Que veulent… et que peuvent les Frères Musulmans syriens ? (3/3)
3 / Les Frères Musulmans dans la Syrie post-Bachar Al Assad
Rentrer en Syrie, mais pour quoi faire ?
Comme les autres Syriens exilés, la quasi-totalité des Frères Musulmans ont la ferme intention de reprendre le chemin de leur pays dès que les circonstances le leur permettront, c’est-à-dire aussitôt la chute du régime de Bachar Al Assad et l’abrogation de la Loi 49/1980. Mais la question que tous se posent est celle de savoir ce qu’ils comptent y faire, une fois les liens avec leurs familles rétablis, leurs biens récupérés et leurs affaires remises en ordre. Or cette question fait débat au sein même de l’Association. Quelques uns de ses membres souhaitent que les Frères se recentrent sur ce qui constitue le cœur de leur activité originelle, à savoir l’éducation, l’action caritative, et surtout la da’wa, c’est-à-dire l’appel ou l’incitation des croyants à une religion débarrassée de ses scories, puisque selon la formule d’un ancien guide de l’Association, Hasan Al Houdaybi, ils se disent du’ât lâ qudât, c’est-à-dire des prédicateurs et non pas des juges. Mais la majorité d’entre eux considère qu’ils devront assumer leurs responsabilités, et mettre sur pied un parti politique ouvert à ceux qui souhaitent participer à la construction de la Syrie nouvelle, en se conformant dans leur action à la fois aux principes de l’islam et aux règles de la démocratie.
« Du’ât lâ qudât » (Des prédicateurs pas des juges)
Un « Projet politique » en attente de mise à jour
Dans cette optique, les Frères ont commencé à procéder au toilettage de leur « Projet politique pour la Syrie de l’avenir ». Elaboré en exil et rendu public en 2004, ce texte d’une certaine ampleur comporte les principes suivants :
– la mise en place d’un Etat moderne, ayant l’islam pour « référence culturelle ». Cet Etat est contractuel, pluraliste et représentatif. La Constitution y garantit l’égalité de tous les citoyens et l’alternance au pouvoir ;
– l’islam, comme religion, est la source principale de la législation, mais le peuple est la source unique du pouvoir ;
– le pouvoir repose sur la consultation populaire et démocratique ;
– la séparation des pouvoirs est la règle. Le pouvoir exécutif est placé sous le contrôle du pouvoir législatif, qui reflète le pluralisme politique et prohibe tout monopole sur l’action politique ;
– les responsables sont comptables de leurs actes devant le peuple, qui détermine la durée et le renouvellement de leurs mandats.
Les Frères Musulmans considérés avec suspicion
Dans son état actuel, il faut le reconnaître, ce projet suscite des réserves et il alimente des polémiques. Le paradoxe est que la plupart de ces polémiques ne portent pas d’abord sur les idées exprimées par les Frères, qui ne sont d’ailleurs que leurs « propositions » et qui ne seront mises en œuvre que si le peuple en décide ainsi dans les urnes. Elles portent avant tout sur l’attitude que les uns et les autres prêtent à l’Association.
Les critiques émanent d’abord de ceux qui ne croient pas à la réalité des intentions démocratiques des Frères Musulmans. Oubliant leur histoire antérieure dans la Syrie indépendante, négligeant leur répudiation répétée de la violence, ignorant les explications qu’ils ont depuis longtemps fournies à leur recours ponctuel aux armes dans le contexte particulier du début des années 1980, et comptant pour rien leur recherche constante de partenariats et d’alliances politiques, les sceptiques préfèrent mettre en avant « l’incompatibilité de principe » des religions avec les règles et procédures démocratiques. Les Frères considèrent qu’une partie de ceux qui prennent position à ce titre contre une réadmission de l’Association sur la scène politique ne se prononcent pas en fonction de critères objectifs et ne sont préoccupés au fond que par l’influence qu’ils les soupçonnent de conserver sur une partie de la population syrienne.
