Amos Oz, écrivain israélien, analyse la situation à Gaza :
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Amos Oz avait, l’été dernier, avec les deux autres grands écrivains israéliens, David Grossman et A.B. Yehoshua, pris publiquement position contre la poursuite de l’offensive militaire israélienne au Liban. Aujourd’hui le romancier, intellectuel engagé, nous livre ses premières réflexions après la prise du pouvoir du Hamas à Gaza.
Vous avez toujours milité pour un dialogue avec les Palestiniens, la situation est-elle différente ?
Oui, parce que je pense que nous avons maintenant deux entités palestiniennes. D’un côté, la Cisjordanie, et, de l’autre, Gaza. D’un côté, un nouveau gouvernement palestinien en Cisjordanie qui est modéré, ce sera un gouvernement avec lequel Israël pourra avancer et avec lequel Israël doit construire la paix. Et de l’autre, une entité palestinienne à Gaza qui est devenue une base iranienne. Et qui devient donc un problème que le monde entier doit affronter. Il doit agir.
Qui doit intervenir à Gaza ?
Les pays arabes et la communauté internationale doivent prendre la responsabilité de ce qui va se passer à Gaza. L’Egypte, en particulier, a une responsabilité historique dans la situation actuelle de Gaza et doit agir pour l’avenir. Elle devrait envoyer des troupes et rétablir un régime civilisé pour le peuple de Gaza. Mais je ne peux pas parler, malheureusement, à la place des Egyptiens.
Et Israël ?
Israël ne peut que se défendre. Si le Hamas veut parler avec Israël des problèmes d’eau et d’électricité, ce n’est pas un problème. On peut parler avec eux. Mais à part l’eau et l’électricité, on ne peut pas discuter de paix avec eux tant qu’ils continuent de tirer des roquettes sur Israël. Il faudra donc garder les frontières fermées entre Israël et Gaza.
Que va-t-il se passer avec la Cisjordanie ?
D’abord je pense que l’Europe et la communauté internationale doivent aider à la signature d’un accord de paix entre Israël et le gouvernement palestinien de Mahmoud Abbas. Il faut les aider à se parler et à essayer de faire la paix sur la rive ouest du Jourdain. Surtout Israël doit maintenant soutenir Abbas par tous les moyens possibles. En commençant par rendre la vie plus facile aux habitants des territoires palestiniens de Cisjordanie, en allégeant ou en supprimant les check-points et les barrages. En reversant l’argent qui est toujours gelé. Israël doit commencer les négociations de paix avec le nouveau gouvernement de Mahmoud Abbas. Mon sentiment, c’est que le premier ministre, Ehud Olmert, va bouger, prendre des décisions pour faire des pas très importants en direction des Palestiniens de Cisjordanie.
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