti khomeyniste libanais et ses mentors pour enterrer définitivement le problème.
Pour essayer de comprendre, faisons un peu marche arrière. Craignant un moment que les fermes de Chebaa ne soient libérées « diplomatiquement », le parti chiite armé s’était efforcé de rompre définitivement la corrélation qu’il avait lui-même établi entre le maintien de ses armes et l’occupation des fermes. C’est ainsi qu’a commencé la logorrhée sur la stratégie de défense.
Cette transmutation du problème visait avant tout à renvoyer la question de ses armes aux calendes grecques, ou encore pour être précis, aux calendes iraniennes. Si les Grecs n’avaient pas de calendes pour compter le temps, les Iraniens n’en auraient que lorsqu’ils auront définitivement sécurisé l’avenir de leurs centrifugeuses !
D’ici-là, les Libanais peuvent s’amuser à discuter du sexe des anges. Le parti khomeyniste veut « défendre » le Liban contre Israël, la source immuable du danger. Dans ces conditions, quoi de plus naturel que de confier le combat à celui qui est le mieux placé pour le mener ? N’a-t-il pas assez de « victoires » à son actif pour s’en arroger le rôle ?
Nul ne conteste le danger que représente Israël dont les menaces et les avertissements sont devenus depuis quelques mois presque quotidiens. Toute la question est de savoir si ce danger est « immanent » ou s’il ne provient pas tout simplement du bellicisme du Hezbollah. Cette question touche à l’essence même de l’idéologie qui obnubile depuis des décennies des générations d’arabes et de musulmans. Israël est le mal absolu et le devoir de tout arabe et de tout musulman est de combattre ce mal.
Résumé en ces termes, le débat sur l’arsenal du Hezbollah est sans issue. On peut même dire qu’il est clos avant même qu’il ne commence. Qu’Israël menace d’anéantir tout ce qui bouge au Liban, qu’il détruise toutes ses infrastructures civiles ne pose, bien entendu, aucun problème pour les adeptes de la « guerre ouverte ». Ce ne sont que peccadilles dans le combat éternel qui oppose le bien et le mal !
Ainsi, la perspective s’ouvre à l’infini et le comptage du temps restera suspendu jusqu’à ce que les Iraniens se décident enfin à fixer leurs calendes. Rendez-vous est pris pour le 5 novembre. Le nouveau président américain pourra peut-être les y aider.
Entre-temps, les Libanais peuvent tranquillement vaquer à leurs misères, car de nouvelles « victoires » les attendent. Réjouissons-nous d’avance avec eux et espérons qu’il en restera encore quelques-uns pour les compter.
En attendant les calendes iraniennes
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