Les critiques proviennent ensuite de Syriens qui disent redouter que, une fois réinstallés en Syrie, les Frères Musulmans tentent de faire main basse sur le pouvoir et se comportent à leur tour, comme le Parti Baath jadis, en véritable « parti dirigeant de l’Etat et de la société ». Ces contempteurs, qui appartiennent souvent eux-mêmes à des formations politiques dirigées par des leaders inamovibles et soumises à des pratiques internes fort peu démocratiques, ne sont nullement ébranlés dans leurs convictions par la souplesse et la recherche d’alliances manifestées par l’Association. Les Frères leur répondent qu’ils n’ont jamais revendiqué le monopole de la représentation ni de l’islam, ni même des courants islamistes. Il suffit de lire certains articles qui paraissent aujourd’hui pour constater que les éradicateurs ne sont pas là où les ennemis de l’Association cherchent à le faire croire.
Des réserves sont encore exprimées par une minorité d’intellectuels et de membres de communautés non musulmanes sur le caractère madanî (civil) de l’Etat dans le projet des Frères Musulmans. Ne voyant de salut pour la Syrie multiconfessionnelle que dans la mise en œuvre d’une véritable et totale ‘ilmâniya (laïcité), qui sépare radicalement la religion de l’état, les détracteurs du projet nient la légitimité d’un système madanî (civil) qui reconnaît l’existence et le poids de la religion dans la vie des individus et de l’Etat, mais qui, contrairement à un système dînî (religieux), ne soumet pas l’Etat aux impératif religieux, comme c’est le cas par exemple en Iran. Les Frères, qui rappellent avec constance que « l’état théocratique est étranger à l’islam », font remarquer qu’à leur connaissance la majorité de la population syrienne, sunnite et socialement conservatrice, n’est pas prête aujourd’hui à accepter un autre système politique qu’un état madanî. Et s’il est vrai que la majorité des manifestants syriens qui défilent dans les rues ne mettent pas en avant leur appartenance religieuse et focalisent leurs revendications sur la liberté et la dignité, il paraît hasardeux d’en conclure qu’ils sont favorables à un système ‘ilmânî, que beaucoup, y compris parmi les chrétiens, assimilent à tort ou à raison, mais c’est une situation de fait, à un système athée.
Des craintes, plutôt que des critiques ou des réserves, sont enfin formulées par des membres de diverses communautés religieuses en Syrie sur le comportement que comptent avoir les Frères Musulmans avec leurs compatriotes des autres confessions. Elles émanent de certains milieux alaouites, qui exhibent la vieille fatwa prise à leur encontre par Ibn Taymiyya (à la fin du 13ème ou au début du 14ème siècle), et de responsables comme de fidèles de diverses églises chrétiennes. Elles sont alimentées par le slogan dont la paternité est prêtée aux manifestants : Al ‘Alawî fî t tâbout wa al Masîhî fî Bayrout (les alaouites au tombeau et les chrétiens au Liban). Aux uns et aux autres, les Frères rappellent que leur unique hostilité va au régime en place et que, si des membres d’autres confessions… mais également des sunnites ont été victimes de leurs opérations, au plus fort de leur lutte contre le régime de Hafez Al Assad, ils n’ont pas été visés en raison de leur croyance mais de leur participation et de leur soutien au pouvoir. Ils affirment que, pour eux, musulmans et non-musulmans sont des citoyens et qu’ils bénéficient de ce fait de la totalité des droits et sont soumis à la totalité des devoirs qui s’attachent à cet état. Agir autrement à l’égard des autres, quelle que soit leur croyance ou leur incroyance, serait contraire aux préceptes de l’islam, qui énonce lâ ikrâh fî d dîn (pas de contrainte en religion) et lî dînî wa laka dînouka (à chacun sa religion).
Les Frères eux-mêmes s’interrogent…
Handicapés par les réserves que leur histoire et leur projet politique suscitent parmi leurs futurs adversaires, les Frères Musulmans, de retour dans leur pays, auront encore bien d’autres défis à relever. Ils devront reconstruire leur base militante, édifier les structures de leur nouvelle organisation, rebâtir leurs réseaux sociaux, trouver leur place – ou se faire leur place – sur une scène politique qui risque, comme dans les autres pays ayant reconquis leur liberté, d’être explosée entre une multitude de partis… Mais trois questions se posent à eux avec une acuité particulière.
