LEMONDE.FR avec AFP
Plus de 50 000 manifestants participaient samedi 8 octobre aux funérailles de l’opposant kurde Mechaal Tamo, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Des militants affirment que les forces de sécurité syriennes ont tiré sur les participants, faisant au moins deux mort et plusieurs blessées. Mechaal Tamo, âgé de 53 ans, était membre du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition. Il a été assassiné vendredi dans des circonstances qui demeurent troubles.
Selon les informations du département d’Etat américain, M. Tamo a été « frappé dans la rue ». D’après des militants syriens, il aurait été tué par balles par des inconnus à son domicile, à Qamichli, dans le nord-est de la Syrie. « Quatre hommes armés et masqués se sont introduits dans la maison de Mechaal Tamo et ont ouvert le feu sur lui et sur son fils Marcel et une collègue », qui ont tous deux été blessés, a annoncé l’OSDH. Une troisième version est avancée par l’agence officielle syrienne Sana, qui affirme qu’il a été tué par des « hommes armés à bord d’une voiture noire qui ont tiré sur son véhicule ».
Fondateur du Courant du Futur, un parti kurde libéral, Mechaal Tamo avait récemment été libéré après trois ans et demi de prison. Il avait rejeté une proposition de dialogue présentée aux partis kurdes par les autorités.
UN DÉPART D’ASSAD « MAINTENANT »
La communauté internationale a vivement réagi, à l’image des Etats-Unis qui ont appelé le président Bachar al-Assad à quitter le pouvoir « maintenant », évoquant une situation « très dangereuse ».
« C’est à l’évidence une escalade dans la tactique du régime », a commenté la porte-parole du département d’Etat américain, Victoria Nuland. « Nous avions déjà été informés de tortures, de tabassage, etc. », a noté Mme Nuland, « mais pas en plein jour dans la rue, ce qui est clairement fait pour intimider ».
Le Conseil national syrien (CNS), duquel M. Tamo était membre, a immédiatement dénoncé ces « représailles » du régime syrien. « Nous sommes très inquiets. Le régime a décidé de passer aux représailles contre les membres du CNS », a déclaré la porte-parole de l’opposition unifiée du comité, Bassma Kodmani. « Ils ont franchi une nouvelle étape dans la stratégie de répression. Tous les leaders de l’opposition doivent se protéger », a-t-elle ajouté.
Créé fin août à Istanbul, le CNS réunit la majorité des courants politiques opposés au régime de M. Assad, en particulier les comités de coordination locaux (LCC), les libéraux, la confrérie des Frères musulmans ainsi que des partis kurdes et assyriens. Il doit en principe se réunir samedi au Caire, en particulier pour se doter d’une direction. La moitié de ses membres vivent en Syrie, alors que les autres sont éparpillés aux Etats-Unis et en Europe, notamment à Paris et à Istanbul.
L’opposant Riad Seif a également été hospitalisé vendredi après avoir été battu par des agents de sécurité devant la mosquée Al-Hassan, dans le quartier Midane, à Damas, ont dénoncé les LCC, mouvement qui chapeaute les manifestants sur le terrain.