Je pris mon courage à deux mains, étant obligé d’acheter du poisson ultra-frais. Je mis un turban sur ma tête, à la Cheikh Assir, afin de montrer ma bonne volonté. Je ne m’étais pas rasé la barbe comme je le fais tous les matins. Et je partis en expédition dangereuse vers l’émirat salafiste de Tripoli ou le Kandahar libanais comme l’appelle la gente orange.
Arrivé sur place, je pris soin, en conduisant, de ne regarder personne afin de ne pas provoquer la colère des redoutables indigènes salafistes.
Arrivé à la grande poissonnerie de Mina, je garai sagement ma voiture. Je vis sur l’étal des crevettes frétillantes ainsi que des crabes bleus de taille respectable aux pinces redoutables. Un sentiment étrange d’angoisse me saisit. Je ne voyais aucune femme indigène salafiste habillée en « ninja » et pas d’hommes salafistes enturbannés. Tout le monde, c.a.d tous les indigènes salafistes, regardaient mon turban blanc. Certains souriaient. Le poissonnier aux crabes bleus menaçants, voyant mon intérêt à ses crustacés, me fit un grand sourire et me dit en français: « fresh, fresh, monsieur ».
Cela s’est passé le mardi 5 mars 2013.
Beyrouth
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