Devront-ils modifier le nom de leur Association, comme l’ont fait les Tunisiens de Rached Ghannouchi, dont le Mouvement de la Tendance Islamique est devenu en 1989 Al Nahda, ou comme les Algériens du défunt Mahfoud Nahnah, dont le Mouvement pour la Société Islamique est devenu en 1990 le Mouvement de la Société pour la Paix ? Ce point a déjà fait l’objet chez eux de débats internes. Un accord de principe s’est dégagé en ce sens. Mais il n’est pas allé à son terme parce que les Frères syriens, sans être opposés à cette idée sur le fond, n’ont pas souhaité prendre une décision qui aurait été prématurée. Elle n’aurait pas manqué d’apparaître en effet comme « un cadeau sans contrepartie » au régime de Bachar Al Assad, qui aurait partout proclamé la disparition définitive des Frères et sa victoire sur l’Association.
Devront-ils maintenir l’ensemble de leurs activités sous le vocable des Frères Musulmans ? Ils se demandent, en d’autres termes, s’il ne serait pas judicieux, pour mieux distinguer entre les activités sociales, caritatives et religieuses de l’Association, d’une part, et ses activités proprement politiques, d’autre part, de donner à son aile politique une dénomination spécifique. En procédant de la sorte, les Frères jordaniens, qui ont créé en 1992 le Parti du Front de l’Action Islamique, et les Frères égyptiens, qui ont annoncé au printemps 2011 la naissance du Parti Liberté et Justice, ont partiellement déconnecté les deux types d’activité, ce qui traduit la reconnaissance d’une certaine autonomie du politique.
Devront-ils aller jusqu’à renoncer aux qualificatifs d’islamique ou de musulman dans leur dénomination ? Cette décision, qui ne concernerait évidemment que l’aile politique de l’Association, pourrait permettre aux Frères de rêver d’un vaste parti dont les caractéristiques – démocrate en politique, libéral en économie et conservateur au plan social – lui permettraient d’accueillir dans ses rangs des Syriens d’autres communautés ou confessions se reconnaissant dans ces orientations.
Les Frères Musulmans et la communauté sunnite
Quand on leur pose la question de leur audience future en Syrie, les Frères répondent qu’ils n’auront pas de peine à rallier à eux et à leur projet politique « un certain nombre de Syriens », jeunes et moins jeunes, hommes et femmes. Mais ils s’avouent totalement incapables d’en évaluer le nombre. Il dépendra, entre autres choses, de l’adéquation de leur programme aux aspirations de la population, et de leur capacité à séduire et à accueillir les nouveaux militants. Ils hésitent à fournir eux-mêmes une fourchette, mais ils pensent que, dans un premier temps, ils pourraient obtenir les suffrages de 10 % environ du corps électoral. Ils savent en effet qu’ils sont loin de faire l’unanimité même dans les rangs des sunnites, qui constituent pourtant leur base électorale potentielle. Ils savent aussi qu’une majorité de leurs coreligionnaires, même religieux pratiquants, ne voient pas plus de raison de voter en leur faveur que les catholiques de France d’apporter leurs voix au Parti Chrétien-Démocrate de Christine Boutin.
