Seul prêtre koweïtien, le père Gharib célèbre la Bible en tenue bédouine

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AFP- Chaque dimanche, le seul prêtre de nationalité koweïtienne, le père Gharib célèbre en tenue bédouine la Bible avec sa congrégation dans la capitale koweïtienne.

Portant une coiffe arabe traditionnelle qui le fait ressembler à un bédouin, cet ecclésiastique âgé de 68 ans est une figure unique de l’émirat à prédominance musulmane.

A la veille du 20e anniversaire de son ordination, le père Emmanuel Gharib déclare à l’AFP évoluer à Koweït comme un poisson dans l’eau. « Je suis bien accueilli là où je vais ».

Sur une population totale de 4,5 millions d’habitants, il y a au dernier décompte 264 chrétiens koweïtiens, dit-il, noyés parmi les 900.000 expatriés de diverses confessions chrétiennes qui sont libres de pratiquer leur culte dans huit églises disséminées dans le pays.

Né dans le quartier Qibla à Koweit City, Emmanuel Gharib a été élevé dans une famille pieuse au milieu de voisins musulmans.

Comme beaucoup de Koweïtiens chrétiens, ses racines se trouvent ailleurs. Son père est né dans une famille assyrienne de Turquie qui a fui les massacres perpétrés contre les populations arménienne et assyrienne.

« La Croix Rouge a emmené mon père en Irak », dit-il. C’est là, à Mossoul, qu’il a épousé en 1945 une chrétienne assyrienne.

Le couple a ensuite choisi de s’installer à Koweït dont il obtient la nationalité. Il a eu quatre filles et trois garçons, dont Emmanuel est l’aîné.

 

 Premier prêtre arabe du Golfe 

Ce sont des valeurs de tolérance et de proximité avec les musulmans qui ont marqué son éducation, explique-t-il.

Diplômé en géologie en 1971, il trouve un emploi au ministère du Pétrole. Sa véritable vocation ne viendra que dix ans plus tard lorsqu’il assiste avec son épouse à une conférence religieuse.

« Ca a été le tournant décisif » et « c’est là que le Seigneur a changé ma vie. Je suis né de nouveau et j’ai commencé mon voyage avec Jésus Christ ».

Il se lance en 1989 dans une licence de théologie au Séminaire théologique évangélique du Caire où il dit que ses collègues arabes n’étaient pas « surpris, mais très heureux » d’avoir un Koweïtien parmi eux.

Il est ordonné prêtre en 1999 et élu ensuite à la tête de l’Église évangélique nationale du Koweït, devenant ainsi le premier prêtre arabe du Golfe.

Le père Gharib est aussi vice-président et co-fondateur du Conseil des relations islamo-chrétiennes du Koweït.

L’an prochain, il célébrera deux décennies de service pastoral alors que l’Église évangélique locale fêtera son 85e anniversaire.

La présence de chrétiens au Koweït remonte à plus loin, selon ce prêtre qui évoque l’arrivée des missionnaires évangéliques américains et la fondation de l’hôpital missionnaire américain au début des années 1900.

« La société a commencé à avoir une vision positive des missionnaires pendant la bataille de Jahra, parce que l’hôpital de la mission a soigné des blessés », dit-il en se référant à la bataille de 1920 qui a vu les Koweïtiens repousser des envahisseurs wahhabites saoudiens.

‘L’un des nôtres’ 

En parallèle, des chrétiens sont arrivés en provenance de Turquie, d’Irak, de Palestine et de pays plus lointains comme l’Inde, obtenant la citoyenneté en vertu d’une loi datant de 1959.

La municipalité de Koweït fournit des terres pour que la communauté puisse enterrer ses morts, selon le père Gharib.

D’autres pays du Golfe tolèrent des communautés chrétiennes, mais l’Arabie saoudite continue à interdire la construction d’églises sur son territoire.

Pour les Koweïtiens chrétiens, le fait d’avoir l’un des leurs comme prêtre est une source de fierté. « Nous adorons avoir un prêtre koweïtien », confie Abou Nader, un paroissien de 63 ans.

« Un prêtre égyptien ou libanais pratique la même liturgie, mais un prêtre koweïtien communique les enseignements de la Bible dans le dialecte koweïtien », souligne-t-il.

Pour Eyad Noman, 54 ans, le père Gharib n’est pas un ecclésiastique comme les autres. « Notre relation avec lui est très forte. Elle remonte à plus de 50 ans, avant qu’il ne devienne prêtre. Il est l’un des nôtres ».

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