Le premier ministre libanais déclare le temps des reculades révolu. A la Syrie d’appliquer les 8 conditions de l’Accord.
De New York et Beyrouth, exclusif MET – M. Saad Hariri a révélé pour la première fois que toutes les positions qu’il avait adoptées jusqu’à son entretien à ash-Sharq al-Awsat étaient supposées recevoir en retour des positions de la part des forces du 8 mars et de Damas. Mais les deux partis ont préféré considérer que tous les pas effectués par Hariri depuis sa visite à Damas n’étaient qu’un aveu de défaite. Ils lâchèrent donc la bride à leurs organes de presse, qu’il s’agisse d’al-Watan de Syrie, ou d’as-Safir et al-Akhbar du Liban pour exiger le renoncement aux avancées accomplies depuis 2005.
Damas et les forces du 8 mars ont pu compter sur les pressions énormes exercées sur Hariri par le prince Abdel-Aziz bin Abdallah, avec la complicité tacite de la France qui espère amadouer Damas. Les Etats-Unis étant trop occupés en Afghanistan et en Irak.
Ambiguïtés françaises
Le président Sarkozy croyait convaincre Damas de s’éloigner de Téhéran, encourageant même les pressions saoudiennes sur Saad Hariri. Il contribua donc à rompre l’isolement de la Syrie pour découvrir finalement que celle-ci n’avait fait que lui jeter un os : de vagues promesses d’investissement agrémentées d’une ambassade syrienne à Beyrouth pour les réceptions.
Quant à l’émir saoudien, personne ne sait pourquoi il pousse Hariri à et les forces du 14 mars à se soumettre sans contrepartie aucune.
Huit conditions
Pour le premier ministre libanais, il revient désormais à Damas d’exécuter les 8 conditions de l’entente bilatérale :
*Activer l’ambassade de Syrie au Liban et dissoudre le Haut Conseil syro-libanais.
*Fixer définitivement les frontières entre les deux pays.
*Stopper les livraisons d’armes au Hezbollah et aux autres milices libanaises et non libanaises.
*Résoudre la question de l’armement des Palestiniens en dehors des camps.
*Restreindre les relations bilatérales aux institutions officielles et arrêter de recevoir à Damas des personnalités de même camp politique.
*Mettre fin aux campagnes médiatiques entre les deux pays.
*Annuler les mandats d’arrêt syrien [contre des Libanais].
*Mettre fin aux ingérences syriennes dans les affaires libanaises.
Quant aux Forces du 8 mars, l’accord imposait de leur appliquer les mêmes restrictions qu’aux forces du 14 mars : arrêt de toute aide matérielle, notamment de la fourniture d’armes.
Au lieu d’exécuter leur part de l’accord, ces forces ont créé le problème des « faux témoins », entravé le fonctionnement de l’Etat, notamment du Conseil des ministres et du Parlement, bloqué les nominations et le budget.
D’autre part, leurs campagnes médiatiques n’ont jamais cessé malgré l’Accord de Doha, et la médiation du roi d’Arabie saoudite visant à contenir les tensions liées au tribunal spéciale pour le Liban..
Les milieux du 14 mars affirment que Saad Hariri a fixé la ligne d’action qui sera suivie au cours de la phase prochaine. Aucune concession supplémentaire ne sera faite, le camp adverse devant mettre à exécution ses engagements en laissant de côté le tribunal spécial.