Les Frères Musulmans ne seront pas les bienvenus chez eux. Ni leurs adversaires, ni leurs amis ne seront disposés à se serrer pour leur faire de la place sur la scène politique ou pour leur faciliter les choses. Ils seront en concurrence avec d’autres organisations politiques, dont certaines d’inspiration elles aussi islamique. On peut citer ici le Mouvement Justice et Développement, créé à Londres en 2005 par Anas Al Abdeh, qui sera également confronté au défi d’une installation en Syrie. On peut citer aussi le Groupe d’Action Nationale pour la Syrie de Ahmed Ramadan et Obeida Nahas, jadis proches de l’Association, qui connaîtra la même situation. On doit surtout mentionner le Courant Islamique Démocratique Indépendant en Syrie, qui est l’une des composantes importantes de la Déclaration de Damas et qui, créé dans le pays, dispose déjà de bases populaires sur le terrain, à Damas, Alep et Deïr al Zor en particulier. Ce Courant compte dans ses rangs des personnalités vieillissantes mais très respectées par les jeunes révolutionnaires syriens : le penseur Jawdat Saïd, apôtre de la non-violence, le syndicaliste Ghassan Al Najjar, l’avocat Haytham Al Maleh… Il compte également des personnalités directement en prise avec les jeunes Syriens, comme le Dr Yaser Al Eïti ou le professeur Ahmed Tomeh. Ces gens-là ne sont pas des ennemis des Frères. Mais, animés d’ambitions concurrentes légitimes, ils ne leur cèderont pas facilement le terrain qu’ils ont conquis et occupé en Syrie à leurs risques et périls – la majorité d’entre eux a connu la prison sous Bachar Al Assad – depuis des années.
Les Frères Musulmans, qui exercent dans leur immense majorité, non pas des activités liées au culte musulman mais des métiers profanes – médecin, avocat, ingénieur, architecte, professeur, commerçant, homme d’affaires… -, devront par ailleurs tenir compte des réticences éprouvées depuis toujours pour eux par l’appareil religieux sunnite, qui voit dans les Frères Musulmans, au mieux des contre-pouvoirs, au pire de dangereux perturbateurs. Les imâms, prédicateurs et autres chargés de cours dans les mosquées ne feront rien pour faciliter la tâche à ceux dont ils redoutent l’emprise sur leurs fidèles… qui sont aussi leur clientèle. Or ces hommes de religion, dont certains jouissent d’une réputation considérable et dont quelques uns se sont fait remarquer par leur courage dans la dénonciation de la répression – le cheykh Rajeh Krayyem, les frères Sariya et Ousama Al Rifa’i, le cheykh Mohammed Rateb Al Naboulsi, le cheykh Mohammed Abou al-Houda Yaqoubi… – constituent, à Damas, à Alep et dans les autres grandes villes une sorte de caste. Leurs divisions internes ne les empêcheront pas de se liguer, éventuellement de faire front commun contre la concurrence que représentent pour eux les Frères Musulmans.
Ceux-ci devront enfin procéder à un vaste travail de clarification sur les événements de ce qu’on appelle en Syrie les « années de sang ». Par leur attitude comme par leurs discours, ils devront convaincre l’ensemble de leurs compatriotes, au-delà de la seule communauté sunnite. Puisqu’ils portent une part de responsabilité dans les évènements du début des années 1980, il leur faudra solliciter le pardon de leurs compatriotes, victimes directes ou collatérales de leurs agissements, et renouveler leur engagement le plus ferme de se maintenir désormais quoi qu’il arrive à l’écart de toute violence. Bref, ils seront durant un certain temps sous observation.
Les Frères Musulmans un parti centriste
Interrogés sur le système qu’ils pourraient prendre pour modèle dans l’application de leur programme en Syrie, les Frères Musulmans mettent en avant la Turquie. Ce faisant, ils n’évoquent pas d’abord le programme de l’AKP, mais la « moralité » de son comportement. Ils considèrent en effet que ce ne sont pas les idées – politiques, économiques, sociales… – de ce parti qui lui valent depuis 2002 le suffrage des électeurs, mais, d’une part son positionnement sur un créneau « démocrate conservateur » qui correspond à la mentalité de la majorité de la population turque, et d’autre part une gestion des affaires publiques qui se caractérise globalement par le respect des règles démocratiques, la justice et la lutte contre la corruption. Selon eux, les électeurs turcs sont reconnaissants à l’AKP d’avoir mis au pas un appareil militaire dans lequel l’occident voyait d’abord un gardien du statu quo kémaliste, mais qui avait fini par symboliser pour les Turcs l’autoritarisme, la violation des Droits de l’Homme et la compromission de l’Etat avec les mafias. Selon les Frères, même taillé à la serpe, ce tableau devrait suffire à convaincre les observateurs occidentaux qu’il est inutile et peut-être contreproductif d’entretenir pour une population donnée des ambitions qui dépassent considérablement le niveau actuel de son évolution.
