De notre envoyé spécial à New York . Publié le 25 septembre 2007Actualisé le 25 septembre 2007 : 08h02 Des manifestants palestiniens appelaient, dimanche à Gaza City, à l’unité entre la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, et la Cisjordanie, dirigée par Mahmoud Abbas.
Khalil Hamra/AP
LA DIPLOMATIE américaine a obtenu le soutien du Quartette *, dimanche soir à New York, pour son projet de conférence internationale sur le Proche-Orient, qui devrait se tenir à la mi-novembre à Washington. Dans une déclaration, le groupe formé en 2003 pour superviser l’application de la « feuille de route » a appelé de ses voeux « une réunion sérieuse et substantielle (…) afin d’avancer d’urgence vers un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza unifiant tous les Palestiniens. »
La formule traduit un bouleversement des priorités. La méthode des petits pas ayant montré ses limites, Washington propose de s’attaquer par le haut au problème. Il s’agit d’affirmer l’objectif et de créer un cadre politique en hâtant la création d’un État, même s’il n’a encore dans les faits ni frontières, ni capitale, ni contrôle effectif de son territoire. « La création d’un horizon politique rendra de la crédibilité au processus de paix », assure Tony Blair, le représentant du Quartette auprès des parties.
Le secrétaire d’État américain, Condoleezza Rice, compte avant tout sur le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, pour donner corps au programme de la conférence, qui devrait « définir les paramètres et afficher la direction » des négociations à suivre, selon le représentant européen Javier Solana.
La « vision » de Bush
Pour que le plan du Quartette réussisse, il faudrait que les deux camps se mettent d’accord dans les semaines à venir, au moins au niveau des principes, sur des « questions centrales » qui les divisent depuis des décennies : les frontières, le statut de Jérusalem, le sort des réfugiés, la viabilité du futur État. Et ceci alors que Gaza est sous la coupe du Hamas. « L’idée concrète d’un État palestinien sera un facteur d’unification, veut croire Mme Rice, pour qui les deux territoires « feront partie intégrante » du futur État.
Ces difficultés nourrissent le scepticisme des pays arabes. Washington espère le surmonter de plusieurs façons. D’abord, en ne faisant pas de discrimination dans les invitations : la Syrie, avec laquelle ses relations diplomatiques sont suspendues depuis 2005, sera conviée au titre de sa participation au « comité de suivi » de la Ligue arabe.
Ensuite, en réaffirmant son soutien aux résolutions de l’ONU qui demandent l’échange « de la terre contre la paix », ainsi qu’à la « feuille de route » adoptée en avril 2003. Celle-ci « reste un guide sur lequel on peut s’appuyer et qui est soutenu par l’ensemble de la communauté internationale, insiste Condi Rice. On ne pourra pas créer un État palestinien sans un engagement à mettre fin au terrorisme (palestinien) et à arrêter la colonisation (israélienne) ». La Ligue arabe, notamment, aurait conditionné sa participation à la conférence au gel de la colonisation.
Les étapes de la feuille de route sont ainsi fusionnées dans une espèce de quitte-ou-double. Le chef de la diplomatie américaine va devoir s’investir lourdement dans la préparation de la conférence pour convaincre les sceptiques qu’il ne s’agit pas seulement de réaliser sur le papier la « vision » de George W. Bush, exprimée en juin 2002 : la création d’un État palestinien, même virtuelle, avant la fin de son mandat en janvier 2009.
* États-Unis, Russie, Union européenne, ONU
PHILIPPE GÉLIE
Le Figaro