Bachar El-Assad tient absolument à « aider » les Libanais. Ils ont beau le remercier de son aimable sollicitude, peine perdue, il y tient comme à la prunelle de ses yeux et rien ni personne ne pourra l’en dissuader. Mieux, il clame mordicus son total désintéressement et répète à qui veut bien l’entendre que son premier souci est de favoriser l’entente et la paix civile dans le pays frère.
Il sait bien que cette vaste fumisterie ne convainc plus personne, mais il essaie toujours et à toutes fins utiles. À défaut d’amadouer ses adversaires, il peut toujours compter sur ses hommes liges qui n’hésitent jamais à plier l’échine et à se mettre en quatre pour servir sa « juste » cause.
Nabih Berri est le premier à accourir. Comme marchepied, il n’a pas son égal. S’étant compromis jusqu’à la moelle avec le parrain protecteur, il n’est que trop conscient du prix à payer en cas d’incartade. Le parlementaire en chef connaît par cœur et mieux que quiconque les basses œuvres du « pays frère » pour ne pas être tenté de se présenter en candidat spontané afin de rallonger la liste des « martyrs » qui parsèment le chemin de la relation « fraternelle » avec Damas.
Sous le régime de tutelle, il a constitué le rouage « institutionnel » indispensable pour faciliter le passage, en lois et en décrets, des dictats syriens. Après le retrait des troupes syriennes, il s’est évertué à se tailler un rôle prétendument indépendant, mais il sait parfaitement qu’au moindre couac, il risque tout bonnement d’être digéré en une seule bouchée par son puissant binôme chiite.
Et, s’il nie aujourd’hui toute responsabilité de la Syrie dans la crise libanaise, il ne fait que perpétuer le rôle qui lui a été assigné et qu’il a toujours accepté de jouer de bon cœur.
Le cas de Salim El-Hoss est différent. Son drame ne vient pas de cette docilité somme toute assez compréhensible chez quelqu’un qui subit les ravages pathologiques de la vieillesse, mais de sa capacité à étaler avec ostentation sa servitude devant le tyran sous le prétexte de défendre une « cause » mille fois bafouée par ses propres thuriféraires.
Salim Al-Hoss a définitivement traversé le miroir et plus rien ne pourra le sauver de sa bafouillante sénilité. L’homme n’est pas à sa première ineptie, puisqu’il a souvent frayé la chronique avec sa prédilection à avaler des couleuvres et contrairement à Nabih qui exécute des ordres, Salim se contente d’offrir sa crédulité jobarde pour relayer l’imposture du dictateur.
De Damas où il a été discourir sur les moyens de « renouveler » la pensée nationaliste arabe, il revient complètement subjugué par le grand œuvre et par les « arguments » ad hominem du tyran.
« S’il n’existe pas de frontières reconnues ni de relations diplomatiques avec la Syrie, Les Libanais ne doivent se plaindre qu’à eux-mêmes et au lieu de continuer à geindre sans arrêt, ils seraient mieux inspirés de manifester leur désir de coopérer avec le frère qui ne veut que leur bien ». Dixit le doux sénile !
La vieillesse est un naufrage, mais est-ce une raison de couler à pic !