A titre d’illustration de ce principe pour la Syrie, on peut jeter un œil sur la liste rendue publique, le 29 août 2011, des 94 personnalités syriennes pressenties pour faire partie, si elles en étaient d’accord, d’un Conseil National de Transition (CNT)… dont les objectifs, il faut bien le dire, étaient aussi flous que les conditions de sélection de ses membres. Quoi qu’il en soit, on relève que, dans leur majorité, les personnalités figurant sur cette liste se situent au centre de l’échiquier politique, qui est aussi le créneau des Frères. Ceux-ci « obtiennent » 5 sièges sur les 94, ce qui donne une idée du poids politique qu’on leur attribue a priori en Syrie. On relève surtout que rares sont les personnalités retenues qui appartiennent aux partis ou à la mouvance nationaliste et/ou de gauche.
Cette liste reflète d’abord, évidemment, le positionnement de ses auteurs. Il est donc compréhensible, s’il s’agit d’hommes d’affaires comme on l’a dit, qu’ils aient tenu à l’écart les principales figures de la Coordination Nationale des Forces de Changement National Démocratique, et aient privilégié les dirigeants de la Déclaration de Damas pour le Changement national démocratique. La première est une coalition de formations ancrées à gauche, créée à Damas le dernier jour du mois de juin 2011. La seconde est une plateforme, créée 6 ans plus tôt, pour rééquilibrer vers le centre la scène politique syrienne. Quelles que soient leurs arrière-pensées, les inspirateurs ou les promoteurs de ce CNT n’auraient pu, au risque d’être désavoués par la rue, constituer une liste en complet décalage par rapport aux attentes des « révolutionnaires » et de la population. Or cette liste a été globalement bien accueillie. On peut y voir le signe que la population syrienne, dans l’état actuel de son évolution, se situe au centre, et qu’elle donne son accord au retour des Frères dans leur pays, comme l’une des composantes, mais comme l’une des composantes seulement, de la vie politique dans la Syrie post-Bachar Al Assad.
Un mot encore
Contrairement à ce que l’on imagine souvent, et contrairement à ce qu’on serait tenté de déduire des récentes déclarations de certains hauts responsables religieux chrétiens du Moyen-Orient, les Frères Musulmans ont des amis au sein de l’ensemble des communautés. Tous ne voient pas nécessairement dans les membres de l’Association en général, et dans chacun des Frères Musulmans en particulier, des parangons de démocratie. Ils ne leur épargnent pas à l’occasion leurs critiques. Mais ils ont en commun de considérer que la Syrie aurait plus à perdre qu’à gagner à exclure l’Association du nouveau jeu politique, auquel les Frères, qui n’ont ni les moyens, ni l’intention de « sauter sur le pouvoir », se disent prêts à participer en respectant les règles et les procédures d’une véritable démocratie. Ils ne regardent pas le prochain retour des Frères sur la scène politique syrienne avec une angoisse que justifieraient leurs erreurs passées. Mais ils s’interrogent sur la contribution que les Frères Musulmans peuvent apporter à la réappropriation de la politique par la population syrienne, maintenue durant quatre décennies à l’écart de toute décision en ce domaine, et au réveil d’une société civile abandonnée par le régime baathiste, durant la même période, à la surveillance tatillonne et brutale des moukhabarat, devenus avec le temps en Syrie le seul véritable « parti dirigeant de l’Etat et de la société ».
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Cette étude est une version développée de l’article intitulé « Les Frères musulmans syriens dans la révolution et dans la Syrie post-Bachar Al-Assad », publié dans le cadre d’un dossier spécial sur la Syrie par la revue Moyen-Orient, n° 12, octobre-décembre 2011. L’introduction, la première partie, le début de la seconde partie et la fin de la seconde partie ont précédemment été mises en ligne.
http://syrie.blog.lemonde.fr/