Le vote suisse contre la construction de nouveaux minarets dépasse le simple cadre d’un débat culturel ou religieux. La démocratie directe dans l’expression qu’elle offre ici et dans le principe de son fonctionnement, se pose comme révélateur de signes et symptômes qui restent en marge, comme occultés, de ce référendum. Que dit le vote ? Il pose, peut-être plus qu’il n’oppose un Non. Les vives réactions que suscite cette position se trouvent déplacées au-delà du résultat du vote. Comme souvent dans ces cas là, il s’agit de crispations identitaires de part et d’autre. Le non est vu comme une négation des droits, voire de l’existence de l’autre. De la même façon que le oui peut être vécu comme une intrusion massive même par une minorité, aussi petite soit-elle. L’expression directe, ici choisie pour répondre à la question des minarets n’aboutit en somme qu’à une lutte d’instincts grégaires.
Les crispations identitaires stigmatisées ici sur l’objet « minaret » sont-elles autre chose que l’expression de craintes qui s’opposent ? Le problème est celui d’une intégration et d’un accueil qui tous deux restent de surface. Chacun se cramponne à son identité et à ces racines, comme ci la coexistence, le côtoiement d’autres identités était une menace. Le problème des minorités de religion musulmane actuellement est justement cette confusion entre un culte et une identité. Cette confusion est flagrante lorsqu’on parle de personnes d’origine musulmane. Et le biais presque exclusivement revendicatif par lequel s’expriment les musulmans n’est certainement pas la parole adéquate à une réelle communication possible. La revendication automatique dessert ici le propos, surtout lorsqu’elle véhicule un grand nombre d’idées fausses que l’on dit justifiées par une religion qui n’a pas été correctement entendue. Ici parle un autre type d’ignorance, celui qui suppose qu’une croyance ou l’appartenance à une croyance doive pour être reconnue ou vécue passer à l’ostensible et l’ostentatoire, lorsque précisément elle fonctionne sur un silence respectueux de soi et des autres. Une religion n’est pas un drapeau ou un étendard. De la même façon que cette focalisation abusive autour de l’islam de la part des pays d’accueil, justifiée parfois par un contexte malheureusement défavorable, reste malgré tout un signe inquiétant. Il est en effet particulièrement dérangeant de constater cette présence récurrente d’allusions, de faits rapportés dans les journaux et qui tend à propulser une religion contre toute en avant-scène médiatique, alors que tout le monde s’accorde sur la nécessite pour une
religion de garder un statut personnel. Ainsi, une question demeure : pourquoi lorsqu’on préconise la discrétion et l’intégration harmonieuse (limite la fusion) d’un côté, choisit-on la monstration médiatique de l’autre ?
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