Sebastian Coe passera-t-il l’hiver à la tête de l’athlétisme mondial? A la lecture des derniers épisodes du feuilleton de l’IAAF, il est permis d’en douter. Depuis son élection en août dernier à la tête de la Fédération internationale, lord Coe a déjà été soupçonné de conflit d’intérêts dans l’attribution des Mondiaux 2021 à la ville américaine d’Eugene, siège mondial de l’équipementier Nike, dont il était encore dernièrement l’ambassadeur (en échange d’une rémunération annuelle de 142 000 euros). Il a été auditionné par ses anciens collègues du Parlement britannique dans le cadre d’une enquête sur le dopage. Le voilà désormais affaibli par la démission mardi 22 décembre de son chef de cabinet, Nick Davies. Et, depuis aujourd’hui, montré du doigt par la presse anglaise pour un rapprochement douteux avec le plus médiatique des milliardaires russes, Roman Abramovich.
L’affaire Nick Davies (à gauche sur la photo), d’abord. Lundi 21 décembre, Le Monde publie un e-mail envoyé par l’ex directeur de la communication de l’IAAF, le 19 juillet 2013, à destination de Papa Massata Diack, fils de Lamine Diack et consultant en marketing de la Fédération internationale d’athlétisme. Un courrier très explicite qui révèle que Nick Davies était au courant des cas de dopage dans l’athlétisme russe. Le Britannique explique au Sénégalais l’importance de minimiser l’affaire au cas où les noms des fautifs seraient dévoilés.
En soi, rien de très fâcheux pour Sebastian Coe. A l’époque des faits, l’IAAF était présidée par Lamine Diack. Mais, dans son e-mail, Nick Davies explique vouloir mettre sur pied une campagne de relations presse pour éviter un scandale. En utilisant, pour cela, l’agence « CSM », traduisez Chime Sports Marketing, dont le directeur général de l’époque se nomme… Sebastian Coe. Au passage, Nick Davies écrit: « Nous pouvons aussi profiter de l’influence politique de Seb au Royaume-Uni. C’est dans son intérêt personnel de s’assurer que les championnats du monde de Moscou soient un succès et que les gens ne pensent pas que les médias de son propre pays sont en train de chercher à les détruire. » Précision: depuis son élection à la présidence de l’IAAF, Sebastian Coe a fait de Nick Davies son chef de cabinet. En clair, son bras droit.
Nick Davies a nié les faits. Il a assuré que sa correspondance électronique avec Papa Massata Diack était seulement un « échange d’idées ». Il a dédouané Sebastian Coe, assurant dans un communiqué que l’IAAF n’avait jamais travaillé avec l’agence CSM depuis que le Britannique en était membre. Mais Nick Davies s’est « mis en retrait de ses fonctions », dans la soirée du mardi 22 décembre 2015. Une décision accompagnée de cette mise au point: « Lors de déclarations ces derniers jours, j’ai souligné que l’une de mes principales responsabilités était de gérer et promouvoir la réputation de l’IAAF. Il est devenu évident qu’aujourd’hui je suis devenu l’affaire. J’ai décidé de me mettre en retrait de mon rôle à l’IAAF jusqu’à ce que la commission d’éthique soit capable d’étudier le sujet correctement et de voir si je suis responsable d’une quelconque violation du code d’éthique. »
Pour Sebastian Coe, le coup est rude et le terrain de moins en moins stable. Une position encore affaiblie par les révélations du Daily Mail, ce mercredi 23 décembre, selon lesquelles sa campagne pour l’élection présidentielle à l’IAAF aurait été partiellement financée par le club de football de Chelsea, propriété du Russe Roman Abramovich. Citant un proche du président de l’IAAF, le quotidien londonien explique que le club anglais aurait participé à hauteur de 200 000 livres, environ 270 000 euros, aux frais du candidat Seb Coe. Une information confirmée par un communiqué officiel de la direction de Chelsea où il est dit que le club a « toujours apprécié le soutien » (de Sebastian Coe) et a été très « heureux de soutenir financièrement sa candidature ».
Le Daily Mail en convient: la décision de financer la campagne de Sebastian Coe a pu être prise par le conseil d’administration du Chelsea FC sans nécessairement consulter Roman Abramovich. Possible. Il n’empêche, le fauteuil présidentiel de l’ancien miler anglais n’a jamais semblé aussi inconfortable.